Mû par un vent d'inspiration renouvelée, le quintet argentin né à
Buenos Aires en 2013 sous l'impulsion commune de José Rodríguez (batterie), Walter Pallares (basse), Emmanuel Costilla (guitares et chant) et Karina Conicelli (frontwoman au chatoyant grain de voix), ne mettra guère plus d'une année suite à son second et sémillant EP, « ContrRitual », pour revenir dans la course. Et ce, à l'aune de son troisième et présent EP 3 titres dénommé «
Anatema », dont le ruban auditif, qui comme ses laconiques aînés, n'excédera pas le quart d'heure. S'orientant depuis trois années déjà vers de menus formats au détriment d'albums plus substantiels, pourtant attendus par sa fanbase, le combo serait-il voué à réitérer l'exercice sur le long terme, et cela, à l'exclusion de tout autre type de production ? Ces trois respirations successives pourront-elles s'inscrire à terme dans une compilation, voire dans un album full length ? Pour l'heure, la question n'est pas tranchée.
Si, dans la lignée de son prédécesseur, ce nouvel élan reste affilié à un metal symphonique gothique classique, témoignant à son tour d'un caractère latino bien affirmé, il ne laisse pas moins entrevoir une coloration progressive bien marquée, cette dernière relayant alors les relents power d'hier. Aussi, les sources d'influence renverraient dorénavant davantage à
Abrasantia, Elessär,
Stream Of Passion,
Nightwish et
Epica qu'à
After Forever,
Amberian Dawn ou encore
Xandria. Ces inédites mesures se voient, ici également, mises en valeur par une production d'ensemble de bonne facture, de très timides notes résiduelles et des finitions passées au peigne fin étant inscrites au cahier des charges. Mais montons à bord de la frêle goélette et laissons nos cinq acolytes nous guider dans cette mer limpide à la profonde agitation intérieure...
Une fois n'est pas coutume, c'est dans un bain instrumental aux doux clapotis que nous mènent tout d'abord nos compères. Ainsi, dès les premières portées de «
Nocturna », l'émotion ne tardera pas à nous envahir. Dotée de délicats arpèges au piano et d'une mélodicité toute de fines nuances brodée, cette ballade romantique jusqu'au bout des ongles, que n'auraient reniée ni
Abrasantia ni Elessär, ne saurait être éludée par l'aficionado de moments intimistes. Et ce ne sera pas le fondant refrain, mis en habits de soie par les troublantes volutes de la maîtresse de cérémonie, qui nous fera lâcher prise, tant s'en faut.
Par ailleurs, la troupe a opté pour de plus amples et complexes séquences techniques. Bien lui en a pris. Ce qu'illustre « Contacto
Primordial », pièce symphonique gothique progressif dans la veine coalisée de
Stream Of Passion et
Abrasantia. Au fil de ses 6:42 minutes, cette fresque déverse de truculentes rampes synthétiques doublées de gammes pianistiques pétries d'élégance, tout en décochant une basse claquante, d'insoupçonnées montée en régime du corps orchestral, et un bref mais saisissant solo de guitare. A la belle, eu égard à la tonicité de ses inflexions, d'achever de nous convaincre de ne pas déserter prématurément le navire. On regrettera toutefois tant l'inopportunité que la brutalité de la chute finale.
Enfin, le groupe nous réserve un substantiel instrumental en bout de course, histoire d'achever sereinement le voyage. Aussi, à mi-chemin entre
Nightwish et
Epica, « Loa Samedi » libère un serpent synthétique venimeux aux frénétiques reptations, à peine interrompu par un sensible piano et une basse vrombissante. Surmonté d'un flamboyant solo de guitare à mi-morceau et multipliant ses phases rythmiques à l'envi, et ce, dans une atmosphère empreinte de mystère, ce cinématique et progressif méfait laissera quelques traces dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le tympan.
S'il se voit moins directement classable dans les charts, ce troisième modeste opus s'avère néanmoins un poil plus singulier que son devancier de par ses variations atmosphériques et rythmiques. Une tracklist à la structure moins conventionnelle qu'à l'accoutumée doublée d'une technicité instrumentale difficile à prendre en défaut, que complète une ingénierie du son plutôt soignée, sont autant d'arguments plaidant en la faveur de nos cinq compères. Si l'on ne déplore pas l'ombre d'un bémol harmonique, on reste néanmoins sur notre faim, frustré là encore par la brièveté du propos délivré. Bref, un bien fugace message musical où sensibilité rime avec élégance et mystère...
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