Les événements de sont succédés à la vitesse grand V pour le quintet argentin natif de
Buenos Aires, cofondé en 2013 par José Rodríguez (batterie), Walter Pallares (basse), Emmanuel Costilla (guitares et chant) et Karina Conicelli, frontwoman au chatoyant grain de voix. Si, à leur premier et encourageant album studio, « Memorias de Ficcion », sorti en 2016, lui succédera un discret EP dénommé «
Quimeras », trois ans plus tard, une année seule séparera leur second et présent EP, «
ContraRitual », de son laconique aîné. Se profile alors à nouveau un set modeste de ses trois compositions égrainées sur un ruban auditif d'un quart d'heure tout au plus. Est-ce à dire que le combo sud-américain opterait désormais pour de modestes formats à l'exclusion de tout autre ? Ne s'agirait-il pas de quelques parenthèses, telles de nécessaires respirations dans son processus créatif, avant de revenir plus fort dans la course ?
Resté fidèle à ses fondamentaux, sans pour autant s'y réduire exclusivement, le collectif argentin nous octroie une œuvre metal mélodico-symphonique gothique aux relents power plus marqués qu'autrefois, sans toutefois y perdre de son caractère latino, loin s'en faut. Aussi, les sources d'influence seraient dorénavant à chercher du côté d'
Abrasantia, Elessär,
Stream Of Passion et consorts que du côté de
Nightwish,
Xandria et autres
Amberian Dawn et
After Forever. Ces nouvelles et seyantes portées seraient elles également mises en valeur par une production de bon aloi, à commencer par un mixage équilibrant à parités égales lignes de chant et instrumentation et des finitions passées au crible. Mais entrons sans plus attendre dans le chaudron bouillonnant...
Dès les premières mesures du skeud, le la est donné, Ainsi, à l'aune de «
Presagio », la troupe ne tardera pas à nous asséner ses dévastateurs coups de boutoir et à décocher ses riffs corrosifs. Aussi, effeuille-t-on un brûlant up tempo power symphonique dans la lignée d'
Abrasantia, mis en exergue par les toniques inflexions de la sirène, assorti d'un martelant tapping et jouissant d'arrangements instrumentaux difficiles à prendre en défaut. Une tubesque offrande que l'on ne quittera qu'avec l'intime espoir d'y revenir, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité. Tout aussi incisif, dans l'ombre de
Stream of Passion s'immisce « Alegoria », entraînant effort aux riffs grésillants, infiltré d'inattendues et envoûtantes sonorités indiennes, délivrant en prime un refrain catchy mis en habits de lumière par les chatoyantes patines de la déesse. Et la magie opère, une fois encore.
Plus en retenue que ses devancières, l'ultime pièce de l'opus ne révèle pas moins un caractère à la fois enjoué et sanguin. Ainsi, « Espejo de Plata » se pose tel un mid tempo mélodico-symphonique aux riffs acérés et empreint d'une enivrante touche latina. Dans la veine d' Elessär, le grisant méfait égraine ses couplets finement esquissés, relayés chacun d'un refrain immersif à souhait encensé par les poignantes impulsions de la maîtresse de cérémonie. Et ce ne sont ni le vrombissement d'une basse aux abois, ni les délicats arpèges au piano, ni le fringant solo de guitare qui nous débouteront de ce hit en puissance, tant s'en faut.
Force est d'observer que le projet du combo argentin s'offre désormais plus volontiers au quidam, celui-ci s'avérant plus aisément classable dans les charts, mais aussi un poil plus personnel que naguère. Aussi, effeuille-t-on une œuvre certes dans un mouchoir de poche mais des plus chatoyantes. Si la technicité instrumentale demeure l'un des atouts majeurs du collectif sud-américain, celle-ci compose dorénavant avec une mélodicité plus nuancée et surtout plus impactante aujourd'hui qu'hier. Si l'on ne déplore pas l'ombre d'un bémol harmonique et/ou architectural susceptible d'affadir l'attention du chaland, on regrettera cependant de n'avoir qu'un frugal quart d'heure pour pouvoir se sustenter. Dans l'attente à peine voilée d'un second album full length dans le prochain arrivage...
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