Depuis «
Mirror of Retribution »,
Chthonic montre une constance à toute épreuve, à raison d’un album tous les deux ans et d’une signature méritée chez Spinefarm. C’est un fait, les Taïwanais ont conquis l’Europe grâce à leur black/death symphonique teinté d’éléments asiatiques. Un style de metal que le groupe lui-même s’amuse à appeler « orient metal ». Il faut dire que le quintet a sa propre identité et un concept que lui seul peut proposer. Chaque album est un véritable cours d’histoire vu qu’on nous raconte les événements qui ont fait de Taïwan le pays que nous connaissons actuellement.
Chthonic avait entamé une trilogie avec «
Seediq Bale » concernant les nombreuses guerres et événements ayant chamboulé la vie paisible des Taïwanais. Avec « Bu Tik », un nouveau chapitre s’ouvre cette fois-ci avec l’histoire du
Massacre 228, ce chiffre faisant référence au jour où l’incident a commencé (le 28 février, de l’année 1947).
Si le terme « Bu Tik » paraît nébuleux pour ceux ne maîtrisant pas les langues asiatiques, le groupe nous le traduit à sa façon par : « violence vertueuse » ou « défense justifiable ». Ces termes se font davantage comprendre avec le morceau « Defenders of the Bu Tik
Palace », sur lequel le concept s’explique. En effet, le palais Bu Tik était utilisé en tant que quartier général par les Japonais en 1930 pour endiguer une révolte seedeq (un des groupes aborigène de Taïwan). En 1947, ce palais a aussi été utilisé par l’armée taïwanaise lors du massacre où de nombreuses personnes se sont battues contre la dictature chinoise. Il s’agissait du plus gros mouvement pour l’indépendance de Taïwan.
D’un point de vue musical, on comprend la direction empruntée par le groupe. Dans le fond, « Bu Tik » se situe dans la même ligne de conduite que «
Takasago Army », mais dans la forme, on se retrouve avec un ensemble plus tourné vers le death, moins black et moins folk, mais plus symphonique et épique. Ainsi, si l’introduction instrumentale, très traditionnelle, met en avant des violons impériaux, «
Supreme Pain for the
Tyrant » montre bien le chemin vers lequel se dirige
Chthonic. Rageur, dynamique mais aussi mélodique, Freddy Lim nous offre de nouveau une alternance de vocaux (avec une préférence pour le growl death cependant) et nous gratifie de son erhu si caractéristique, avec sa mélodie bien asiatique, pendant un refrain plus posé. « Sail into the Sunset’s
Fire » joue davantage sur des riffs tantôt death, tantôt black, et les solos, tout en mettant en valeur la qualité et la puissance des orchestrations. «
Next Republic » fait pâle figure à côté, car seuls les chœurs du refrain semblent réellement attirer notre attention.
La suite de l’opus possède de bons moments mais aussi des moments plus plats, la faute à un manque d’éléments marquant les titres au fer rouge. En cela, certains morceaux passent totalement inaperçus comme « Between
Silence and Death » ou «
Resurrection Pyre » malgré une exécution carrée et quelques samples de crépitements de feu. Ca ne suffit malheureusement pas car
Chthonic nous a toujours habitués à un petit quelque chose qui fait qu’un titre se différencie d’un autre. Mais ce petit quelque chose il ne l’a pas abandonné, en témoignent les premiers titres décrits ainsi que le destructeur « Defenders of Bu Tik
Palace » qui montre tout le talent et la force des Taïwanais. Un ensemble efficace qui suit une logique bien précise, entre un départ plutôt sombre entraîné par un sitar chinois et une suite extrêmement riche où on découvre un panel diversifié d’éléments musicaux, comme les instruments traditionnels (sitar, erhu, flute), la variété du rythme et des riffs mais aussi du chant, Freddy laissant sa place à Doris Yeh (bassiste et leadeuse du groupe) dont l’empreinte vocale apporte un charme indéniable et rappelle un titre comme « Quasi
Putrefaction ».
Produit par Richard Bengtson aux Sweetspot Studios suédois, ce septième méfait n’est pas fondamentalement excellent mais montre un groupe taïwanais infatigable et toujours en grande forme qui se dirige de plus en plus vers le death metal et qui laisse peu à peu son black metal du début. Ce changement n’est pas à voir comme un mal mais plus comme une évolution logique car
Chthonic traverse les âges et fait évoluer ses concepts. Dommage toutefois que tous les morceaux ne soient pas aussi prenants et émotifs qu’un «
Seediq Bale » ou qu’un «
Takasago Army ».
xD
Je suis mort de rire tout seul dans mon bureau, j'y avais même pas pensé :')
Sinon mis à part ça par rapport à l'album, ben je l'ai pas écouté. Le fait qu'ils évoluent encore (plus death et moins black, plus sympho), est une bonne chose, afin qu'ils ne stagnent pas. Après je donnerai mon avis quant à la qualité plus tard.
(sinon niveau notation, je serais plutôt d'accord avec Matai, sa chronique reflète bien une note de 15)
Cela étant dit vous trouver pas que sens l'influence de arch enemy notament en ce qui concerne les solo ?
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