Tout le monde n’a pas les mêmes exigences.
Tout le monde ne cherche pas la même chose.
Tout le monde ne se foule pas pour créer ce que l’on pourrait appeler une forme d’art.
On connait leur talent. Il est évident et largement reconnu. Que ce soit dans des combos comme
Lyzanxia,
Scarve, Mmemic ou encore
Tank, les investigateurs de cette grande mascarade métallique sont bien connus, et c’est encore plus là que le bât blesse. Certes, ce serait mentir que d’affirmer que ce second essai de
One-Way Mirror était attendu pour coller une grande baffe en travers de la tronche de la scène metal moderne mais tout de même, lorsqu’on affiche Guillaume Bideau et les frères Potvin en éléments centraux, on est en droit de s’attendre à un résultat correct.
Le premier opus éponyme, sorti voici cinq ans, n’avait finalement pas déchainé durablement les passions. Présenté comme le nouveau all-star band français, l’album ne s’était pas énormément vendu et avait souffert d’une accessibilité si grande que l’on en faisait le tour en à peine une écoute et demi. Peu de richesses, peu de variations…mais du gros son, des refrains en chant clair très catchy et surtout une blinde d’effets numériques, de vocodeur et d’auto-tune dans les vocaux de Guillaume qui nous avait habitué à plus percutant du temps d’"Irradiant". Néanmoins, le nom de
One-Way Mirror s’était répandu et c’est aujourd’hui, avec une certaine attente, qu’un second opus appelé "Destructive by Nature" s’apprête à fouler les bacs.
Globalement, peu de changements sont à prévoir. La production est globalement similaire, l’instrumentation poursuit dans la droite lignée de l’essai précédent et on retrouve cette même recette à base de chant saturé sur les couplets et de chant clean pour les refrains, dans la pure veine américaine des groupes de néo-metal ou de metalcore comme on en fait à la pelle aujourd’hui, trop nombreux pour les citer mais dont chaque auditeur connait au moins plusieurs spécimens dans un recoin isolé de sa mémoire.
Difficile de sortir des morceaux du lot tant ils sont tous structurés autour d’une architecture analogue, ressemblant bien plus à un puits sans fond qu’aux travées de l’olympe. "One Way-Mirror" se veut être une introduction très courte et presque dansante de quelques secondes avant l’ouverture de "Face to Face" qui laisse d’emblée exploser les velléités des français. La production est énorme mais boursouflée de toutes parts, saturée de basse, d’effets, de cassures et d’effets vaguement industrialo-electronico-moderne. Le refrain est toutefois très réussi dans son genre, puisqu’on se surprend à le retenir dès la première fois, et à vouloir le chantonner dès la deuxième fois. Guillaume reste un chanteur remarquable, extrêmement explosif mais manquant cruellement de l’impact émotionnel d’un Bjorn
Strid par exemple concernant les refrains. Techniquement, la prestation est carré, voir cubique, mais très peu complexe. Les mélodies sont très simples d’accès, la basse rythmique martèle pour conférer une certaine agressivité à l’ensemble mais le son est si ambiancé et dénué de naturel que la force de frappe s’en retrouve inexorablement atténuée.
"Wasted Years" forme, selon Guillaume sur scène, l’anti-ballade par excellence et il vrai que la première partie du morceau est clairement violent et direct. Mais à aucun moment,
One-Way Mirror ne sort de ses schémas « bidons » pour proposer autre chose qu’un chant clair sur le refrain et vice-versa. Jamais ils ne surprennent, prennent un risque même minuscule. Les morceaux se ressemblent tous les uns les autres, mis à part parfois une tonalité plus agressive ou plus mélodique, plus lourde ou plus légère mais les frères Potvin ne varient pas assez leur jeu de guitare pour réellement provoquer des contrastes vraiment saisissants. On ne peut s’empêcher de s’ennuyer à l’écoute d’un album aussi standardisé, surproduit et dont la promotion sera infernale mais qui, finalement, est tellement interchangeable et lambda qu’il en devient inintéressant. "Straight into the Wall" revient au milieu des années 90 quand
Korn et
Machine Head étaient encore les rois du monde (bien que
Machine Head, s’il a bien changé, reste toujours le prince d’une scène qu’il représente à bout de bras), avec ce chant clair en retrait, les riffs aigre-doux à la "
The Burning Red" et les cassures rythmiques bien souvent provoquées par des interventions vocales plus appuyées (ici un passage presque narratif malgré tout vain, évoquant un peu le vieux
Linkin Park).
"Made in
Vain" se veut encore plus mélodique, et son intro à la guitare lead mélodique laisse augurer du meilleur, mais Guillaume nous ressort malheureusement encore une fois la même formule de la power ballad moderne ultra éculée et usée jusqu’au moignon. Que dire de plus ?
One-Way Mirror utilise encore et encore les mêmes ficelles mais ne surprend à aucun moment. Un sentiment de travail réalisé à la va-vite, sans passion ni âme, ressort énormément de ce "Destructive by Nature" à la saveur aussi plate qu’une glace à l’eau Eco+. Le groupe ne semble avoir fait aucun effort commun, aucune véritable volonté de proposer quelque chose de vraiment convaincant. Le fait que l’ensemble ait été composé en deux petites semaines n’est probablement pas anodin à l’écoute du résultat final.
Néanmoins, il est certain que des auditeurs se retrouveront dans ce genre d’opus simples et aucunement prise de tête. Cependant, des personnes un peu plus exigeant, avec une envie de recherche ou simplement qu’on ne leur propose pas constamment la même soupe populaire, risque de ne pas être de la fête. Et lorsqu’on écoute le nouveau Mmemic qui prend exactement la même voix artistique, on se demande bien vers quel avenir va cette scène…
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire