Suite à son bon premier album
Unholyunion,
Christ Agony se remet vite au travail et entre de nouveau au Modern Sound studio lors de l’été pour y enregistrer son deuxième album Daemoonseth -Act II (
1994). Officiant toujours dans un Black / Death /
Doom personnel, Cezar et ses sbires proposent ici la suite thématique de l’album précédent (d’où le Act II), une trilogie qui s’achèvera sur
Moonlight – Act III.
Attiré par les groupes extrêmes plus ou moins inclassables et possédant déjà
Bethlehem,
God Forsaken ou
Moonspell dans son écurie, Christian Bivel obtient la signature des polonais sur son label Adipocere Records en pleine ascension.
En se fiant aux démons ricaneurs (les mêmes que celui qui se trouve sur la pochette de
Unholyunion, cohérence oblige) entortillés autour de la croix et bien sûr au patronyme du groupe, peu de chance de se tromper sur le sens des paroles et de l’idéologie : le christianisme et ses excès a visiblement laissé des traces indélébiles dans les esprits en Pologne.
Coincé entre Death
Metal sombre et Black à l’ancienne (c’est à dire grosso modo sans influences norvégiennes),
Christ Agony semble avoir mûrit son style, possédant tout d’abord un atout supplémentaire avec une production plus puissante qu’auparavant. Introit
Moon et sa narration démoniaque est le tremplin idéal pour lancer le disque. Le titre à tiroirs Urtica Diaoica Cultha frappe d’entrée les esprits avec non seulement des rythmiques brillantes, mais aussi un refrain imparable, un arpège central diabolique et un final Black
Metal très occulte. De plus la voix de Cezar est irréprochable, tant dans ses cris que dans son chant clair grave et lugubre.
Des influences
Gothic se font entendre de temps à autre (pas du
Gothic norvégien à fleurs et robes victoriennes…), c’est notamment le cas au début de Athyrium Typha Luciferi. Si les morceaux restent long dans l’ensemble (fréquemment autour des 10 minutes), les polonais évitent les écueils du disque précédent, et quelques solos judicieux par exemple, permettent de faire durer les titres sans lasser l’auditeur. Maniant habilement occultisme, mélancolie et agression, Daemoonseth montre l’étendu du talent des polonais, et leur vaudra d’ailleurs de faire partie du trio (avec
Bethlehem et
Evoken) pionnier dans le domaine du «
Dark Metal », les fans reprenant ainsi la promotion cohérente et bien vue de Adipocere.
Abasatha
Pagan et son riff de départ tonitruant fait suite à deux morceaux beaucoup moins trépidants, dont l’atmosphérique
Sacronocturn qui prouve que le trio a plus d’une corde à son arc. D’ailleurs à 3 : 00 un étonnant riff Thrash s’insère sans difficultés à l’ensemble, tout comme le chant féminin, prouvant s’il en était encore besoin la pertinence des compositions et la maturité indéniable du combo. Il n’en reste pas moins que terminer cette galette par un titre plus rentre dedans semble très judicieux au deathster que je suis, surtout avec une chanson aussi efficace. Ce final Black / Death colle ainsi au mieux à la fameuse appellation
Dark Metal évoquée plus haut.
Electron libre de la scène,
Christ Agony ne s’encombre d’aucune allégeance, ignorant allègrement l’outrance du Black nordique et la course à la brutalité du Death (qui semble ici au point culminant avant que l’arrivée imminente des
Krisiun, Cryptosy et compagnie sur le marché ne remette sérieusement cette théorie en question). Il en résulte un Daemoonseth – Act II unique, au caractère culte tout à fait légitime. Ceci suffit largement à pardonner les quelques rares longueurs et une agressivité qu’on aimerait parfois légèrement plus exacerbée.
Un joyau à ne surtout pas oublier.
I am inside of you my master,
I am inside of you, in your eyes.
BG
je n'oublie pas beergrinder!
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