Le premier album c'est un peu comme le passage à la majorité pour un groupe. On nous ouvre de nouvelles portes et on existe enfin aux yeux du monde. Avec ce "
A Passage to the Towers", Darkenhöld nous offre un album d'une richesse et d'une qualité telles qu'il restera gravé dans les esprits de beaucoup pour toujours et à jamais comme une merveilleuse découverte. J'ai pu me frayer un passage vers ces tours et ce que j'y ai vu vous ne le verrez certainement jamais autrement qu'en écoutant cet admirable premier album d'un groupe qui a visiblement beaucoup à donner.
Comme à mon habitude on commence par quelques mots sur la pochette qui, et c'est le moins que l'on puisse dire, est vraiment une très belle œuvre. Des couleurs pastel très bien choisies et un logo simplement magnifique. Le tout n'est pas trop chargé et reste tout de suite en tête. Il n'y a pas à dire, pour un premier contact avec cet album c'est vraiment réussi.
Je me souviens, c'était il y a quelques mois, il faisait nuit et j'avais froid. Alors que j'écartais les buissons épineux pour me frayer un passage vers un ailleurs, je vis deux tours s'élever face à moi. N'ayant nulle part où aller et cherchant l'hospitalité pour la nuit, je me risquai à pousser les portes de cet étrange domaine. C'est une vilaine goule qui m’accueillit. Pour le moins troublé par son apparence malsaine, j’eus hésité un instant à poser le pied dans cette grandiose demeure, mais le vent glacial et les hurlements torturés des loups me semblaient, à cet instant, être une plus grande menace. La curieuse créature me fit signe de la suivre. Intrigué et peu rassuré, je m’exécutai prudemment et fus étonné de me retrouver dans un grand salon, bien entretenu, décoré avec soin et chauffé au bois. Mon hôte me tira une chaise et me demanda de m'assoir. Cela faisait de longues heures que je ne m'étais pas accordé de répit, sa proposition fût alors la bienvenue. Maintenant, j'étais confortablement installé. La beauté de la pièce me fit oublier l'espace d'un instant mes peurs et mes doutes. Je ne sais pas combien de temps j'ai bien pu rester absorbé par ce magnifique tableau pastel aux teintes bleu nuit et orangées, mais lorsque je me détachai de son charme, la goule avait disparu. Elle semblait avoir laissé à mon attention quelque chose sur la table, c'était un disque. Intrigué et comme attiré par celui-ci, je décidai d'ouvrir mon baladeur pour l'y insérer. Je mis mon casque sur les oreilles et me laissai emporter par les vagues oniriques....
...C'est bon, j'ai pété mon petit câble maintenant je peux vous parler de ce "
A Passage to the Towers" pour lequel je ne taris pas d'éloges depuis le début de cette chronique. Si le premier contact visuel a été une vrai surprise, les premières notes de cet album le sont tout autant. L'introduction est très belle et on ne s'y trompe pas, l'univers médiéval/fantastique est illustré d'office par les chœurs masculins, la guitare sèche et le clavier. Il ne pouvait pas y avoir plus belle manière d'ouvrir ce premier opus. Et c'est avec le premier morceau, "
Ghouls And the
Towers", que Darkenhöld se dévoile à nous pour la première fois. Les influences
Immortal ou
Lord Belial sont immédiatement audibles et on remarque même d'importants points communs avec le groupe français
Artefact. Ce n'est pas un hasard, car Aldébaran (guitare), a, avant de monter Darkenhöld avec Cervantes (vocals) en 2008, été l'un des membres fondateurs d'
Artefact. On est tout de suite moins étonné d'avoir entre les oreilles un si bon premier album, ce gars là a de la bouteille derrière lui (et pas n'importe laquelle, un Château Latour !.... Un jour j’arrêterai les jeux de mot foireux dans mes chroniques.)
Le disque passe à une vitesse incroyable malgrès ses 40 minutes et pourtant, comme pour chacune de mes chroniques, l'album à été écouté une bonne dizaine de fois. Difficile de s'en lasser, la diversité des ambiances et le charme de l'univers Darkenhöld sera toujours un bon argument pour faire tourner cette galette. La richesse des compositions est l'un des points majeurs de "
A Passage to the Towers", mais pas seulement, il y a quelque chose de plus fort qu'une simple affaire de technicité. Darkenhöld c'est avant tout la promesse d'un voyage dans ce genre d'endroit où le temps est une notion faussée et où les sentiments se matérialisent sous nos yeux... c'est bien de ça dont je parle, le rêve. La production de l'album est, d'après moi (ai-je vraiment besoin de le dire?), sans faille. C'est tout à fait ce qu'il fallait pour ce groupe.
Les échanges guitare clean/saturée et les balades renforcent cette sensation d'avoir été entrainé de force au beau milieu d'un songe onirique. Les amateurs des groupes
Insomnium et Be'Lakor seront particulièrement sensibles à certains passages de "Cleaving the
Ethereal Waves" et sa balade chuchotée tandis que les amateurs de groupes comme
Immortal,
Bathory ou même
Dissection devraient trouver leur compte avec "Marble Bestiary" ou "Crimson
Legions". Mais c'est dans son ensemble que l'on apprécie vraiment le disque.
Et l'album est fini, on en ressort presque comme on se réveillerait d'un rêve. Avec son univers très personnel et attachant, "
A Passage to the Towers" assure au groupe de devenir très bientôt l'un des groupes incontournables de la scène black metal française aux côtés de
Celestia,
Glorior Belli,
Mortifera ou encore
Alcest dans des registres différents. C'est d'une main habile que Darkenhöld signe la promesse d'un bel avenir et l'on prendra toujours plaisir à emprunter ce passage vers les tours. Comment ça j'ai pas fini mon histoire? Je me suis arrêté dans le salon? Ben après je suis mort et ai eu beaucoup d'enfants.
17/20
Nemphis.
Aleevok - Darkenhöld
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