Après un premier opus peu novateur mais bien foutu, alliant les saccades précises de Dino Cazares et le blast détonant de Tim Yeung, le groupe
Divine Heresy donna l’occasion au méconnu Tommy Vext de laisser s’échapper sa voix aussi dynamique que mélodieuse. Du metalcore/death mélo comme on en voit plein me direz-vous… Certes, mais c’est tellement bien foutu qu’on ne pouvait renier le dynamisme du premier album
Bleed the Fifth. Et qui pouvait passer à côté du nouveau groupe de Dino Cazares qui, après son (monstrueux) projet mexicain
Asesino, est revenu aux States nous pondre un projet purement commercial comme il l’a lui-même dit ?
Avec des titres mémoriaux comme "
Bleed the Fifth", "
Savior Self" ou encore "
Failed Creation", le premier album de
Divine Heresy avait enterré le dernier de
Fear Factory et remis Dino Cazares sur le devant de la scène. Mais après un conflit avec Vext, le guitariste/bassiste décida de trouver un nouveau chanteur et tomba sur le sympathiquement méconnu Travis Neal. Il assigna également Joe Payne au poste de bassiste définitif (on va dire 'actuel', rien n’est jamais définitif avec ce bon vieux Dino).
Voici donc le nouveau venu
Bringer of Plagues et après l’écoute du titre "
Facebreaker" apparu en tant que mise en bouche sur leur site officiel, le choc était bien présent et complètement inattendu. Nouveau chanteur, nouvelle musique : du death technique ultra-technique, à moitié saccadé à moitié mélodique. Le titre m’a complètement émoustillé. J’attendais de plus belle l’album en entier… pour être au final extrêmement déçu ! Okay, le son est exemplaire, les saccades de Cazares n’ont jamais été aussi précises, la double grosse caisse inhumaine de Yeung est à tomber et la voix du nouveau venu Neal est proche de Vext en étant toutefois plus harmonieuse. Seulement voilà… qu’est-ce que c’est monotone ! C’est plat, toujours pareil et après deux ou trois titres, on est vite lassé. Autant le premier titre était hallucinant de technicité et de puissance, autant le reste de l’album est d’une platitude sans nom.
Autre gros défaut, rien n’est vraiment calé. Les saccades de Dino ne collent pas toujours avec le blast triggé de Yeung et celui-ci fait donc défaut. Même chose pour le chant qui, malgré un très bon débit, ne parvient jamais à trouver sa place, la faute au frontman Cazares qui compose tout seul la musique dans son coin et laisse son nouveau protégé devant un choix peu cornélien…Ainsi, le refrain de "The Battle of J. Casey" ressemble à du post-
Bullet For My Valentine gnan-gnan et "Redefine" à du vieux
Trivium mêlé à du Fear période Obsolete. En vérité je vous le dit, un bon chant death bien guttural aurait apporté quelque chose de plus dévastateur que ce chant mi-mélo mi-criard qui n’est définitivement jamais au bon endroit.
Le reste sent le réchauffé flagrant de
Fear Factory, le plus souvent à cause de parties saccadées trop identiques et des breaks de batterie omniprésents. L'album est pas mauvais en soi, mais il n'a aucune identité, comme si le groupe se cherchait encore. Il y a trop de petites choses qui deviennent très vite de gros défauts, s’entrechoquant maladroitement pour n’être au final que ce que les connaisseurs appellent familièrement « du Dino Cazares », puant l’égocentrisme et la facilité. L’album aurait pu en être épargné et aurait pu être à l’image de l’étonnant "
Facebreaker", bien rentre-dedans, technique et surprenant. Mais on aurait droit à du death mélo tiédi, même avec des pistes sympathiques comme "
The End Begins" (titre final plutôt accrocheur) ou "
Darkness Embedded" (entièrement mélodique sincèrement bien foutu).
Trop de saccades identiques, un manque de cohésion entre les différentes parties (et surtout les différents instruments), une monotonie grandissante à chaque nouvelle écoute et une trop grosse diversité des styles musicaux font de ce Porteur de peste une déception venant d’un groupe qui avait de l’avenir devant lui. Décidément, Dino Cazares n’arrivera jamais à effacer son passé dans
Fear Factory, la preuve en est avec cet album réchauffé et son retour au sein de FF, accueilli de façon mitigée, comme un retour aux sources manqué.
Vext était aussi beaucoup plus à l'aise à la place de chanteur que Travis Neal...
Sinon très bonne chronique !
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