Sortir de la boue post-Manowarienne a été profitable à la formation sarroise «
Messenger ». Peu distinctive par sa subtilité, renvoyant une image de décérébrés et d’ombre à leur compatriote de «
Majesty », le changement de forme, mais également de fond ont été plus que recommandés et ont pu s’opérer à partir de leur album de 2013 « Starwolf – Pt. 1 ». Le groupe s’est investi pour un concept proche du monde d’Albator, mêlant conquête spatiale et piraterie. Le disque d’ailleurs assume une part volontiers plus power metal que ses précédents, ce qui réussit en tout point mieux à «
Messenger ». Le groupe n’en est point moins tout aussi modeste et caricatural. « Starwolf – Pt. 1 » était juste une bonne surprise qui effaçait quelque peu l’image grossière et pitoyable que l’on se donnait de la formation. Pour remercier l’engouement modeste, mais bel et bien présent en faveur du groupe, «
Messenger » nous rassemble vite fait quelques anciens titres à eux et des reprises dans un nouveau volume, faisant donc plus office de meublage dans la discographie. « Captain’s Loot » nous sert donc du poisson pané pour patienter.
L’objet servi se compose de trois morceaux authentiques, que l’on retrouve tous sur de précédents ouvrages ; suivi de cinq reprises. S’agissant des trois premières pistes, à 100% «
Messenger », «
Sign of the
Evil Master », «
Tod dem DJ » et «
Asylum X-T-C » sont tous trois dans un style à cheval entre heavy metal classique et power metal. «
Asylum X-T-C » était issu de l’album du même nom de
1994, qui n’a guère connu le succès. Il était autrefois composé d’un autre line-up. Nous pouvons cerner une nette différence entre l’ancienne et cette nouvelle version plus vigoureuse, plus aiguisée, mais pas pour autant mémorable. Déjà, l’ancienne version pêchait de son rythme pas à coups et poussif. Ça n’a pas énormément évolué. «
Sign of the
Evil Master » et «
Tod dem DJ » étaient initialement deux pistes bonus de l’album «
See You in Hell ». Le premier s’apprécie pour ses envolées mélodiques, qui avaient préfiguré ce qu’allait devenir plus tard « Starwolf –Pt.1 ». Le second, version allemande d’un titre ayant figuré l’album de 2006 («
Under the Sign ») et l’EP de 2005 («
Kill the DJ !! ») laisse quelque peu à désirer, malgré l’énergie dépensée par le chanteur
Siegfried.
Evoquons les reprises. On retrouve sur l’opus certaines ayant déjà figuré à titre de bonus. « Port Royal » de «
Running Wild » et « Black Bone Song » de «
Zed Yago », deux morceaux pirates et germaniques se sont distingués en pistes supplémentaires sur la version digipack de « Starwolf-Pt. 1 ». Il y avait alors en invités des membres des groupes originaux sur ces deux chansons, ça n’en a aucunement éclipsé les originaux, deux titres majeurs dans le milieu heavy metal, qui ne réussissent que très moyennement au maladroit «
Messenger ». C’est très potable et bien mieux que leur « Dr. Stein » de «
Helloween », qui m’avait bien gonflé sur leur «
See You in Hell », et dont j’avais pu écrire tout le mal que j’en pensais il y a quelques années. Une chose m’avait échappé chez «
Messenger » ; c’est leur vénération pour le grand maître Ronnie James
Dio. Et je dois reconnaître que leurs adaptations de « Don’t Talk to Strangers » de «
Dio » ou encore de «
Kill the
King » de «
Rainbow » ne sont pas répugnantes. Pour le dernier, on peut le comparer avec la reprise faite par «
Primal Fear », et on privilégiera malgré tout sans difficulté le «
Kill the
King » fait par la bande à Sheepers.
Compilation, EP ou album à part entière. Il est dur de trancher sur le statut de ce « Captain’s Loot ». Contenant 8 pistes, pour une durée supérieure de 40 minutes, on serait tenté de le considérer en tant qu’album et non en tant qu’EP. Contenant des titres ayant déjà figuré dans leur discographie, on pencherait plus en faveur d’une compilation, bien qu’il faut faire abstraction de quelques reprises inédites.
Pas clair tout ça. Surtout que le groupe lui-même l’estime comme un album à part entière. L’équipe n’arrivera pas à nous faire avaler la chose comme tel. Il ne faut pas nous prendre pour des bleus non plus. Le volume ne contient déjà trop rien de nouveau ni de très réjouissant. On peut juste acter le grand attachement que porte «
Messenger » à la scène allemande ou à Ronnie James
Dio par ses reprises notamment. Au lieu de planète, on découvre donc un pauvre caillou dérivant dans l’espace. Voilà ce qu’est « Captain’s Loot ». De la perte de temps en somme.
11/20
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