Les différentes évolutions que dût subir le Heavy
Metal traditionnel au cours de ces diverses décennies écoulées, changèrent profondément son visage sans, toutefois, dénaturer ses caractéristiques les plus fondatrices. Si cette mutation se fit très naturellement à l’ombre de ce temps qui s’écoule paisiblement durant les années 70 et 80 ; le terrible soubresaut qui le secoua, au début des années 90, par l’intermédiaire des britannique de
Judas Priest et de leur Painkiller, remarquable mélange de Heavy/Thrash très véhément, marque la naissance d’une ère nouvelle dans laquelle l’agressivité demeurais prégnante.
Le temps passé, les anglais de Birmingham, comparses de Rob
Halford, ne savent plus, aujourd’hui, que faire pour se libérer de ce carcan qu’ils ont eux-mêmes créer, se retrouvant donc ainsi emprisonnés dans les exigences de ce nouvel auditoire qui attends invariablement des réédites de Painkiller. Nombres de groupe, à force d’œuvres pas toujours très talentueuses mais toujours très inspirés par les anglais, finirent par tarir cette source et par lui redonner ce terne vernis de traditionalisme qu’il portait au début des années 90. Si ce traditionalisme là est différent de celui d’autrefois, il garde avec lui un terrible point commun : sans talent, il ennuie. Ainsi au rang de ces copistes peut-on évoquer les italiens de
Centurion, les brésiliens de
Tribuzy ou encore les américains de Cage. Formé en 1992, ces derniers sortent deux albums sur lesquels les influences de la scène Heavy britanniques sont indéniables,
Unveiled (1999) et
Astrology (2000), avant de revenir, en cette année 2003, avec ce
Darker Than Black.
Parler de terres créatives inconnues en évoquant cette œuvre, serait un non-sens tant celui-ci s’inscrit dans l’étroite continuité normale de son prédécesseur. Effectivement ici encore le propos est celui de cette filiation évidente avec
Judas Priest. Et dès l’entame d’un excellent
Kill The
Devil l’auditoire n’est assurément pas induit en erreur. Belliqueux et vindicatif, ce titre donne à entendre une musique aux guitares efficaces et acérées, aux rythmes suffisamment varié et aux vociférations suraigües de ces chants aux similitudes avec le
Metal God, parfois, troublantes. Quoiqu’il en soit ce titre, ainsi que certains autres, Chupacabra dont les couplets ressemblent à s’y méprendre à ceux du titre Painkiller,
Blood Of The Innocent et son très bon refrain,
Eyes Of The
Obsidian ou encore, par exemple,
Philadelphia Experiment ; demeurent plaisants.
Notons aussi que si les ressemblances de ces chants, avec ceux de son homologue anglais, apparaissent souvent comme saisissantes, Sean Peck aura le discernement de tenter, tout de même, quelques peu, de s’en éloigner en des cris plus âpres et écorchés aux intonations, proche, parfois de ces musiques extrêmes telles que le Black (
Kill the
Devil, Chupacabra,
Secrets of
Fatima…).
Pourtant malgré ces qualités indiscutables, ce Heavy racé et surpuissant manque, parfois, de nuances suffisantes pour éveiller l’intérêt attentif qui accompagne ces évolutions notoires. Ici rien de neuf, et au delà d’un certain point de non retour, s’installe une certaine lassitude dommageable pour l’œuvre ne remettant aucunement en cause le talent de ces musiciens. Le constat pourrait apparaitre comme outrancier, et il l’est assurément, cependant nul ne pourra véritablement nier que l’indigestion qui résulte de cette musique excessive est un fait. Et ce d’autant plus que l’œuvre, fort de ces 12 titres, est bien trop longue et bien trop inégale. En effet si les titres déjà évoqués apportent leurs enthousiasmes séduisants, d’autres sont bien plus anecdotiques (
Wings of
Destruction, Chupacabra (Spanish Version), Door The Unknown, ou encore, par exemple White Magic). Ces morceaux ont le désavantage fâcheux d’alourdir l’œuvre et de lui conférer un aspect monolithique qui finit par devenir embarrassant.
Darker Than Black demeure donc, malgré tout, un bon album de Heavy
Metal qui aurait assurément gagné en efficacité et en cohérence avec quelques titres dispensables en moins.
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