Bukowski

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17/20
Nom du groupe Bukowski
Nom de l'album Bukowski
Type Album
Date de parution 23 Septembre 2022
Labels At(h)ome
Style MusicalStoner
Membres possèdant cet album7

Tracklist

1.
 From Above
 04:20
2.
 Breathin' Underwater
 06:49
3.
 Crossroads
 03:37
4.
 NCFYC
 05:29
5.
 The Third Day
 01:45
6.
 Arcus
 05:32
7.
 Vox Populi
 04:48
8.
 My Claws
 04:41
9.
 Stolen
 04:03
10.
 Vertical
 05:13
11.
 Uncool
 04:35

Durée totale : 50:52

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Bukowski


Chronique @ JeanEdernDesecrator

24 Septembre 2022

Joué avec de l'âme

Cela fait longtemps que ce groupe formé en 2007 est dans le paysage rock/metal français. Remarqués dès 2009 avec le stoner vivifiant de son premier album "Amazing Grace", le clan Bukowski, emmené par son guitariste chanteur Mathieu Dottel et son frère Julien Dottel à la basse, avait pour premier titre "Bro, You Save Me…", tout un symbole.
Le 17 octobre 2021, les membres de Bukowski annonçaient la terrible nouvelle du décès de leur bassiste Julien Dottel. Un sixième album avec Julien, commencé en septembre 2020 au Vamacara Studios et bouclé en mai 2021, était prêt à sortir pour cette année 2022. Un clip, celui de "Crossroads" venait d'être tourné avec lui. Le groupe s'est posé des questions difficiles : faut-il assurer quand même les concerts prévus là tout de suite, Bukowski peut-il continuer dans ces conditions ? Et de répondre par l'affirmative après une réflexion intense, d'aller de l'avant et de traverser cette épreuve ensemble. Ce nouvel LP sobrement nommé "Bukowski" , le dernier avec Julien, est sorti le 23 septembre 2022 sur le label AT(h)OME.

Bukowski poursuit son évolution, bien éloigné de son stoner speedé des débuts. D'un coté il devient plus varié, en explorant un large éventail de styles, mais reste cohérent avec des chansons qui gardent une direction claire. Le combo montre un visage tortueux et introspectif, qui peut surprendre de premier abord, et ne se laisse pas approcher facilement. L'album est dense et lourd, sombre et désespéré, beaucoup de choses se passent, et on navigue à travers des émotions différentes, de la nostalgie à la rage. C'est joué avec de l'âme, presque de la soul dans le texte (l'intro toute en chœurs de "Breathin' Underwater", puis le break carrément gospel sur lit d'orgue), à l'image de la résilience qu'il faut pour porter certains fardeaux émotionnels. Il y a un coté nostalgique dans certains arrangements : le début de "NCFYC" sent le grenier de manoir hanté, et le morceau continue dans une veine grunge à la Alice In Chains. D'autres ambiances parsèment l'album, comme sur "Arcus" qui repose sur un lit de claviers à la Blade Runner et un pattern rythmique minimaliste. Une autre spécialité de Bukowski, c'est de faire bifurquer les enchaînements d'accords d'une manière inattendue (le refrain poignant de "Vox Populi"), et on se fait prendre au jeu de manière assez jouissive… et plusieurs fois !
Le quatuor met parfois le pied sur l'accélérateur en gardant les mélodies bien présentes, entre rock alternatif et neo metal (les chœurs qui répondent à contretemps un peu à la Slipknot sur "Crossroads"), ou se permet de la faire court, comme avec le dissonant "The Third Day" qui ne dépasse pas 1 minute 45. Lorsqu'ils partent dans le versant metal, souvent en fin de morceau, c'est franchement, avec de gros sons de grattes velus, et du scream écorché ("Breathing Underwater", "NCFYC", "Arcus", "Vox Populi",…).

Le coté rock direct pour lequel le groupe est renommé n'est pas laissé complètement de coté, on le retrouve par moments, sur "My Claws" qui avance sur un mid-tempo soutenu. Il y a un bon contingent de riffs heavy (le break de "My Claws", encore) pour faire lourdement hocher les têtes. En outre, le stoner fait juste un petit retour sur "Stolen", en mode bluesy poussiéreux. L'album se finit en demi-teinte avec des morceaux plus difficiles à cerner. C'est lorsqu'il reste un peu stagnant et entre deux eaux que Bukowski s'enlise un peu à mon goût ("Vertical" qui ressemble à une mélancolie de lendemain de cuite). Cela n'empêche que l'envie de réécouter est là, dès que la musique s'arrête, car il y a des idées qui interpellent un peu partout, des riffs et des lignes de chant qui se sont déjà ancrées.

La production est à la fois massive et détaillée pour mettre en valeur les arrangements soignés, avec une chaleur sonore qui permet de coller à toutes les ambiances distillées. La guitare de Mathieu forme avec la basse de Julien un mur de jungle dans lequel on prend plaisir à se perdre. Le son de guitare porte parfois en bandoulière un twang façon Telecaster, surtout en mode crunch (les couplets de "From Above").
Le chant de Mathieu, très volubile, a toujours été une des forces de Bukowski, et a beaucoup évolué depuis ses débuts, sa tessiture prenant des reflets métalliques avec les années. Sur ce sixième album, il monte d'un cran en puissance et en agressivité, se teinte d'accents à la Greg Puciato (Dillinger Escape Plan), autant dans le chant mélodique, les chœurs que les screams, sans que ce soit trop voyant. Il y a aussi des petits relents de Rob Flynn (Machine Head) lorsqu'il puise dans les graves rugueux. C'est sa meilleure performance vocale en studio à ce jour, à mon humble avis. La basse de Julien Dottel a un son très rond, un peu à la Gojira en moins saturé, qui bétonne lorsque son frère part dans les aigus à la six-cordes ("My Claws"). A la batterie, Romain Sauvageon, arrivé en 2019, fait le lien entre tous les éléments, varie les rythmiques de manière très efficace pour coller à l'énergie du moment, avec des roulements et des breaks impactants.

Jusque-là, je n'accrochais pas trop à Bukowski, que je trouvais un peu trop middle of the road, comme on dit au pays de l'oncle Sam, et ce nouvel album m'a bien fait changer d'avis, avec un niveau d'intensité bien relevé. Sombre, profond, et énergique, il est aussi pleinement abouti. Il me donne l'impression d'aller plus dans les extrêmes : plus sensible dans les mélodies d'un coté, et plus méchant et ouvertement metal d'un autre coté. Certains fans pourront être un peu déboussolés, mais je trouve ce Bukowski là plus convaincant, et persuasif. Sur scène, c'est Max Müller (guitariste de Full Throttle Baby) qui hérite du rôle de bassiste, jouant sur le backline de son ami. Sur la pochette de "Bukowski" réalisée par Zariel, la lumière se fait une dernière fois sur Julien Dottel, une couronne en guise d'auréole…

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