C’est en novembre 1982, quelques mois après leur formation, que les jeunes Dirty
Rotten Imbeciles (dénommés comme cela par le père de l’un des membres) enregistrent et mettent sur le marché leur premier jet, le Dirty
Rotten EP, soit un ensemble de 22 titres pour moins de 18 minutes vendu pratiquement sous le manteau. Devant le succès rencontré, l’album est de nouveau pressé en mars en vinyle 12’ et rebaptisé au passage
Dirty Rotten LP. Enfin 1987, l’album est une nouvelle fois réédité, bénéficiant au passage d’un nouveau mixage, d’une nouvelle pochette plus metal, d’une distribution de Roadrunner sur le territoire européen, et enfin d’un enrichissement de deux morceaux inédits ressortis de derrières les fagots et des quatre titres du fameux EP
Violent Pacification de 1984, exactement dans le même esprit, constituant ainsi une galette de 28 titres pour 25 minutes.
Ce
Dirty Rotten LP, à la croisée entre les sphères hardcore/punk et metal, est l’une des premières passerelles entre les deux styles, sans occulter l’album éponyme de
Suicidal Tendencies (1983), précurseurs de ce croisement encore naissant à cette période. Mais le plus frappant reste l’extrême rapidité et la brutalité de l’opus qui, aux côtés de la fameuse démo-tape How Could Hardcore Be Any Worse d’Asocial (1982), n’ont encore aucun équivalent cette année là. Les rythmes sont parmi les plus furieux que l'on puisse trouver à l'époque, avec Eric Brecht à la batterie lâchant une série de passages très tapageurs, rythmes de folie perfectionnés quelques années plus tard chez
Siege,
Heresy ou
Genocide (
Repulsion), et baptisés blast-beats par le batteur de
Napalm Death, le maitre du mitraillage sur la caisse claire. En ces années 1983/84,
DRI est alors vite catalogué comme le groupe le plus rapide, et l’histoire veut également que le Stage Diving (monter sur scène), à ne pas confondre avec le Slam (nager sur les gens), soit né lors des concerts furieux du quatuor californien.
Dès le premier titre, l’excellent I Dont’t
Need Society, l’avalanche de riffs et de proto-blasts se met en place sur une vitesse hallucinante, sans compter le sacré débit des paroles de
Kurt Brecht, qui hurle autant qu’il chante. Sacrément Furieux, le
Dirty Rotten LP dégage ainsi une rage et une énergie débordantes, ses morceaux courts n’en étant que plus percutants, tandis que d’autres un peu plus longs, à l’image du culte
Sad To be, sont aujourd’hui de vrais classiques. Si la production reste un peu faible, tout le feeling et la violence qui se dégagent donnent toute la force à l’enregistrement, rappelant toute la colère et l’urgence renfermées dans le hardcore du moment, incontestablement le style de plus brutal de cette époque.
Album d’avant-garde en 1983, le
Dirty Rotten LP est une étape indispensable dans ce rapprochement entre scènes metal et hardcore/punk, plus loin dans la violence que l’incontournable Hear
Nothing des anglais de
Discharge paru une année auparavant. Aujourd’hui encore, ses invitations aux pogos et headbangs sont toujours de mise, et sa fraicheur toujours aussi salvatrice. Ce disque est aussi très emblématique de la scène hardcore de l’époque, période où la maîtrise musicale n’était pas la préoccupation première de ces formations, guidés avant tout par la vitesse et l’urgence, agrémentées d’une rage et d’une colère saines.
Fabien.
Un an auparavant les Bostoniens SS Decontrol sortait leur "The Kids Will Have Their Say" qui je pense a dû servir de terreau ( fertile) à nos amis Sales Pourris Imbéciles pour leur premier obus.
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