Message a été reçu par l'expérimenté collectif brésilien de revenir dans les rangs muni d'un album full length ! Connu pour espacer les dates de ses sorties, le prudent quintet sud-américain n'aura pas dérogé à sa règle. Aussi nous fera-t-il patienter quelque cinq années suite à la sortie son seyant et magnétique EP, «
Inner Dark », avant de dévoiler son second album de longue durée, «
Dark Dogma Embrace », signé, lui, chez le puissant label italien WormHoleDeath. Indice révélateur d'une sérieuse envie d'en découdre de la part de nos cinq gladiateurs dans cette arène metal peuplée de nombreux et redoutables opposants ! Ce qui ne signifie nullement que la troupe soit restée dans l'ombre ce laps de temps durant, loin s'en faut, cette dernière nous octroyant la bagatelle de six singles, dont trois («
Circle of Mistakes »,
Decadent Feeling » et «
Wish You the Same but Worse ») intégrés parmi les dix compositions que compte la galette. Ce faisant, les 41 minutes du ruban auditif de la rondelle lui autoriseront-elles, enfin, l'accès au rang de valeur montante du si couru registre metal symphonique à chant mixte en voix de contraste ?
Dans cette perspective, le line-up a subi quelques remaniements. Se trouvent alors conjugués les talents de : Bruna Rocha, mezzo-soprano dont la gracile empreinte vocale pourra rappeler celle de Stephanie ''Luzzy'' Meier (feu
Atargatis, ex-
Darkwell) ; Thiago Contrera aux growls et à la guitare ; Themys Barros à la guitare ; Diego Pirozzi (Handsaw, ex-
Killrape), en remplacement d' Emerson Mördien (Les Mémoires
Fall, Paranoid
Existence...), à la basse ; Nacife Jr, se substituant à
Hugo Bhering (ex-
Forceps), à la batterie.
Restés partiellement fidèles à leurs aspirations premières, nos acolytes nous immergent dorénavant dans un environnement metal symphonique gothique plutôt engageant, parfois énigmatique, moins complexe et un brin plus organique que naguère, dans la veine coalisée de
Nightwish,
Xandria, Anabanta,
Tristania et
Darkwell, la petite touche personnelle en prime. Comme il nous y a déjà accoutumés, le combo a peaufiné sa production d'ensemble : enregistré, mixé et mastérisé au Tellus Studio, à
Rio de Janeiro – terre de naissance du groupe –, le méfait bénéficie d'un enregistrement de bonne facture doublé d'une saisissante profondeur de champ acoustique. Est-ce à dire que ce nouvel astronef nous ferait entrer dans une tout autre dimension ?
C'est à la lueur des plus abrasives de ses offrandes que le collectif brésilien marquera ses premiers points, et non des moindres. Ce que révèle, tout d'abord, « Hall of Mirrors », mid/up tempo aux riffs acérés adossés à une frondeuse rythmique, au carrefour entre
Tristania et
Nightwish ; Pourvu de couplets bien customisés relayés chacun d'un entêtant refrain, alors mis en habits de lumière par les claires inflexions de la déesse, auxquelles les growls glaçants de son comparse font écho, le rageur et intrigant manifeste s'assimilerait à un hit en puissance que l'on ne quittera que pour mieux y revenir. On ne saurait davantage esquiver le ''nightwishien'' mid tempo progressif « No Saints in
Glory » au regard de l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'il nous invite à suivre. Dans cette mouvance, l'opératique et diluvien « Huntress of Shadows » décoche de fulgurantes montées en régime de son corps orchestral tout en sauvegardant une sente mélodique aussi exigeante dans son process d'écriture qu'enivrante et des finitions passées au crible. Et la magie opère une fois encore.
Lorsque la cadence se fait un poil moins alerte, le combo parvient là encore à aspirer le tympan du chaland sans avoir à forcer le trait. Ce que prouve, d'une part, «
Circle of Mistakes », entraînant mid tempo aux riffs lipidiques, à mi-chemin entre
Xandria et
Darkwell ; calé sur une ligne mélodique des plus enveloppantes, doté d'un refrain immersif à souhait mis en exergue par les angéliques ondulations de la sirène et rendu un poil "gorgonesque" par les ombrageuses serpes oratoires de son acolyte de growler, le ''tubesque'' effort ne se quittera qu'à regret. On pourra non moins se voir happé par les vibes enchanteresses disséminées par le ''xandrien'' mid tempo « Caught in
Dark » ; voguant sur d'ondoyantes nappes synthétiques et fort de ses enchaînements intra piste des plus sécurisants, l'engageant et aérien méfait poussera à un headbang subreptice. Et comment ne pas se sentir porté tant par le seyant paysage de notes que par la flamboyant solo de guitare exhalant des entrailles du rayonnant et ''nightwishien'' « Sublime
Awakening » ? Sans doute l'une des pépites de l'opus.
Quand ils desserrent un peu plus la bride, nos compères trouvent non moins les clés pour nous retenir plus que de raison. Ce qu'atteste, en premier lieu, l' ''anabantien'' low tempo progressif «
Decadent Feeling », eu égard à ses sémillantes arpèges d'accords, son bref mais fringant solo de guitare et son insoupçonnée et grisante accélération autorisant un éblouissant final en crescendo. Dans une même dynamique rythmique, le ''tristanien'' «
Rising Sun » joue davantage sur les effets de contraste oratoire pour tenter de nous rallier à sa cause. Et la sauce prend, là encore.
Plus en retenue encore, d'autres espaces d'expression pourront à leur tour se jouer de toute tentative de résistance à leur assimilation. Ce qu'illustre, tout d'abord, «
Wish You the Same but Worse », power ballade à la fois organique et pétrie d'élégance. Glissant le long d'une radieuse rivière mélodique sur laquelle se greffent les poignantes envolées lyriques de la maîtresse de cérémonie et jouissant d'arrangements instrumentaux finement ciselés, l'instant privilégié aux airs d'un
Nightwish des premiers émois ne saurait être esquivé par l'aficionado de moments tamisés. Enfin, recelant une luxuriante orchestration accolée à une muraille de choeurs samplés, au sein desquels s'insère le pénétrant filet de voix de la diva, le cinématique low tempo « Deep Within » se pose, lui, tel un générique d'une grande production hollywoodienne. Une manière habile de refermer le chapitre.
A la lecture d'un puissant, truculent et émouvant effort, n'accusant pas l'once d'un bémol harmonique susceptible d'affadir l'attention du chaland et jouissant, en outre, d'une ingénierie du son plutôt soignée, il semble que le groupe se soit véritablement métamorphosé. S'étant efforcé de varier ses phases rythmiques, ses ambiances comme ses joutes oratoires, diversifiant ses exercices de style à l'envi, octroyant d'inédites et grisantes sonorités, témoignant parallèlement d'une technicité instrumentale et vocale affermie et des mélodies éminemment enveloppantes, c'est dire que le collectif sud-américain serait loin d'être dépourvu d'armes pour venir guerroyer sereinement dans cette arène face à ses si nombreux challengers. Et si les prises de risques tant attendues peinent à se voir inscrites au cahier des charges, l'inspiré quintet brésilien, quelque 17 ans suite à sa sortie de terre, disposerait néanmoins de son sésame pour espérer grossir les rangs des valeurs montantes de cet environnement metal. Quand la fragile chrysalide se mue en un majestueux monarque...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire