Bien que très peu épargné par les éléments, La Lousianne est un véritable vivier métallique et, la musique de ses représentants fleurent souvent les marécages, la « bouillasses » et une certaine grosse lourdeur. Contrairement à
Down ou
Crowbar,
Goatwhore, lui, fonce dans le tas grâce à un « black/thrash/death » primitif et sans fioritures qu’il pratique depuis 1997. Après un «
Blood of the master » mi-figue, mi-raisin, jugé trop mélodique par certains et voyant le combo ralentir la cadence,
Goatwhore publie son sixième opus longue durée, intitulé «
Constricting Rage of the Merciless ».
Ne s’embarrassant aucunement des présentations d’usage,
Goatwhore balance la purée d’entrée avec «
Poisonous existence in reawakeneing », soutenu par une rythmique générale élevée et doté de grosses cassures. Le groupe fait ce qu’il sait faire le mieux, à savoir une musique directe, énergique, dépourvue d’artifice, assez simple mais pas simpliste, mais surtout d’une efficacité redoutable. Cette composition est loin d'être orpheline puisque « Unraveling paradise », «
Nocturnal conjuration of the accused » ou le final de « Externalize this hidden savagery », auxquels nous pouvons rajouter le légèrement plus mélodique « Schadenfreud », font ressortir la face black-métal (toute proportion gardée, bien sûr) et le côté death/thrash-métal old-school du groupe, les riffs y sont acérés, la basse vrombissante et la batterie bien claquante.
Comme il est dit que
Goatwhore mange à tous les râteliers…pardon, je voulais dire qu’il trouve son inspiration dans différents courants musicaux, la formation s’aventure également dans le « death n’roll » avec le très entrainant « Baring teeth for revolt » et « FBS », mais la véritable surprise de «
Constricting Rage of the Merciless » est incontestablement «
Cold earth consumed in dying flesh » qui va piocher dans le « doom » le plus lourd. Ce morceau est introduit par des claviers mélancoliques avant que les accords lourds et pachydermiques ne prennent le relais. Le background sludge des membres de
Goatwhore est sans aucun doute pour quelque chose concernant cette évolution musicale. Aussi, la lourdeur ambiante est mise en exergue par l’accélération centrale, renforçant l’impact de celle-ci.
La performance de l’interprétation est à la hauteur de la qualité de cet opus, mais une mention spéciale est à décerner à Louis-Benjamin Falgoust II et à Sammy Duet, le premier éructant avec une grande conviction et le second, également guitariste du groupe, possède un growl d’une grande profondeur, ce dernier apporte indéniablement une valeur ajoutée à ce disque. La production, signée une nouvelle fois Erik Rutan, réussie le pari (une fois de plus) d’être claire et précise, tout en conservant ce côté « old-school » poisseux, elle est en parfaite adéquation avec la musique délivrée par
Goatwhore.
Alors, bien sûr, tout n’est pas parfait sur «
Constricting Rage of the Merciless », les plus « true » diront sans doute que tout cela n’est pas assez… « true » et inversement. Il est vrai que
Goatwhore n’a pas inventé l’eau chaude, que tout ceci n’est pas très original, mais force est de constater que c’est très efficace et qu’un goût de « reviens-y » est très présent...dans les débuts. Le véritable point faible de cette livraison, est, selon moi, sa durée de vie. En effet, au fur et à mesure des écoutes, l’album perd de sa splendeur et son efficacité finit par s’étioler, on en sort finalement assez vite. Il aurait fallu que le groupe aille un peu plus dans le sens du morceau «
Cold earth consumed in dying flesh » pour donner plus de variété à cette galette et lui offrir ainsi, une longévité plus accrue.
« Faut pas tortiller du cul pour chier droit » serait la phrase qui résumerait ce nouvel effort de
Goatwhore. Aucune fioriture, aucun astiquage de manche, le quatuor va droit à l’essentiel avec une énergie communicative et une efficacité certaine, ceux qui ne connaissent pas encore la formation, « Constricting rage of the merciiless » pourrait constituer un parfait point de départ. Un bon album qui s’écoute très facilement, et qui fera, a n’en pas douter, exploser quelques bouchons de cire au fond de vos cages à miel.
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