Dear Insanity

ajouter les paroles de l'album
ajouter une chronique/commentaire
Ajouter un fichier audio
17/20
Nom du groupe Eye Of Solitude
Nom de l'album Dear Insanity
Type EP
Date de parution 24 Novembre 2014
Style MusicalDoom Death
Membres possèdant cet album13

Tracklist

1.
 Dear Insanity
 49:43

Durée totale : 49:43

Acheter cet album

 $299.00  33,99 €  23,50 €  £34.62  $34.49  36,90 €  36,90 €
Spirit of Metal est soutenu par ses lecteurs. Quand vous achetez via nos liens commerciaux, le site peut gagner une commission

Eye Of Solitude


Chronique @ Icare

11 Décembre 2014

Dear Insanity touche du doigt le sublime et s’imposera comme un must have à l'intensité émotionnelle rare

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Eye of Solitude s’est déjà fait remarquer en à peine 4 ans d’existence. Depuis la formation du groupe en 2010, les Anglais ont déjà sorti pas moins de trois opus dans un registre doom death d’une qualité et d’une sincérité à toutes épreuves. Autant dire que les poulains de Kaotoxin sont déjà reconnus dans le monde du doom et que chacune de leur sortie est désormais attendue de pied ferme par une horde de chevelus dépressifs.

Pour cet EP, les Londoniens ont fait un pari risqué puisque Dear Insanity n’est composé que d’une seule et unique piste de 49 minutes. Autant le dire tout de suite, ceux qui avaient aimé l’ajout de parties death sur Canto III risquent de faire la grimace, mais ceux qui apprécient surtout le coté plus atmosphérique et lancinant du groupe vont être aux anges : exit les blasts, ici, on est dans le doom funéraire à tendances ambiant à la Shape of Despair.


L’opus commence tout en douceur sur un ambiant éthéré et planant tout en claviers diffus, ponctué de cris de souffrance certes effrayants mais lointains, comme dilués dans cette sérénité sonore, sorte d‘incarnation de la frontière spirituelle entre le ciel, superbe, infini et paisible, et la finitude terrestre dans toute son abominable décadence. On barbotte comme dans une matrice à travers ce cosmos de sons, mais dès 7,55 minutes, les hurlements s’amplifient, toujours plus proches et menaçants, comme si la folie des hommes montait à l’assaut de la voûte céleste, et dès 8,21 minutes, c’est la chute vers l’abîme, avec ce growl à l’épaisseur impressionnante et ces guitares telluriques et grondantes qui nous précipitent vers les profondeurs.

Le réveil est brutal, le son presque trop fort par rapport à la douceur lénifiante du début, ce growl extrêmement puissant, gras et inhumain à la Greg Chandler imposant avec la lenteur morbide des guitares une lourdeur de fin du monde typique du doom funéraire, qui vient nous enterrer six pieds sous terre.
Ceci dit, Dear Insanity n’est pas vraiment violent, ce n’est que l’émanation d’une solitude triste qui nous envoûte par sa beauté simple et touchante. Les six cordes tissent bientôt une toile mélodique entêtante, imprimant un leitmotiv maudit à la mélancolie contagieuse qui illumine ce mur du son massif, imprimant sa dépression addictive sur de longues et torturantes minutes, et le growl de Daniel Neagoe, particulièrement caverneux, d’une profondeur monstrueuse, raisonne plus comme la plainte déchirante d’une créature sensible pleurant la détresse de son exil du monde humain que comme un cri de haine ou de rage.
Ces 49 minutes jouent allègrement avec les émotions, résignation, tristesse et mélancolie, tantôt placides, avec ces passages ambiants portés par les nappes hypnotiques des claviers et ces arpèges lancinants, tantôt plus tourmentées dans les passages plus typiquement doom, toujours d’une lenteur et d’une pesanteur majestueuses.

Vers 22,15 minutes, c’est un long passage à la mélancolie dépouillée qui vient nous souffler à l’oreille les notes aigrelettes de ce piano un rien désaccordé, nous enveloppant d’un spleen langoureux. Une voix claire, grave et désabusée, entre chant gothique et chuchotements fantômes, nous parvenant comme par le prisme lointain de longues années poussiéreuses, nous susurre une complainte aux doux relents nostalgiques sur laquelle plane l’ombre du regret, des siècles et de l’oubli. Le temps semble se suspendre, et on flotte au milieu de nul part, bercé par cette mélodie qui nous apaise autant qu’elle nous meurtrit l’âme.
Ce passage est peut-être un peu longuet, manquant d’une certaine intensité, se plaisant à nous maintenir dans cet état de vague-à-l’âme doux-amer, mais c’est pour mieux nous préparer à la seconde charge doomesque qui nous terrasse encore une fois avec une puissance subtile. Calme avant et après la tempête que l’on retrouve dès 36 minutes avec cette ligne de piano à la sensibilité touchante, sur laquelle s’invite une six corde inspirée insufflant ses notes paisibles et sensuelles avant que le titre ne reparte en apothéose, chavirant nos sens, fusionnant Styx et éther , la lourdeur apocalyptique du metal épousant les plaintes vibrantes d’une guitare électrique en état de grâce en un acmé émotionnel à foutre des frissons .

Lors de la dernière minute, les riffs se font un peu plus saccadés, le rythme un peu plus rapide, comme pour marquer un retour à la vie après cette longue épopée hors du temps, les pieds enracinés au plus profond de la terre et la tête dans les étoiles, et cette chère insanité vient expirer sur cette même ligne de piano à la beauté fragile.


Vous l’aurez compris, si Canto III flirtait déjà avec l’excellence, Dear Insanity touche du doigt le sublime et s’imposera comme un must have à l’intensité émotionnelle rare à tous les amateurs de musique lente, puissante et sensible. Osons désormais le dire sans crainte : Eye of Solitude est un grand groupe, et, en ce qui me concerne, peu de concurrents sont capables de lui faire de l’ombre sur la scène doom extrême actuelle...

5 Commentaires

8 J'aime

Partager

Nomercy76 - 11 Décembre 2014: c'est une merveille c'est sûre ! les 500 premiers seront servis et pas de second pressage prévu ( dixit le site de kaotoxin ). Alors dépêchez-vous ! Merci pour la chronique super construite et détaillé !
HeadCrush - 12 Décembre 2014: Un grand merci pour cette chro que je découvre ce matin alors que, dans ma voiture en venant au boulot j'écoutais Ghost Bath et leur album Funeral dans un esprit sans doute proche. J'aime beaucoup ce que fait Eye of Solitude, puissent ils continuer à suivre leur voie.
nightswan - 20 Décembre 2014: Franchement déçu par cet album (enfin EP, mais vu la longueur). J'ai découvert le groupe sur le tard avec Canto III et pris dans la foulée Sui Caedere, 2 albums que j'apprécie énormément en attendant que Shape of Despair daigne sortir le successeur d'Illusions Play. Ici, on s'ennuie ferme, pas vraiment d'émotions véhiculées contrairement aux 2 précédents, aucune surprise, aucun frisson. J'aime ce que fait Daniel Neagoe et j'ai largement préféré ce qu'il vient de faire avec CLOUDS et COLOSUS.
Reverend - 25 Décembre 2014: Déçu aussi, cet ep est juste soporifique malgré la volonté d'instaurer une certaine ambiance, il est difficile d'aller jusqu'au bout
    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire