Auteur d’un mini-LP de haut niveau suivi de deux albums destructeurs,
Gorgasm se hisse durant sa première partie de carrière parmi l’élite du brutaldeath US, dans le cercle restreint des groupes extrêmes à forte personnalité, aux côtés de
Suffocation ou
Disgorge (US). Officiellement dissoute en 2008, la bande emmenée par Damian Leski reprend du service au printemps 2010, pour revenir l'année suivante avec un
Orgy of Murder de bonne facture, sans toutefois retrouver l'intensité ni la saveur de ses premiers albums.
Au line-up inchangé depuis son retour, fort d’une série de concerts décoiffant l’Europe aux côtés du maître européen
Defeated Sanity,
Gorgasm revient en cet été 2014 avec son quatrième album baptisé
Destined to Violate, sous couverture de l’écurie californienne New Standard
Elite encore spécialisée en brutaldeath plutôt générique, s’octroyant ainsi une recrue de premier choix avec l’ajout de notre quatuor de Lafayette.
Si l’illustration d’
Orgy of Murder signée par Tony Koehl était très second degré,
Gorgasm revient sur
Destined to Violate à un dessin plus réaliste et définitivement sinistre de Jon Zig, mettant en scène un gamin témoin des agissements macabre d'un tueur en série, inspiré du film américain '
Chained' paru en
2012. Musicalement, le groupe adresse aussi un clin d’oeil dirigé vers sa première partie de carrière, intégrant non seulement l’efficace morceau Corpsified issu de sa première demo-tape de 1996, mais réenregistrant aussi les deux excellents titres de son CD promotionnel de 2006 (l’éponyme et
Visceral Discharge), étrangement écartés du répertoire du précédent album.
Issus du même film '
Chained' que l'illustration, les samples courts & morbides de Starved for
Perversion, CarniWhore ou
Sadistic Bliss plantent d’entrée le décor, tandis que
Gorgasm montre son aisance à instaurer le même climat avec ses guitares, une violence de tout instant, un brutaldeath identifiable dès les premiers accords. Avec une sacrée technique, une précision désarmante et une vitesse d’exécution démentielle, notre quatuor se situe bien souvent à la limite de la tendinite, tout en maîtrisant impeccablement son sujet par un changement insolent des tempi et une variation des riffs tout aussi diabolique, parfois proche de la mélodie le temps de quelques secondes, pour un rebond vicieux sur une circulaire déchirante aux guitares. Les juxtapositions et superpositions des six cordes du tandem Leski / Saylor, le jeu à trois voix des growlers Voight / Leski / Christman, sont aussi ces atouts habilement exploités par le quatuor, témoins d’une mise en place directe en apparence mais savamment réfléchie.
Contrairement à une majorité de formations brutaldeath sans personnalité, grugeant l’auditeur à coups de retouches interminables en studio,
Gorgasm lâche un nouvel album authentique et spontané, un recueil macabre de mini-films monstrueux idéalement mis en musique. L’efficacité des riffs, les rythmiques endiablées, les échanges à trois voix, l’ambiance malsaine et cette violence frontale, sont autant d’armes imparables dans les mains de
Gorgasm, n'ayant décidément rien laissé au hasard en cette année 2014, à l’instar de
Prostitute Disfigurement et
Posthumous Blasphemer. Impressionnant !
Fabien.
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