Difficile tâche que de chroniquer ce "
Chinese Democracy" tant attendu.
En effet, faut-il tenir compte des 13 ans de retard (de mémoire, la première fois que l'album avait été annoncé, nous étions en 1995) pour juger de la qualité de l'opus ? Faut-il absolument le comparer aux précédentes productions studio du groupe (dont la plus récente "The Spaghetti Incident ?" fête cette année ses 15 ans, sans parler du fait qu'il s'agissait d'un album de rEPrises) ? Faut-il tenir compte des 9 morceaux qui avaient filtré sur le net entre 2006 et cette fin 2008, et qui atténuent donc l'effet de surprise de près des 2/3 de l'album final, même si ces titres ont été retravaillés dEPuis ? Et enfin, faut-il vraiment comparer les musiciens actuels, et surtout le talentueux Ron "
Bumblefoot"
Thal au génial
Slash ? Attendez une seconde, dans le livret de l'album c'est le non-moins talentueux "
Buckethead" qui est également crédité pour la plupart des parties guitares alors qu'il n'a fait partie du groupe que de 2000 à 2004 ! En fait, ce sont pas moins de 5 guitaristes (dont les 2 pré-cités) qui sont crédités sur certains morceaux...
Difficile donc de tenir compte de tout ces éléments sans partir avec un apriori négatif au sujet de cet album. Mais il serait également injuste de ne pas en tenir compte car cet album a une histoire et une aura qui peuvent éventuellement aider à mieux le cerner.
Tout d'abord, quelques chiffres. "
Chinese Democracy" c'est 4 producteurs, 2 chefs d'orchestre, près d'une dizaine de musiciens et plusieurs dizaines de techniciens qui ont participé à l'élaboration de l'album à différentes époques. En 2005, le très sérieux
New York Times estimait déjà qu'il s'agissait de l'album le plus cher de tous les temps avec un budget estimé à 20 millions de dollars.
Un mot sur la pochette : une photo en noir et blanc d'un vélo orné d'un gros panier garé à proximité d'un mur où l'on peut voir le nom du groupe en graffiti. Mouais, difficile de cerner le rapport avec le titre de l'album (à part le vélo, moyen de transport par excellence du peuple chinois). Décevant de la part d'un groupe qui a des pochettes aussi mythiques que celles de "
Appetite for Destruction" et les 2 "Use Your
Illusion". Il y aurait certainement eu matière à plus de création pour le concEPt de "démocratie chinoise"...
Allez, place à la musique avec un bon vieux track-by-track :
01 "
Chinese Democracy" : Des sonorités orientales, des gens qui discutent au loin dans des dialectes à sonorité asiatique, on nous met dans l'ambiance pendant une bonne minute puis déboule un bon gros riff de guitare. Quelques secondes plus tard, un cri qu'on n'avait pas entendu dEPuis bien longtemps arrive en fondu et le morceau est lancé. A ce moment, un frisson me parcourt, ça fait tellement longtemps qu'on attendait et ça y est, cette fois c'est pour de vrai. Le double chant (aigu et grave en simultané) d'Axl est toujours aussi puissant (surtout sur le refrain) et le morceau s'articule autour d'un riff simple mais ultra-efficace. Un sympathique solo vient confirmer la pêche de ce titre qui lance l'album de fort belle manière.
02 "Shackler's
Revenge" : Changement d'ambiance radical avec ce titre aux sonorités indus (une orientation qu'Axl avait déjà déclaré vouloir essayer pour cet album) et au rythme très binaire sur les pré-refrains. On n'est pas loin de
Nine Inch Nails pendant certains passages mais il faut avouer qu'une fois la surprise passée, le morceau fonctionne très bien. C'est rythmé, c'est efficace et un solo complètement déjanté vient enfoncer le clou vers la fin du titre. Si c'est ça les
Guns N' Roses du XXIème siècle, j'achète car cela fonctionne à merveille.
03 "
Better" : On revient ici à un style plus classique avec une rythmique solide en mid-tempo. Encore une fois le titre s'articule autour de riffs simples et d'un refrain bien accrocheur. C'est pour l'instant le premier morceau qui rappelle (de loin) les
Guns N' Roses d'autrefois et quelques breaks de guitare ainsi qu'un solo bien véloce relancent plusieurs fois l'intérêt du titre.
04 "Street Of Dreams" : Une intro au piano rapidement rejoint par une douce guitare électrique et un orchestre d'instruments à cordes semblent annoncer une belle ballade. Un terme loin d'être péjoratif pour les
Guns N' Roses puisqu'on pense ici au fabuleux morceau "
November Rain" de 1991. Et même si "Street Of Dreams" n'atteint pas les mêmes sommets, c'est agéable à écouter et l'orchestration se mêle bien à la mélodie du chant et aux soli de guitare.
Seul regret, le morceau s'arrête un peu subitement alors qu'on aurait pu
Imaginer qu'il était sur le point de décoller pour de bon.
05 "If The World" : Encore un changement d'ambiance radical avec une intro aux accents world-music qui débouche sur une ambiance douce et tamisée alors que les guitares se mettent en retrait (elles sont même absentes pendant la majeure partie du morceau). Mais ici, le chant strident (et très répétitif) d'Axl ne se mêle pas très bien à l'ambiance "lounge" qui se dégage du titre, on en vient presque à souhaiter qu'il se taise pour qu'on puisse profiter de la musique. Un joli solo et un final également très world-music ne suffisent pas à sauver ce morceau qui marque le premier faux pas de l'album.
06 "There Was A Time" : Des choeurs féminins semblent annoncer un nouveau morceau calme. L'impression se confirme sur le couplet qui marque le retour de l'orchestre classique mais le titre décolle un peu (et d'une manière très agréable) sur le refrain. Tout le morceau s'articule autour d'un savant mélange entre l'orchestre, le piano, les guitares (avec plusieurs longs et magnifiques soli) et le chant qui monte en puissance dans les dernières minutes. Sans qu'il s'agisse véritablement d'une ballade, le morceau est très musical et s'avère très agréable à écouter.
07 "Catcher In The Rye" : Une nouvelle intro au piano et un chant qui rappelle immédiatement le
Guns N' Roses des années 90 pour ce nouveau morceau calme. C'est mélodieux et les passages en "la-la-laaa-laa-laa-la-laaaa" s'impriment immédiatement dans le cerveau de l'auditeur. Un joli titre qui peine toutefois à se démarquer sur l'album car il est déjà précédé par 3 autres morceaux au rythme posé.
08 "Scraped" : Après une étrange intro uniquement composée de vocalises d'Axl, on revient (enfin) à un style plus pêchu. C'est rythmé et ça a le mérite de réveiller l'auditeur mais ce sera sans doute le seul intérêt de ce morceau, certes efficace, mais sans grande originalité et qui tourne rapidement en rond malgré sa courte durée.
09 "Riad N' The Bedouins" : Une longue intro (pleine de vide) finit par laisser la place à un nouveau morceau au rythme solide et entraînant. Ici, le riff de guitare est accrocheur et les vocalises d'Axl (qui rappellent un peu celles du morceau précédent) sont utilisées à bon escient. La cadence s'alourdit un peu sur le refrain et permet à celui-ci de bien se détacher avant de rEPartir de plus belle sur le couplet. Un solo énergique vient confirmer toutes ces bonnes impressions et classe définitivement ce titre parmi les meilleurs de l'album. Typiquement le genre de composition qu'on était en droit d'attendre de cette nouvelle mouture des
Guns N' Roses.
10 "Sorry" : A ma grande surprise, le soufflé retombe immédiatement dès le début de ce long morceau très intimiste aux couplets qui tirent en longueur et qui manquent de relief. Le pré-refrain et surtout le refrain poignant relèvent un peu l'intérêt du titre mais celui-ci plombe tout de même l'ambiance de l'album qui venait de rEPrendre un rythme de croisière plus soutenu. La discrète participation de
Sebastian Bach (
Skid Row) n'apporte au final quasiment rien au morceau.
11 "I.R.S." : Ce titre oscille constamment entre une douce ambiance jazzy et des passages un poil plus énergiques grâce à une guitare rythmique toute en puissance. Agréable, varié et agrémenté d'un solo nerveux, ce morceau se laisse écouter et apporte un peu de fraîcheur à l'album.
12 "Madagascar" : Mais encore une fois, l'ambiance retombe immédiatement avec une intro qui ressemblerait presque à une oraison funèbre. Les couplet qui suivent confirment cette ambiance lourde (mais réussie), ainsi que les refrains accrocheurs et le retour de l'orchestre classique par petites touches. Vers le milieu du morceau, le chant laisse place à des extraits de discours de Martin
Luther King Jr. ainsi que des dialogues tirés des films "Mississippi
Burning", "Luke La Main Froide", "Braveheart", "Outrages" et "
Seven" avant de revenir aux couplets et aux refrains un peu plus soutenus qu'au début. Un titre à l'ambiance très soignée.
13 "This I Love" : Encore un titre langoureux qui mêle piano, orchestre classique et guitares mélodiques mais discrètes. Sauf que cette fois, et contrairement à "Street Of Dreams", le morceau ne décolle jamais vraiment et peine sérieusement à renouveler tout ce qu'on a déjà pu entendre dEPuis le début de l'album. Pris tout seul, le morceau est assez joli, mais en cette fin d'album on commence à s'ennuyer sérieusement...
14 "Prostitute" : Et la formule guitare/piano/orchestre est une nouvelle fois de mise pour ce dernier morceau. Quelques passages biens pêchus et des orchestrations efficaces évitent toutefois l'ennui ressenti pendant "This I Love" mais encore une fois cela manque d'originalité par rapport au reste de l'album. A noter tout de même la dernière minute du morceau uniquement composée de parties orchestrales accompagnées de piano qui clôture définitivement l'album de manière très fine et très classieuse.
Qu'en est-il au final de ce "
Chinese Democracy" ? Le côté rock n' roll énergique des
Guns N' Roses est bel et bien parti avec
Slash et les autres anciens musiciens, on en est maintenant totalement sûrs. L'album est-il mauvais pour autant ? Certainement pas ! Beaucoup d'univers musicaux complètement différents sont explorés ici et bizarrement c'est ce qui fait à la fois la force et la faiblesse de cet album. Les expérimentations les plus osées se révèlent être les plus réussies (le côté indus de "Shackler's
Revenge) et les morceaux les plus énergiques ("
Chinese Democracy", "
Better" , "Riad N' The Bedouins" et dans une moindre mesure "I.R.S.") fonctionnent à merveille même sans la patte bluesy de
Slash. La dizaine de morceaux restante est plus posée et même si certains titres évoluent clairement dans des univers semblables, aucun n'est franchement raté à l'excEPtion de "If The World". A noter tout de même la disparition de la contribution (enregistrée en 1999) de Brian May (Queen) aux parties guitare du titre "Catcher In The Rye".
On sent tout de même que l'album a été enregistré par des gens différents à des époques différentes et cela nuit énormément à la continuité de l'album. La voix d'Axl est parfois très changeante d'un titre à l'autre, et ça ne vient pas uniquement des différents univers qu'il explore.
Les inconditionnels de
Slash seront donc très déçus même si les parties guitare de l'album sont dans l'ensemble d'une grande qualité (sans qu'on sache véritablement à quel guitariste on peut les attribuer). Par contre, Axl chante toujours aussi bien et cela suffira peut-être à contenter une partie des anciens fans. Comparé aux anciennes productions du groupe (et surtout quand on songe aux 13 années d'attente), ce "
Chinese Democracy" peut décevoir. Mais si on accroche au côté "relaxant" de la plupart des nouvelles compos, on a ici un bon album de rock (qui manque tout de même d'unité).
Je serais tenté de dire qu'il s'agit album de transition car maintenant qu'Axl est débarrassé de ce poids, il peut confirmer cette nouvelle identité des
Guns N' Roses avec un prochain album plus mature (s'il ne met pas 10 ans à le sortir, sinon c'est définitivement foutu). Ma note : 14/20.
Fabuleux "Shacklers Revenge"... Enorme "There Was a Time". Une prod' plus que solide et un Axl au top, j'en demande pas plus...
Sûr que ça ne sonne pas comme du AFD, les années ont passées et Axl est beaucoup plus serein, un peu plus "seul" dans sa tête. L'album d'un quinqua assagit qui n'a rien a prouver. Un album bien au dessus de mes espérences.
Un peu déprimé également par certains coms. Comment s'attendre à un nouvel Appetite 20 ans après ? Attendez vous encore un nouveau KOT7K d'Helloween? Un Dr Feelgood II, un nouveau Kill'em All, un calqué de 7th Son ??? Arrêtez de délirer !
Alors, parce qu'un groupe a sorti LA PERLE DES PERLES, il faudrait automatiquement chier sur la suite de sa discographie ? Ce sont les mêmes commentaires stériles sur les chros de Motörhead: "Ouais, mais c'est pas The Ace of Spades... c'est pas The Ace of Spades.... The Ace of Spades....!"
Est ce que l'on est en droit d'emettre un avis objectif sur un album sans être obligé de le comparer à un autre, sorti 20 ans plus tôt ?
Voila à un album propre sur lui et techniquement au poil. Mais où est l'étincelle ? Aucun titre ne se détache. On a un Hard rock bien léché, mais mon Dieu que c'est plat. C'est un comble quand on pense à ce qu'ont fait les Guns avant. Comme quoi, prendre son temps n'est pas un gage de succès.
Personnellement, je l'ai vraiment bien apprécié cet album. Très varié, de bons morceaux avec quelques chouettes passages. Axl est vocalement au top, j'ai même été surpris en terme de performances où par moment il monte dans des aigues plus pop qu'a l'accoutumé, présentant une tessiture de voix vraiment inhabituelle et élégante.
L'album est certes assez moyen, mais Axl a quand même une putain de voix, (ré)écoutez This I love qui est une merveilleuse chanson.
D'ailleurs dans ma vie, c'est la seule chanson qui m'a fait pleurer.
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