Si, au même titre que son prédécesseur, "
Invasion of Your Privacy" s'est vendu par palettes, il commençait à montrer les limites d'un groupe semblant réutiliser la même formule artistique à l'infini, sans la moindre prise de risque. "
Dancing Undercover" débarque sur nos platines un an plus tard et laisse naitre quelques espoirs d'évolutions avec sa pochette sur laquelle les portraits des membres du groupe apparaissent en noir et blanc, ce qui change des habituelles beautés lascives des précédents opus. Malheureusement, les amateurs de surprises devront se contenter de ce visuel ! En effet, avec une production est à nouveau confiée à Beau Hill, c'est reparti pour 35 minutes contenant les mêmes ingrédients.
Le
Hard-Glam US de
Ratt est toujours porté par la voix un brin provocatrice de
Stephen Pearcy et les guitares de la redoutable paire De Martini – Crosby, spécialiste en riff accrocheurs et soli courts mais efficaces, souvent marqués par le style unique du premier nommé, tout ça pendant que la section rythmique impulse une dynamique irrésistible. Les refrains touchent au but sur quasiment chaque titre et on se laisse facilement emporter par ce déluge de hits potentiels qui auraient dû être imparables. 'Auraient dû', car après 2 albums et un Ep fondus dans le même moule, la recette commence à sentir le réchauffé. On a beau se laisser prendre par l'enchainement sans temps-mort des 10 morceaux proposés, reconnaître leur qualité et continuer à chatonner les différents refrains pendant quelques heures, le sentiment d'avoir déjà entendu tout ça reste assez prégnant.
A quelques exceptions près, il n'est pas rare de penser à un ou plusieurs titres des précédents opus en découvrant les nouveaux morceaux. A cela se rajoute une impression de linéarité majorée par la quasi-absence de blancs entre chaque compositions. Ceci n'empêche pas de se laisser prendre par "Dance", l'accrocheur premier single au refrain entêtant, ou par "Body Talk", rapide, cinglant et plus agressif, propulsé par une batterie épileptique après une introduction en arpèges. Ce titre sera d'ailleurs utilisé dans la bande original du film "Golden Child" ("L'enfant du Tibet" en France) avec Eddy Murphy. Dans le même registre, "
Drive Me Crazy" tire également son épingle du jeu, ainsi que l'ondulant "
Slip of the Lip", sexy comme la danse d'une strip-teaseuse dans un bar de
Los Angeles.
Sans être mauvais, le reste s'avère plus dispensable à qui connaît déjà les précédents albums. Car le problème de "
Dancing Undercover" ne vient pas de sa qualité intrinsèque, mais bien du fait qu'il ne traduit pas la moindre évolution, et ce qui avait pu être toléré sur "
Invasion of Your Privacy" commence à devenir légèrement indigeste.
Ratt vient donc d'utiliser son dernier joker et doit absolument se remettre en question au plus vite s'il ne veut pas devenir une auto-parodie et disparaître petit à petit. Son maintien au sein de l'élite du genre en dépend de manière vitale.
Ratt ne fait pas de mauvais albums, mais on ne peut pas dire qu'ils innovent beaucoup.
Pour ce 3e album, on prend les memes ingrédients et on recommence, ça peut commencer à lasser.
16/20
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