Un cadeau venu du ciel. Le tenant du titre, et désormais, l'un des seuls représentants post-grunge des contrées lointaines, et plus particulièrement, de l'immense territoire Africain. Desservant depuis ses premiers jours une rage unique en son genre par la présence d'un Shaun Morgan touchant et habité, il aura pourtant fallu attendre ce "
Karma and Effect" troisième album confirmatif du genre pour que le public accorde enfin à
Seether une reconnaissance digne de ce nom. Cela est pourtant loin d'être étonnant, chaque pays disposant d'une scène très riche (Canada par exemple) voire presque saturée où de nombreuses formations se partagent les projecteurs (Etats-Unis). De ce fait, il n'en est que plus difficile de discerner le ou les rejetons qui sortent réellement du lot dans le domaine du post-grunge.
Bref, un élan d'idées et de création qui les aura poussés à composer un troisième album décisif du nom de "
Karma and Effect" (ou bien "Catering to
Cowards" pour le nom originel) pour nous revenir en pleine forme à peine un an plus tard après la sortie du second opus de la série des "
Disclaimer". Poursuivant également le contrat avec
Wind-Up Records, sous la houlette du producteur Bob Marlette dont on ne nomme plus les succès auxquels il a pu participer et soutenu par le célèbre ingénieur du son et mixeur
Randy Staub (
Bon Jovi,
Metallica,
Nickelback) notamment récompensé par son travail sur deux gros tubes de
Nickelback ("How You Remind Me" et "Too Bad") -
Seether est bien décidé à s'accomplir musicalement avec cette nouvelle sortie.
Confronté aux trois premiers titres, on se rend bien compte que le quatuor sait exactement où il va. Les grosses guitares se font plus percutantes que ce qu'elles ne l'étaient auparavant tandis que le travail sur les mélodies a de nouveau été renforcé. La direction prise est désormais effective et pour tâcher d'être le plus juste et précis possible, le titre "Gasoline" (issu du précédent album) pourrait en effet s'avérer un axe de comparaison fort intéressant avec les morceaux suivants. Les gimmicks utilisés sur "Because of Me" étant plus ou moins dans la même lignée que celui-ci avec tout de même une attitude parfois un peu Creedienne (un scream ou un chant puissant qui emmène directement à un petit solo marquant et efficace). "
Remedy" - ça, c'est bien du
Seether ! Les grattes qui s'enflamment, un refrain possédé et accrocheur où Morgan délivre sa haine habituelle, un petit moment de repos mélancolique avant de reprendre de plus belle et donc, une identité reconnaissable entre milles. Troisième titre, troisième tube, et pas n'importe lequel. Imaginez-vous sur un ring de boxe et penser que chaque riff est un coup de poing dans le ventre. C'est à peu de choses près, l'envers du décor.
De même, qu'il est difficile de rester insensible aux parties les plus mélancoliques de l'album. En version accessible et donc plus classique, on peut évidemment évoquer la sympathique "The
Gift" qui est en fait un déroulé d'émotions rapides/efficaces et de rock mélodique avec ces guitares branchées en mode ballade, mais
Seether délivre, avec de nombreux autres titres, quelque chose de bien plus intense et travaillé. Quitte à rayer le disque en ré-écoutant mille fois la même piste, autant s'essayer sur l'unique "Diseased" : un air mélancolique très repérable, un chant envoûtant, un tempo lent et ravageur et les screams violents de Shaun Morgan qui viennent te transpercer les oreilles à des kilomètres à la ronde... Sensibles s'abstenir, "Tongue" n'est pas à court d'arguments non plus, les frissons s'invitant constamment par une force émotionnelle incroyable. Pour les quelques grands fanas du Seattle Sound qu'ils restent au milieu des 00' - on pourra aussi oser citer l'éponyme grunge de
Cold (datant de 1998) à l'écoute de l'ouverture et des couplets tristes, sombres et fragiles de "Given" où le style reste très proche de ce dernier artiste cité.
Aussi étrange que cela puisse paraître, la tracklist a beau contenir suffisamment de tubes pour accrocher l'auditeur, l'envie de revenir sur la pièce cachée "Kom Saam Met My" est plus forte que tout. L'ovni de cet opus dirait-on d'une autre façon, avec un registre, une patte radicalement opposée au reste. Ça rappelle même les vieux blues-man célèbres de soixante-dix ballets qui tentent de sortir leur quinzième opus avec les ressources et l'énergie qu'ils leur restent. Ou, comme si
Kurt Cobain avait lâché le grunge pour de la blues/country expérimentale kitch et dépareillée... avec trente ans de plus.
Si ce "
Karma and Effect" ne peut, pour le moment, être considéré comme une référence en matière de post-grunge, cet album l'est au moins pour la discographie de
Seether. Rien de tel que de grosses guitares bien lourdes et d'une identité vocale telle que celle de Shaun Morgan pour s'imposer comme une figure emblématique du nouveau mouvement alternatif.
PS: tu as mis 12 à l'album ?
Et malheureusement, c'est très souvent ce que l'on colle à la majeure partie des formations post-grunge... Comme tu le dis, les gens sont trop cons, mais c'est souvent gratuit et par mépris sur les genres qu'ils ne peuvent pas blairer.
Mais bon, aujourd'hui, pour être catalogué de cette façon, il suffit d'un duo sur une ballade avec une voix féminine et masculine et ça y est, c'est assez pour se faire coller des étiquettes absurdes.
Merci beaucoup!
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