La bouteille d’oxygène bien profonde dans l’anus ou plus communément appelé
Hardcore Anal Hydrogen est un véritable G.E.N.I (Groupe Extravagant Non Identifiable) dans un univers musical si vaste. Son manque total de sérieux et ses influences multiples parfois sorties d’une dimension parallèle rendent nos monégasques aussi imprévisibles qu’inquiétants. C’est aussi ce qui fait le charme (parfois douteux) de la formation ainsi que sa force (moins douteuse) depuis maintenant 12 ans. Et avec
Pryapisme, le quatuor partage la palme de d’expérimentation et de l’explosion orificielle mélodique.
Notre jolie bande nous avait adressé quelques années plus tôt une belle torgnole dans la tronche, à savoir
Hypercut. Toujours dans un style indéfinissable qui intègre bien entendu de l’électro avec du grind avec des soupçons de jazz, sonorités 8-bits, baroque ou encore de musique progressive, HAH avait parfaitement su incorporer son ménage à plusieurs dans son paysage absurde pour un orgasme final subtil. C’est désormais dans une ambiance spatiale et martienne que nos musiciens reviennent avec
Chimaera Monstrosa cinquième du nom.
Pour cette parution, les Monégasques ont malheureusement du mettre fin à leur aventure avec
Apathia Records, qui a cessé toute son activité, du principalement à un manque de temps et à des difficultés financières qui se faisaient clairement ressentir. C’est donc en autoprod comme à ses débuts que cette cinquième offrande a vu le jour.
Ce qui saute déjà aux oreilles lors que l’on s’imprègne de ce nouveau HAH (on pourrait vraiment croire qu’il s’agit d’une marque de shampoing), c’est cette lourdeur, ce gras qui nous écrase tel un rouleau compresseur, ce qui fait opposition à
Hypercut qui se voulait bien plus mélodieux, malgré quelques passages acérés. Le groupe n’en oublie pas son humour légendaire où le repas composé de Quatre Quart Au Thon se verra accompagné d’une musique au saxophone séduisante (Sax
Crusher).
Cette imposante prestance, on la retrouve dans des compositions telles que
Failure In Progress où le groupe nous bombarde de plusieurs bass drop et de martelage de manches à nous en couper l’érection tant celui-ci se veut démonstratif. Pour le cas de Narakas, c’est plutôt au niveau des grattes que le son se veut plus incisif, même si le morceau nous proposera un passage plus atmosphérique et orientale, à la croisée d’une prière spirituelle.
Les vingt-et-une secondes de Akrikhr seront frénétiques, avec notre lapin crétin en guise de vocaliste toujours aussi furieux et prêt à en découdre face à la race humaine. Le quatuor monégasque en viendrait même à se transformer parfois en clone, à l’instar de d’Annuit Coeptis où les chœurs ainsi que la rythmique plus lente nous plongerait dans le dernier né d’
Igorrr ou Sax
Crusher où la palette jazzy nous remémore les récents travaux de DRH.
Les Monégasques nous invitent régulièrement aux saveurs d’orient et à la chaleur de ses dunes de sable. Si dans
Hypercut, ces sonorités n’étaient présentes que dans Charme Oriental, elles étaient en revanche au cœur des travaux de
The Talas of Satan. Cependant, sur
Chimaera Monstrosa, les résonances ont quelque peu de mal à se renouveler. Là où notre quatuor a toujours réussi à combiner tout une orgie de styles musicaux, nos musiciens montrent leurs premières limites. Fort heureusement, l’oxygène hilaire nous laisse avec un final exceptionnel LES-1, une prestation proche de la cinématographie, mystérieuse et bandante qui saura nous faire oublier ces quelques petits accidents de parcours.
Chimaera Monstrosa est un produit 100% pur beurre d’
Hardcore Anal Hydrogen. Toujours dans sa bulle d’excentricité, le quatuor monégasque continue à nous régaler avec sa recette onctueuse et sans complexe. Il est d’autant plus vital que ce nouveau plat de résistance vous donnera un bon gros fou rire dans une période aussi délicate que pénible. Même s’il est moins mémorable que son prédécesseur, la faute à un assaisonnement épicé un peu trop prononcé, cette cinquième proposition s’avère tout de même convaincante.
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