Liste des groupes Metal Symphonique Elusion Desert of Enticement

Venu grossir les rangs d'un registre metal symphonique à chant féminin investi par moult formations de tous poils, ce jeune quartet belge fondé en 2015 par le guitariste, vocaliste et arrangeur Domingo Smets (ex-Ancient Rites, ex-Gracefallen, ex-Perephone's Blade), assisté par la frontwoman au timbre chatoyant Evy Verbruggen s'est laissé le temps de la maturité pour accoucher, un an plus plus tard, de leur premier bébé :« Desert of Enticement », laconique EP 3 titres aussi percutants qu'invasifs. Pour ce faire, le duo a fait appel à deux connaissances de Domingo, à savoir, le bassiste Kristof Degreef et le batteur Frederik Van Meghem (tous deux ex-Gracefallen, ex-Persphone's Blade) pour nous livrer 13 minutes d'un power symphonique infiltrant, à tendance folk, la sarabande s'étant dotée d'armes techniques et mélodiques plutôt efficaces. Avec humilité et détermination, cet équipage s'est donc lancé à l'abordage, prêt à nous cueillir...

Le découpage de l'opus s'est opéré en deux phases, selon le versant stylistique (power ou folk) choisi. C'est sur des chapeaux de roue que le groupe vient à notre rencontre, commençant les hostilités par son hit typé sympho. Ainsi, des arrangements nightwishiens inondent le rutilant et dévastateur « The Serpentine Trail », titre power sympho à mi-chemin entre Gwyllion et Ancient Bards, où abondent de saisissants gimmicks à la lead guitare opportunément entrecoupés de gammes effilées au piano. De cette captatrice et intarissable tourmente instrumentale investie par un tapping martelant et des riffs émoussés émerge une sirène aux puissantes inflexions calées dans les médiums, contribuant à encenser de sculpturaux et souriants couplets et plus encore de magnétiques refrains. Cette entraînante plage susceptible de figurer dans les charts nous pousse à la suivre jusqu'à son terme, jusqu'à l'ivresse...

Dans un second temps, l'orientation folk apparaît bien plus présente, et ce, selon deux regards complémentaires. D'une part, dispensant une envoûtante ambiance orientalisante, à l'instar de « Desert of Enticement », énigmatique et vrombissant titre éponyme non sans rappeler en partie l'atmosphère de « The Divine Conspiracy » d'Epica, avec quelques touches d'After Forever, le collectif parvient à nous tenir en haleine jusqu'au terme de notre parcours auditif. Au cours de notre traversée du désert, un brûlant vent de sable se lève, les riffs se resserrent et, par ses volutes aériennes et ondulatoires, la déesse prenant de faux airs de Floor Jansen séduit. Et la sauce prend... D'autre part, l'engageant effort prog sympho aux accents folk celtique « Facade » nous percute de plein fouet, une fois la soyeuse entame oralisée passée. Aussi, dans la veine de Lyriel avec un zeste de Leaves' Eyes eu égard aux harmoniques délivrées et quelques touches de Blackmore's Night, on entre prestement dans la danse de cette joviale pièce pour ne plus en sortir. Une dynamique rythmique progressive se met en place, corroborée à une sente mélodique enjouée et aux fines nuances, propices à la totale captation de nos sens, et ce, même si les chapelets de notes livrés tendraient à la répétibilité.

Pour une entrée en matière, l'audacieux combo a fait preuve d'habileté dans l'écriture de ses portées, d'une certaine aisance dans sa technicité, au demeurant non ostentatoire, et d'une inspiration mélodique de tous les instants dans chacune de ses compositions. De plus, l'ingénierie du son dans son ensemble a été passée au peigne fin, la menue rondelle nous offrant une belle profondeur de champ acoustique et peu de notes résiduelles. Aussi, tant le confort auditif octroyé que l'accessibilité du propos permettent de suivre le fil de l'aventure sans encombres et avec intérêt. Si l'on apprécie l'heureuse combinaison de styles, davantage de diversité atmosphérique et rythmique n'auraient nullement nui à un message musical fort et bien habité. On subodore qu'un album full length permettra à nos acolytes de se livrer plus totalement qu'ils ne l'ont fait jusqu'alors. Affaire à suivre donc...