Il y a d'abord ce premier riff qui attaque les oreilles, comme une rafale de vent nocturne sur un visage. Simple, efficace, mélodique et froid. Et qui annonce directement la couleur. Bienvenu dans l'univers de Darkenhöld, groupe niçois né (notamment) des cendres d'
Artefact et qui n'a pour seul but que de ressusciter la scène Black mélodique de la seconde moitié des années 90.
Et c'est immédiatement palpable dès ce premier riff dont je vous parlais plus haut, car il semble comme sorti du "
Ravendusk In My
Heart" de
Diabolical Masquerade. La même assise, la même lancée, suivie par un chant dont on se prend presque à croire que c'est Blakkheim en personne qui tient le micro. Tout, jusqu'au titre du morceau lui-même, se veut un hommage. Mais jamais une simple copie.
Car depuis "
Echoes from the Stone Keeper", leur deuxième album, Darkenhöld a affiné son style. Bien sûr, les influences de "
Castellum" sont évidentes et sauteront immédiatement aux oreilles des fanatiques du style :
Diabolical Masquerade bien sûr (l'intro de "L'Incandescence Souterraine" sonne comme une suite inavouée au "Under
The Banner Of The
Sentinel" du suédois),
Wallachia, le
Abigor de "Nachthymnen", le
Ancient de "Svartalheim"... Pour tous ceux qui se prosternaient devant l'autel du Black metal entre 1995 et 1999, "
Castellum" a tout d'une cure de jouvence.
Le groupe a fait le choix d'abandonner les thématiques de fantasy que l'on trouvait sur ses deux précédents albums pour choisir de s'intéresser à des thèmes plus classiquement historiques. Cela passe notamment par un changement au niveau du langage, avec le choix d'un chant alternant français et anglais. Et la sauce prend plutôt très bien, au point que l'on se met à espérer que le groupe se laisse une fois tenter à un album entier dans la langue de Molière. Car les textes sont bien écrits, ciselés à l'extrême, complémentant habilement la musique. Et, qui plus est, remarquablement interprétés : on sent dans la voix de Cervantès un amour du genre, un plaisir communicatif à interpréter ce genre de musique.
La musique, justement, est un parfait mélange de tout ce que pouvait proposer le Black
Metal dans la période citée auparavant. Des riffs à la fois puissants et mélodiques, des arrangements médiévaux particulièrement réussis (le pont dans "le Souffle Des Vieilles Pierres" est un petit bijou du genre comme on n'en avait pas entendu depuis bien longtemps), des claviers atmosphériques ou épiques sachant se faire discrets lorsque c'est nécessaire, et une batterie bien guerrière.
Si les deux albums précédents du groupe se voulaient plus des hommages à une époque musicale perdue (et qui, malheureusement, semble aujourd'hui assez oubliée alors que l'on nous noie toujours sous plus de groupes
War True Barbaric
Orthodox Sick
Ritual Cascadian Black/Death Mes Couilles), "
Castellum" montre un visage différent de Darkenhöld. Différent, mais toutefois dans la droite lignée de leurs précédents efforts. Album de la maturité, "
Castellum" est surtout 42 minutes de plaisir qui se ré-écoute en boucle sans que jamais le déplaisir ne pointe le bout de son nez.
Des albums de cette trempe sont trop rares de nos jours (de tête, je citerais encore
Aorlhac dans les groupes capables de reprendre ces vieilles recettes à leur propre sauce),et c'est peu dire que "
Castellum" est la meilleure surprise du genre de cette rentrée.
Alors ne boudez pas votre plaisir et revêtez votre plus belle cape... Fermez les yeux... Vous êtes en 1996... "
Ravendusk In My
Heart" est album du trimestre dans Metallian Magazine n°4... Vous entendez le premier riff... Vous marchez dans une forêt sombre, le soir tombe... Au loin, les ruines d'un château apparaissent entre les arbres... Vous avez atteint votre destination.
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