La démo
Empires de Glace a suscité de l’intérêt chez plusieurs labels si l’ont en croit le chanteur / claviériste et leader Myrkhaal, mais l’homme tient à faire les choses à sa façon, lassé des contraintes diverses et refroidi notamment par les délais de parution annoncés, il monte son propre label pour faire les choses à sa façon et sortir
Dans les Bras des Immortels (1999) le plus rapidement possible. Une démarche inspirée par Satyr et
Moonfog Productions.
Ce premier format long des québécois est donc la toute première sortie estampillée
Sepulchral Productions, entité dans un premier temps entièrement dévoué à
Frozen Shadows, avant de devenir le fer de lance de la scène Black
Metal francophone avec les albums de Gris, Sombre Forêt ou encore
Monarque. Pour en revenir au disque qui nous intéresse, nous pouvons constater rien qu’à la pochette que le concept de
Frozen Shadows tourne toujours autour du froid, de la mort et des forêts enneigées, mais avec un côté terroir / patriotique, en témoigne la page au dos du livret où trône le drapeau de nos cousins du Québec avec le message suivante : « Ces odes au mal sont avant tout dédiés aux amants de la langue de Molière dotés d’une âme noire,
Frozen Shadows est et restera toujours un groupe de Black
Metal purement Québécois. »
Avec une telle déclaration en préambule, mieux vaut ne pas se planter derrière, mais rassurez-vous c’est le cas, et c’est un euphémisme tellement
Dans les Bras des Immortels impressionne et surpasse la pourtant bonne démo
Empires de Glaces.
Derrière l’intro symphonique de rigueur, la chanson titre assène un riffing froid et agressif et les déclamations démoniaques de Myrkhaal, soutenus par un
Namtar furieux derrières les futs et qui s’est visiblement entrainé à la batterie en suivant le conseil que
Morpheus a donné à Néo : « Augmente ta vitesse. », ce n’est pas encore
Frost* mais on s’approche. On retrouve ce côté sous-jacent In The
Nightside Eclipse, surtout dans la deuxième moitié du morceau.
Forsaken Whispers montre que le trio sait aussi se détacher de cette influence majeure, avec un morceau très violent, à mi-chemin entre ce que
Satyricon a à proposer de plus violent et des choses plus alambiquées à la
Mayhem /
Abigor. Même topo sur un
Beyond the Wallid Vales soufflant en rafale tel une tempête de neige infernale, avant de se caler sur un mid-tempo hypnotique, et relancer le blizzard (beast) à 4:00.
Les claviers sont toujours captivants, aidant l’auditeur à intégrer leur univers de froid et de démons. Au Seuil des Ténèbres est la pièce maitresse du disque : texte à la poésie noire, courte intro grandiloquente, départ en trombe, guitares inspirées et parfaitement combinées avec les couches de synthé, narration centrale immersive, et intensité peu commune tout du long. A notre que le guitariste nouveau venu Alvater assène abat un gros travail avec ses riffs froids, massifs et très agressifs, qui peuvent flirter parfois avec le Death
Metal (Of
Pain and Insufferable
Torment).
Entièrement enregistré, mixé et masterisé au Révolu-Son (l’habileté des québécois à jouer avec la langue française mieux que les français m’a toujours fascinée), la production est râpeuse, possédant une authenticité toute norvégienne et proche au final de
Satyricon.
A une époque où le Black
Metal commençait à s’orienter vers des sons et des compositions plus soft, s’inspirer de styles plus grand public, « se proguiser » et se « femalevocaliser »,
Dans les Bras des Immortels prend le chemin inverse en durcissant encore le propos avec son Black
Metal d’une grande authenticité, d’une grande violence, et d’une aura maléfique permanente, le redoutable titre final Under
Horrid Skies crache d’ailleurs sa haine jusqu’à la fin.
Une pierre angulaire du style ? Peut-être pas, même si ça aurait pu en sortant un ou deux avant et sur un label plus exposé, mais une référence sinon LA référence en Black
Metal (purement) Québécois.
BG le 29/09/2022
Je dois l'avoir écouté en bouclu des milliers de fois. Ça rejeuni pas de savoir que je me suis procuré cet album via mail order quand j'étais au secondaire il y de ça près de 19 ans.
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