A Dawn to Fear

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17/20
Nom du groupe Cult Of Luna
Nom de l'album A Dawn to Fear
Type Album
Date de parution 20 Septembre 2019
Style MusicalDoom Sludge
Membres possèdant cet album49

Tracklist

1.
 The Silent Man
 10:36
2.
 Lay Your Head to Rest
 06:23
3.
 A Dawn to Fear
 08:53
4.
 Nightwalker
 10:48
5.
 Lights on the Hill
 15:07
6.
 We Feel the End
 07:06
7.
 Inland Rain
 07:00
8.
 The Fall
 13:13

Durée totale : 01:19:06

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Cult Of Luna


Chronique @ Icare

25 Septembre 2019

Certes, Cult of Luna fait du Cult of Luna, mais il le fait bien.

Plus besoin de présenter Cult of Luna. Depuis vingt ans et sept albums tous plus encensés les uns que les autres que les Suédois jouent leur post hardcore de fin du monde, celle-ci devait bien finir par arriver. Et il semblerait bien que Fredrik Kihlberg ait décidé de la mettre en musique, puisque A Dawn to Fear, au titre plus qu’évocateur, pourrait être la parfaite bande son de l’extinction programmée que nous sommes en train lentement mais sûrement de déclencher.

Pourtant, à première vue, ce nouvel opus ne semble pas révolutionner quoi que ce soit dans l’approche du groupe : moins expérimental, froid et indus que Vertikal, avec un son moins énorme et organique et une musique qui paraît moins cérébrale et plus spontanée, moins aérien et ambitieux que Mariner, Cult of Luna fait du Cult of Luna, qui nous renvoie à la bonne époque des Somewhere Along the Highway et Eternal Kingdom. Exit l’album thématique froidement intellectuel et abstrait, le groupe semble suivre ses instincts et délivrer une musique plus viscérale que purement cérébrale, un peu comme à ses débuts.

Pourtant, comme toujours chez le groupe, les compositions sont extrêmement travaillées, regorgeant d’arrangements et enrichies par de nombreuses couches d’instruments savamment orchestrées pour un rendu qui semble ne tendre que vers un seul objectif : la puissance et l’émotion. Une fois de plus, même si les musiciens se sont affranchis du concept, ils ne s’éloignent pas trop de leur aire de jeu et prennent plaisir à peaufiner leur propre architecture musicale ; une fois de plus, rien ne semble avoir été laissé au hasard, tout semble être parfaitement maîtrisé, les montées progressives de guitare, les explosions grondantes inéluctablement amenées (le titre éponyme) les petites notes, samples ou arpèges sombres ainsi que les claviers, en filigrane mais omniprésents, tissant discrètement cette ambiance de fin du monde (les quelques petites notes badantes qui finissent Lay Your Head to Rest, les dernières notes de Lights on the Hill, mélancolie pure à vous filer la chair de poule); une fois de plus, tout sonne d’une fluidité et d’une maîtrise impressionnantes et tout semble parfaitement à sa place, et une fois de plus donc, fatalement, la musique des Suédois semble déshumanisée, presque mécanique, tant les musiciens sont devenus des machines à penser, composer et assembler des monstres musicaux, paradoxe lorsque l’on sait que sur A Dawn to Fear, les sept se sont volontairement éloignés du concept album et de ses contraintes pour revenir à quelque chose de plus naturel et spontané.

Malgré tout, la sauce prend, encore et toujours j’ai envie de dire. Certes, Cult of Luna fait du Cult of Luna, mais il le fait bien. Avec la noirceur obsédante et presque mécanique de Lay Your Head to Rest, aussi beau que menaçant, dansant sur ce riff grandiose, le jeu tribal des percussionnistes et le chant hurlé de Kihlberg, avec les longueurs hypnotiques et éprouvantes de Nightwalkers, titre lourd, roulant, puissant, fatal et inéluctable qui se gonfle de distorsion et de dissonances comme un ciel qui se couvre lentement de nuages gris mais dont l’abcès de pluie ne veut pas crever, semblant annoncer une tornade qui se prépare, encore lointaine, mais qui avance, lentement mais inexorablement, avec le fantastique final qu’est The Fall où les sept délivrent toute leur puissance, on se sent happé dans un puits sans fond.
Cependant, il y a quelques éclaircies : si le début de Lights on the Hill s’apparente à une sorte de faux calme après la tourmente, soufflant un vent de désolation aride qui semble vouloir achever les quelques survivants du cataclysme avec une musique douce et insidieuse, aux lancinances douloureuses (imaginez la terre sèche et craquelée, tout gît et semble mort, seul le vide, désespérément seul au milieu des décombres du monde, semble gémir sa solitude trop lourde à porter), cette pièce de plus de 15 minutes se nimbe d’une auréole lumineuse dès 4,15 minutes, les guitares tourbillonnant toujours mais de façon plus aérienne, semblant partir à l’assaut d’un soleil dont l’on croyait les rayons éteints. La fin du morceau marque une grande tristesse, mais plus belle que réellement douloureuse : celle de la douleur et de la résignation qu’implique le retour à la vie et ses contraintes, tout reconstruire de zéro dans un milieu hostile et post apocalyptique. Cette tristesse poignante, on la retrouve dans le chant hanté du vaporeux et fantomatique We Feel the End, qui semble en vérité plus indiquer un nouveau départ qu'une réelle fin du monde. Car ne l’oublions pas : avant de reconstruire, il faut déjà détruire, et Cult of Luna fait admirablement bien les deux. D’ailleurs, en deuxième partie de morceau, lorsque la batterie s’active tout en langueur, on se sent enveloppé d’une certaine chaleur, même la voix se fait plus mélancolique que réellement désespérée, et cette fin que l’on sent se fait l’un des morceaux les plus apaisés et relaxants jamais composés par le groupe.

Pour conclure, les Suédois nous offrent encore une fois une œuvre colossale, une construction impériale de 79 minutes à la cohérence et la fluidité sans faille malgré sa richesse et ses très nombreuses nuances. Certes, Cult of Luna ne surprend plus, mais le septuor parvient encore à nous faire faire des montagnes russes émotionnelles, cette fois-ci dans les contrées grises et dévastées d’un monde livré à l’autodestruction, et personnellement je n’en demande pas plus. Une chose est sûre, l’aube n’aura jamais été aussi belle, et j’espère vraiment retrouver Cult of Luna après l’apocalypse... si nous sommes encore là…

1 Commentaire

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heavyjos84 - 26 Septembre 2019:

j'ai la meme opinion, tout été dit et exprimé, merci pour celle belle lecture

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