Carved in Stone

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14/20
Nom du groupe Vince Neil
Nom de l'album Carved in Stone
Type Album
Date de parution 1995
Style MusicalHard Rock
Membres possèdant cet album49

Tracklist

1. Breakin' in the Gun
2. The Crawl
3. One Way
4. Black Promises
5. Skylar's Song
6. Make U Feel
7. Writing on the Wall
8. Find a Dream
9. One Less Mouth to Feed
10. The Rift

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Vince Neil


Chronique @ TasteofEternity

20 Novembre 2012

« Un album en rupture sans équivalent dans toute la carrière de Vince Neil »

L’album Exposed dégageait une intensité et un enthousiasme vraiment imparables. Les morceaux s’enchaînaient sans temps mort et on en redemandait. Carved in Stone, son successeur, sorti en 1995, rompt complètement avec cet état d’esprit. En effet au tandem Neil/Stevens, qui nous a permis de replonger dans des racines glam metal sur fond de blues enfiévré par des soli de guitare dignes de la guerre des étoiles, on passe à la rencontre Neil/Dust Brothers, et là, c’est un virage à 180 degrés qui est opéré. Oubliez tout ce que vous avez déjà entendu ayant trait à la carrière de Vince Neil, parce que cet album vous fait pénétrer dans un univers à part entier. Pour vous resituer un peu les choses, The Dust Brothers, c’est un duo, E.Z.Mike et King Gizmo qui se sont fait remarquer par le style de production typé indus bourré d’effets et de samples dans les années 90. Ils ont travaillé notamment, avec les Beastie Boys sur l’album Paul’s Boutique, Beck sur Odelay, mais aussi les Rolling Stones sur Bridges to Babylone et sur la BO de Fight Club tiré du film de David Fincher.

Carved in Stone ouvre la longue marche des albums qui dans la décennie 90 tranche en proposant un son retravaillé et désincarné aux antipodes des productions auxquelles les groupes à la bannière d’un Metal séduisant et festif nous avait habitués. Pour situer le propos, Carved in Stone est moins violent et malsain que le Kill, Fuck, Die de W.A.S.P. (1997), mais tout aussi froid et sombre que le Voyeurs de Two (1998), tentative, aussi vaine qu’intéressante, de Rob Halford pour se réactualiser.

Quelle déception à la première écoute. Tous nos repères sont bouleversés (style, ambiance, production, pochette…), finalement il ne reste plus qu’un seul élément auquel se raccrocher, c’est la voix de Vince, et même là ce n’est plus tout à fait la même chose. Car mélangée à toutes ces sonorités très travaillées, cette voix si reconnaissable a perdu sa chaleur. L’album est très austère, pour ne pas dire grave, et ne se laisse pas appréhender comme cela. Le parti pris de saturer les mélodies d’effets, samples, et autres distorsions, a permis de déployer un son rock froid très heavy (Black Promises & Writting on the Wall en sont les exemples les plus criants), sans être heavy metal à l’instar du Voyeurs de Two, mais encore plus chargé. Il ne groove pas comme Exposed, parce qu’ici le fun est resté sur le pas de la porte.

Pour tenter de trouver un début d’explication à une telle transformation, on peut s’attacher au seul morceau qui vient apporter un peu de douceur et de chaleur à cet album spectral : Skylar’s Song, écrite et produite par Vince Neil (unique single de l’album). Une ballade avec piano et guitare acoustique, qui provoque un contraste saisissant avec tout le reste de l’album, comme une pâle lueur au milieu d’un océan de ténèbres. Cette chanson est dédiée à la mémoire de sa fille, Skylar, disparue tragiquement quelques semaines avant la sortie de l’album. Et là tout s’éclaire, on comprend mieux le ton volontairement dépouillé de toute chaleur, de toute vie, qui règne sur l’album, et cette nécessité de passer à autre chose, pour tenter d’échapper à un tel déchirement. La répétition des samples et l’omniprésence de la distorsion dans le jeu de guitares comme sur Find a Dream semblent témoigner d’une souffrance qui confine au supplice. Tout l’album baigne dans un faux rythme qui trompe l’auditeur, qui attend patiemment un décollage qui n’arrivera jamais.

Cet état de fait n’empêche pas de retenir la présence de deux éléments : qualité et nouveauté. L’album est certes déroutant et complexe du fait de toutes ces sonorités mais il n’en ressort pas moins un tout cohérent qui à défaut d’être puissant, est en tout cas homogène, percutant et inattendu. Vince Neil a fait le grand saut sans aucun doute. Ensuite, entre les scratchs qui apparaissent dés l’opener Breakin’in the Gun, et le solo de saxophone sur One Way, qui impacte bien plus que celui à la guitare qui le précède, en étant à la fois détonnant sans passer pour incongru, on ne peut pas dire que cet album ne témoigne pas d’une certaine prise de risque, en tentant d’allier classicisme et modernité au-delà de la production. Ce disque n’est pas entraînant, parce que son rôle n’est pas de fédérer, au contraire il porte la marque de la séparation ; mais il peut vous emmener sur de nouveaux rivages. Il ne bénéficie en conséquence d’aucun nouvel hymne, ou titre phare, c’est même assez difficile de préférer un titre plutôt qu’un autre étant donné le fait que l’ensemble ne paraît pas se prêter à l’idée de partition, où on prend tout ou on rejette. Et souvent on a tendance à le rejeter très vite, surtout si on a aimé Mötley Crüe. Pourtant cet album est sans aucun doute plus abouti et plus efficace que l’album Generation Swine, qui tentera lui aussi le chemin de l’expérimentation, de la production surchargée d'effets, mais qui sera bien trop inégal pour retenir l’attention des fans, qui ne verront en lui qu’un seul point positif, c’est le retour de leur idole dans son groupe d’origine. Carved in Stone est un album qui s’apprivoise et demande du temps pour vraiment percevoir son sens et sa richesse, même s’il demeure un ovni dans toute la discographie de Vince Neil, avec ou sans Mötley Crüe. La preuve en est l’album live qu’il sortit sous son propre nom, One Night Only, en 2003 ne propose aucun titre de Carved in Stone.

Cet essai ne peut pas se résumer à un banal échec commercial ou une simple impasse artistique. Il porte la marque d’un artiste en deuil, en proie au chagrin et à l’abandon, qui a perdu ses repères et cherche à se reconstruire dans un moment terrible, à l’auditeur d’en prendre bonne note, avant de le brûler.

10 Commentaires

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ELECTRICMAN - 16 Janvier 2020:

Je l'ai acheté à sa sortie, grosse erreur car il ne correspond pas du tout à mon type de came. Celui là je peux dire qu'il est encore neuf dans son boitier.

ZazPanzer - 29 Avril 2020:

Réécoute aujourd'hui de ce Carved In Stone avant de tenter le Tattoos & Tequila qui sera sans doute moins surprenant au vu de son titre... Eh bien les années passant, l'album me semble de moins en moins rébarbatif. Je n'irais pas jusqu'à dire que je l'aime, mais il passe sans problème, ce qui n'a pas toujours été le cas, et je le trouve au final assez interessant. A noter que sur la version japonaise, Skylar's Song est placée en toute fin de tracklist, le sombre ne fait place à la lumière qu'en final.

TasteofEternity - 29 Avril 2020:

Je n'ai pas tenté le Tatoos and Tequila, l'album de covers, ça n'a jamais été une de mes passions, on n'est jamais à l'abri d'une bonne surprise. Je pense au Metal Jukebox d'Helloween, que j'avais trouvé intéressant pour le coup, le Spaghetti Incident, qui n'est pas encore chroniqué sur SOM, quant à lui est honnête, Axl enjoignant son public de se référer aux originaux avant tout. Faut dire que les Guns n'ont pas lésiné sur les covers au cours de leur carrière, Dylan, McCartney, Jethro Tull, Aerosmith, et en live, alors là c'est l'orgie !!!

ZazPanzer - 15 Mai 2020:

J'ai bien aimé le Tequila et le Live au Whisky. Rien de sensationnel, mais plaisir facile, ça s'écoute bien.

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