Departure

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17/20
Nom du groupe Forest Of Shadows
Nom de l'album Departure
Type Album
Date de parution 17 Novembre 2004
Style MusicalDoom Metal
Membres possèdant cet album42

Tracklist

1. Sleeping Death 16:57
2. November Dream 10:44
3. Bleak Dormition 05:20
4. Open Wound 13:55
5. Departure 14:19
Total Playing Time 01:01:15

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Forest Of Shadows


Chronique @ Vinterdrom

23 Novembre 2010
Niclas Frohagen n’est pas à proprement parler un joyeux drille. Comment pourrait-il l’être d’ailleurs, lui dont la sensibilité se tisse dans la fibre du doom / death désabusé des premiers Katatonia, lui qui fut co-auteur du tragique "Where Dreams Turn to Dust", un opus remarquable d'une mélancolie poignante et meurtrissante.
… Et dire que ce n'était qu'un aperçu …
Désormais seule âme hantant la Forêt Des Ombres depuis le départ de Micce Andersson, le suédois s'est fermement replié sur lui-même. En proie à une période extrêmement trouble de sa vie, il a clairement touché le fond, se raccrochant à sa musique pour éviter de céder à l'abattement, de celui qui pousse à lâcher prise pour sombrer dans les abysses. Son art comme exutoire à ses maux, accouchant douloureusement d'une œuvre au combien intimiste … "Departure", son manifeste d'une souffrance abominable.

Personnel, cet album l'est assurément, au point d'être parfois ostensiblement boudé. Original, il l'est aussi, au point d'être parfois misérablement rejeté. Bien plus que de subtilement y insuffler une part de lui-même, Frohagen y a littéralement mis toutes ses tripes bilieuses et tout son cœur battant d'amertume, allant même jusqu'à puiser son inspiration à des sources hors de la sphère metal pour parvenir à exprimer pleinement son malaise.
Ainsi, l'orientation électronique de la démesurée ouverture de "Sleeping Death" a de quoi rebuter le plus traditionnaliste des doomers, qui filera vite fait vers des terres plus organiques. Et pourtant, c'est peu dire qu'elle s'accorde à merveille au psychisme neurasthénique de son compositeur, faisant plus que fortement déteindre sur ce morceau en particulier et sur l'album en général. Elle administre d'entrée un venin hautement carcinogène, ce même venin mortel qui empoisonne le très sombre et glacial "Mezzanine", conçu par les trip-hopeux bristoliens de Massive Attack à une époque douloureuse de leur existence, … eux aussi. Le parallèle est saisissant et d'évidence, "Sleeping Death" reprend les notes de piano éparses de "Teardrop", aux résonances graves et troublantes, réenclenche les ressorts rythmiques de "Angel", sa construction évolutive sur fond de percussions au hachoir de plus en plus insistantes au fur et à mesure que se densifie la grisaille poisseuse. Frohagen y appose sa marque en étirant au maximum les patterns pour s'engluer encore plus dans cette grisaille tournant au noir pétrole, accompagnant la noyade d'arpèges acoustiques sournois nous y plongeant toujours plus profondément … avant de brusquement se mettre à nous broyer de riffs d'une lourdeur monstrueuse : le second mouvement de "Sleeping Death" ravive la lancinance du Shape Of Despair des débuts, dont Frohagen s'est avidement nourri, lui ôtant au passage la teneur éthérée pour n'en conserver qu'une angoisse dévorante, troquant l'hypnotisme planant et cotonneux contre le tranchant froid et assassin de la lame de rasoir.
Enchâssée dans ces nouvelles influences, la fibre katatonienne ne s'est pas pour autant estompée de la musique de Forest Of Shadows. Elle subsiste notamment dans le troisième mouvement de "Sleeping Death" où l'on retrouve cette manière de ciseler des mélodies simples mais à la teneur émotionnelle orgiaque, le choix des notes justes sans tomber dans la technicité démonstrative. Elle persiste comme la désillusion continue de flouter la vision de Frohagen sur le monde qui l'entoure, un monde où tout semble s'écrouler, un monde où tout sourire semble dégouliner comme une mauvaise (dé)confiture, un monde duquel il se sent étranger … A l'instar de son chant qui se trouve éloigné dans le mix, dans un rapport de distanciation accentuant la morosité de son timbre clair dénué de toute pleurnicherie mielleuse, décuplant la rage intestine de ses growls déchirants… La voix d'un supplicié constamment à la limite de la rupture sous le joug de ses tourments internes, tour à tour fredonnant et fulminant des paroles qui peuvent certes paraître cliché, demeurent néanmoins chargées d'une tristesse parfaitement sincère.

Sincérité, tel est le maître-mot à retenir de ce dantesque "Sleeping Death" qui s'impose comme une pièce singulière autant qu'audacieuse, à l'image du reste de l'album où s'allonge le passage du temps tandis que s'accroît un mal-être gagnant en intensité par les contrastes exacerbés de "November Dream" et "Open Wound". Deux monuments s'ouvrant à quelques séquences plus délicates et épurées, dignes du rock atmosphérique de l'Anathema post-"Alternative 4" où l'on sent parfois renaître l'embryon d'une lueur d'espoir … Autant de chimères bien vite anéanties par l'impitoyable réplique de la masse doom huileuse, ses miasmes cafardeux, ses mesures assenées sans aucune pitié, enserrant le thorax déjà bien alourdi d'un terrible chagrin.

Le rêve est beau, mais le retour à la réalité fait mal. Tenter de remonter pour finir par s'écraser encore plus bas, encore plus durement, pour voir se raviver des blessures ne cessant de sourdre une peine découlant des pires afflictions, de celles desquelles naissent les œuvres les plus intenses, les plus vraies, celles forgées de cette authenticité dégageant un parfum d'intemporel, … mais aussi les plus splendides.
Tel est le constat devant lequel me pose ce "Departure", car oui, malgré son insistant et contagieux pessimisme, il y a bien de la splendeur dans cette littérale mise à nu musicale … La splendeur des instants de félicité auxquels Frohagen aspire et que l’on entrevoit au travers du voile pourri de l'écœurement, comme cet air de flûte apparaissant sur "Bleak Dormition" et délinéant un havre de sérénité, encore vague et lointain … inaccessible ? … Des horizons cléments vers lesquelles Frohagen semble s'élancer sur le final étonnamment véloce du morceau-titre … avant de s'arrêter net sur des notes de piano énigmatiques : spleen éternel ou délivrance enfin matérialisée ?
… Il aura fallu patienter quatre longues années pour trouver la réponse …

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Paindepice - 12 Janvier 2011: Tiens j'avais pas vu cette chronique (excellente d'ailleurs).
J'adore ce groupe, ou du moins j'adore cette album. Probablement un des meilleurs qu'il m'ai été donné d'écouter. Ce contraste claire/sombre, mélancolique/lourd est géniale.
Par contre, le peu que j'ai écouté du dernier ne m'avais bien moins plus.
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Chronique @ Nattskog

12 Novembre 2004
Le doom peut revêtir plus d’un visage. Forest of Shadows nous le montre en tout cas, avec ce superbe album d’un doom très varié, à la fois beau et glaçant. Original en tout cas, car il parvient à sortir des sentiers battus par moult groupes comme Until Death Overtakes Me, Tyranny, ou encore My Shameful.
Après cinq démos et un mini CD, le groupe sort « Departure », le premier véritable album. Officiant dans un style qui se situe entre Anathema (période rock) et Shape of Despair, Forest of Shadows mélange avec habileté les deux tendances pour donner un résultat déprimant, inattendu, mêlant parties très accessibles au commun des mortels grâce au chant clair, aux guitares pas trop "metal", et à la rythmique calme et apaisante à des parties beaucoup plus froides, franchement sublimes pour la plupart, où le chant doom est soutenu par une double grosse caisse plus ou moins rapide, par des nappes de claviers atmosphériques à glacer le sang des auditeurs non-avertis (ceux qui aimeront les parties "rock" par exemple).
Au niveau de l’instrumentation, le groupe utilise les instruments classiques des deux influences vues au dessus, c’est à dire guitares, batterie pour les plus classiques, et il ajoute à cela piano, violons, et claviers atmo bien entendu.

Musicalement, c’est assez génial ! Il est rare de trouver des groupes pouvant aussi bien passer d’une sorte de rock mélancolique à une musique des plus sombres sans même que la transition soit douloureuse ou brutale. Si les parties pur doom sont attendues quand elles commencent à arriver, on ne peut pas penser que l’intensité sera telle…
Les ambiances, généralement "dépressives soft" (genre Anathema), peuvent très rapidement tourner à la catastrophe, vraiment terrifiantes par moment, sans que l’on se rende compte d’un réel changement… Une petite tension qui monte un peu, et c’est tout ce qui annonce le pire, l’ultime doom dépassant l’entendement, une ambiance des plus glaciales, qui s’intensifie au contact du rock qui précède le déluge !
A noter que les titres sont très longs, comme tous titres de doom qui se respectent, ils dépassent presque tous les dix minutes, sauf «Bleak Dormition » qui ne dure que cinq minutes vingt.
Voilà, je n’en dirai pas plus. Le groupe fait partie des fous que signe Firebox chez sa nouvelle sous division, Firedoom, qui commence très bien sa série !

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Paindepice - 18 Juin 2009: Excellent album! J'adore vraiment se mélange doux/dure.
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