By Blood Sworn

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16/20
Nom du groupe Ross The Boss
Nom de l'album By Blood Sworn
Type Album
Date de parution 20 Avril 2018
Labels AFM Records
Style MusicalHeavy Metal
Membres possèdant cet album24

Tracklist

1.
 By Blood Sworn
 
2.
 Among the Bones
 
3.
 This Is Vengeance
 
4.
 We Are the Night
 
5.
 Faith of the Fallen
 
6.
 Devil's Day
 
7.
 Lilith
 
8.
 Play Among the Godz
 
9.
 Circle of Damnation
 
10.
 Fistful of Hate
 

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Ross The Boss


Chronique @ Hibernatus

19 Mai 2018

Vive les vieux

Il suffit parfois de pas grand chose pour réveiller le barbare qui est en nous. La découverte chez mon disquaire favori du 3e album du vénéré Ross The Boss, « By Blood Sworn », m'a métamorphosé en gigantesque colosse musculeux (ceux qui me connaissent apprécieront), un Hulk vêtu d'un slip-moumoute à peau de bête et vociférant des paroles sans suite : « Signe du marteau sois mon guide, entends mon cri de guerre, j'ai prêté le serment, victoire, victoire, salut et tue, tue avec puissance, MEURS, MEURS » ! OK, OK, je me la joue, je ne suis qu'un gentil garçon et au lieu de me tailler le passage vers la sortie à grand coups de massue, je suis allé poliment au comptoir en sortant ma CB. Mais je n'en pensais pas moins.

Un peu à tort, comme l'a révélé ma première écoute. Bah, j'aurais dû m'en douter, ce n'est pas comme si je ne connaissais pas les précédents albums solo du Boss, ni le reste de son cursus extra-manowarien : le proto-Punk enjoué des Dictators, le Hard généreux et joyeux de notre Shakin'Street national, la protéiforme et jubilatoire musique de Brain Surgeons, l'inclassable groupe du batteur originel de BÖC, Albert Bouchard... Fermement ancré dans le Heavy épique, « By Blood Sworn » ne pouvait tout simplement pas être une simple caricature de la grande époque du Vaisseau de Ligne, tant les talents et la curiosité artistique de son inspirateur sont variés.

Le groupe, avec lequel il tourne depuis deux ans, a été complètement remanié et voit la complète disparition de ses anciens acolytes allemands. C'est a priori surprenant chez un gars réputé fidèle en amitié, comme en témoigne son indéfectible attachement à Shakin'Street (Ross vient d'enregistrer les parties de guitare d'un titre du dernier album solo de Fabienne Shine, paru en février 2018). Mais travailler en étant séparé par un océan n'était pas très pratique et Ross a apprécié de pouvoir préparer le nouvel album avec des gens habitant à côté de chez lui. La collaboration a été intense car les membres du groupe, pour la plupart expérimentés, co-signent chacun au moins un des titres.

Le moins capé du groupe est le batteur Lance Barnewold, le propre neveu du Boss. Bon sang ne saurait mentir, il démontre d'indéniables qualités qu'une production correcte ne met pas assez en valeur. Il participe à l'écriture d'un des sommets de l'album, Lilith, où la subtilité de son jeu tranche avec la relative lourdeur de son prédécesseur, « The German Hammer », sans parler de la pesante frappe columbienne (hail and RIP, Scott, c'était juste pour rire). La basse de Mike Lepond est par contre bien mise en relief : elle structure et illustre les titres avec tout le brio qu'on peut attendre d'un vétéran de Symphony X.

Mais c'est avec le frontman que Ross Friedman « The Boss » a tiré le gros lot. Marc Lopes a chanté dans plusieurs groupes qui n'ont pas atteint le succès et continue en parallèle sa carrière avec Let Us Prey ; ce sont ses tournées récentes avec Ross The Boss et ce présent album qui viennent révéler en pleine lumière l'étendue de son talent. Comme l'illustrent les trois covers de Manowar en bonus tracks du digipack, il est parfaitement à l'aise sur le chant périlleux d'Eric Adams, mais il ne se contente pas de le copier, il le réinterprète. Ses notes les plus aiguës lorgnent d'ailleurs plus du côté de Rob Halford que d'Adams (This is Vengeance). Il sait porter des intonations claires pleines de chaleur et d'émotion (Faith of the Fallen, Lilith), gronder sauvagement (We are the Night), grimper dans des échappées stratosphériques et surtout surfer aisément sur chacun de ces registres en fonction des exigences de lignes vocales parfaitement agencées.

Est-il vraiment utile de parler de la guitare ? C'est pas pour rien que c'est le Boss. Schématisons à l'extrême : des riffs plutôt simplistes exhalent une puissante énergie qui permet à Ross, sans déperdition aucune, de remplir les multiples breaks et ponts qui émaillent les titres par ses inspirés leads, soli et divers florilèges qu'il serait fastidieux de décrire un par un. La guitare structure tout l'album sans jamais se montrer dominatrice et écraser l'expression des autres musiciens. Impériale sans être impérialiste. Quand on est bon, inutile de le démontrer, ça se voit. Comme il le dit, « tout ce que demandait la musique, je l'ai donné à la guitare ». Ni plus ni moins.

Alors bien sûr, il y a du Manowar dans cet album, une première écoute peu attentive ne relèvera que ça. L'éponyme By Blood Sworn, This Is Vengeance, Fistful of Hate ne peuvent qu'évoquer les brutales pulsations des hymnes de nos guerriers légendaires. Pourtant... La mélodie de By Blood Sworn est par moment bien fluide et veloutée, notamment sur le refrain ; et ce clavier qui adoucit les angles sans être omniprésent : c'est un peu du Dio qui ressort. Et la speederie This Is Vengeance n'est finalement pas sans rappeler le Priest à notre bon souvenir ; avec encore Dio sur le break. Dio, toujours sur We are the Night.

Non moins manowarien est le sombre Devil's Day, avec son refrain hymnique : « I am the true destroyer / I am the Way / Blood, death, wrath, destruction / It's devil's day » ! Oui, mais la musique ? Loin d'être du Manowar classique, c'est celle des tout débuts, celle de la face A de « Battle Hymn », encore imprégnée de Hard Rock.

C'est peut-être la clef de cet album : à un degré plus ou moins important, un groove typiquement Hard anime la majorité de ses titres. Sur le riff entraînant d'Among the Bones (ah, encore du Dio, aussi, voire du Rainbow), sur le refrain, la mélodie et le solo de Play among the Godz, en dépit d'une ouverture aux accent Indus et d'échappées vocales Heavy. Et sur le plus typé Hard Rock de tous, sans mélange et pur jus, le joyeusement enlevé Circle of Damnation, où le jeu de basse de Lepond n'est pas sans évoquer celui de Phil Lynot.

Reste à évoquer deux morceaux atypiques, mais parfaitement intégrés dans l'album. Faith of the Fallen est une belle et sensible power ballad, qui ne restera pas forcément dans les annales, mais qui est la première véritable incursion de Ross The Boss dans ce genre exigeant. Relevons une belle intro acoustique émaillée des sonorités hispanisantes qu'apprécie le Boss (le final de Matador, dans « New Metal Leader », l'envoûtant Strange Like Me de Brain Surgeons) et de légères touches de piano par lesquelles le Patron nous rappelle qu'il a été tout gamin un petit prodige sur cet instrument (ainsi qu'au violon, excusez du peu).

Last but not least, le plus long titre de l'album, Lilith, nous surprend et nous régale de ses accents Doom. Ouvert et fermé sur une basse hypnotique de Lepond, il se dévide sur un mode grinçant : le riff est lourd, la voix oscille entre le menaçant et le poignant. Le break libère l'énergie retenue, avec un Lopes qui se lâche. Aux aguets, le Boss envoie du bois, et Lepond reprend sa sourde antienne initiale, rehaussée d'un lead de guitare sur lequel meurt le morceau. La pièce le plus personnelle de l'album.

Le père Friedman n'oublie rien, ne renie rien. Laissons les esprits grincheux et hâtifs ne voir ici que du Manowar-like. L'album est infiniment plus riche. « By Blood Sworn » est une superbe illustration du revival Heavy épique tant à la mode en ce moment et auquel le Boss prête sa guitare de temps en temps (sa contribution à Crystal Viper, par exemple). À ceci près que Ross a pleinement participé à la naissance de la légende et qu'il ne se limite pas à sa simple répétition. Plutôt que de vous recevoir une trempe de la part de Hulk, le Super-Zéro que je suis, laissez-vous aller : sans arrière-pensées, prenez dans la tronche les mandales musicales, inventives et joyeuses du grand Ross. Et appréciez, c'est un ordre ! Vive les vieux, bordel !

6 Commentaires

19 J'aime

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ilugtod - 22 Mai 2018:

Bon... C'est le chant qui ne passe pas pour moi... Trop criard, trop forcé. Je trouve qu'il a trop voulu faire du manowar sans en avoir la capacité.

ZazPanzer - 28 Mai 2018:

Merci Jean-Luc ! Bel enthousiasme ! Pas forcément intéressé par les activités studio de Ross en mode Manowar sans Manowar, je préférerais le voir live... Par contre la ligne sur Brain Surgeons et Albert Bouchard m'interpelle carrément, il faut que je trouve le temps de creuser ça... Hail !

Hibernatus - 28 Mai 2018:

Merci beaucoup!

@JeanEdernDesecrator : y'a pas de mal à se faire du bien!

@eclectic : si tu as apprécié Plague of Lies du 1er RTB, tu devrais vraiment jeter une oreille sur "Denial of Deat" de Brain Surgeons, elle en vient (ainsi que Constantine Sword).

@ilugtod : encore une démonstration que les parties vocales éveillent en nous quelque chose de très personnel. Je conçois que tu puisses ne pas aimer, dommage, pour moi ce chanteur est excellent.

@Zaz : Je ne connaissais Brain Surgeons que de nom avant d'entamer ma chro et je suis allé écouter (pas grand chose sur UT) avant d'acheter presque à l'aveugle le "Denial of Death". Résultat: je suis en train de me commander toute la disco (#jesuisfaible). "Denial of Death" est terrible, mais "Black Hearts of Soul" est intéressant car c'est une compil qui retrace toute la discographie antérieure du groupe, avec quelques covers de BÖC. Tu peux foncer les yeux fermés.

samolice - 09 Juin 2018:

Merci pour la chro JL. Ayant écouté 3 titres sur YT, j'avais été peu emballé par le chant, pour dire les choses gentiment. D'où ma surprise lors de l'écoute du cd - en ta compagnie oh grand Hulk - de constater que le chant passait plutôt bien. J'ai toujours pas compris.

En plus, j'avais pas compris non plus que Lepond faisait parti du groupe et ça c'est un atout important pour un fan de Symphony X comme moi.

Bref, l'écoute du skeud en format physique m'a plu et m'a donné envie de m'acheter le disque lorsqu'une occasion prochaine se présentera. Donc MERCI.

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