Après m'être endormi avec cet album dans les oreilles et m'être réveillé avec l'envie de l'écouter encore et encore, le besoin d'en écrire une chronique m'est apparue évidente, surtout à 05:30 du matin, n'est-ce pas ?
En comparaison avec "
Salvation" ou "
Somewhere Along the Highway", "
Cult of Luna" recèle une énergie que le groupe à perdu depuis. Je trouve leur musique maintenant un poil "affectée", alors qu'il émane de leur premier opus une réelle énergie du désespoir, le souffle de l'urgence. Il contient toute la magie des premiers albums, dans lesquels, malgré les imperfections techniques, les groupes offrent le fruit d'une authentique et longue gestation, d'une osmose réelle entre les membres, libérée des contraintes productivistes. Un coup de maître.
Cette offrande est à mon sens ce que
Cult of Luna a produit de meilleur et de plus spontané. Un joyau brut, une pépite d'émotion pure, non taillée, magnifiée par un chant raclé, un chant beaucoup plus émouvant que les typiques arrachages de gorge des vocalistes hardcore et qui ressemble aux derniers hurlements d'un écorché vif. Certes, l'album est violent, bruyant parfois (peut-être brièvement "bruitiste", sur quelques finals ou quelques transitions), et surtout très agressif - par la noirceur et la rage contenue dans chacun des titres. "
Cult of Luna" est un rouleau compresseur qui ne laisse pas indemnes les oreilles de l'auditeur, mais que d'émotions s'écoulent à travers cette musique... L'écoute peut facilement tirer les larmes, pour peu que l'on soit un peu sensible ou fragilisé par certains évènements de la vie. Au hasard : une rupture amoureuse. Hum, passons.
Des titres comme "
Sleep", avec son alternance de parties athmosphériques (sublimées par le violoncelle) et de passages d'une implacable sauvagerie me parcourent l'échine, me laissent inerte, cloué sur place. Je pourrais citer aussi "The revelation embodied", "The sacrifice" ou "To be remembered". Chaque morceau recèle LE riff ultime qui va droit au coeur, sans passer par la case cerveau. Certains, comme "
Beyond fate", m'évoquent, par leur puissance, leur tristesse et la douleur qui s'en écoule, une lente et douloureuse agonie.
Pour finir, "
Cult of Luna" est un album hautement sensible (sensitif ?), qui ne se laisse pleinement appréhender qu'après quelques écoutes. Après ces huit titres, et ces soixante et quelques minutes d'agression et d'oppression, on se sent vidé mais serein... comme si la colère et la rage que chacun de nous contient avait été littéralement absorbée par la musique... comme si cela constituait un exutoire au désespoir et à la dépression qui guette tout individu, vivant dans cette société post-industrielle totalement déshumanisée.
"
Cult of Luna" synthétise et répond à tous les malaises existentiels. Rien que pour cela, son écoute est nécessaire. Mettez-le dans votre platine un soir de déprime : si vous survivez, vous appuierez forcément, à nouveau, sur la touche "play"... d'autant que la fin du dernier morceau colle parfaitement à l'intro du premier...
Karl
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