Battle Beast est un groupe finlandais dont la notoriété a été amplifiée par sa victoire lors de la finale 2010 du Wacken Open Air
Metal Battle. Un premier album a suivi en 2011 :
Steel. Le groupe jouit maintenant d'une belle popularité en Finlande ou leur album
Unholy Savior, notamment, a occupé la première place des charts en 2015. Cette notoriété s'est depuis étendue au-delà des frontières de la patrie.
Encore un groupe à chanteuse diront certains. La tendance est bien là. Ces combos se multiplient au fil des années. Il y a plus de trente ans, on comptait beaucoup moins de ce genre de groupes mixtes. Je me souviens de
Warlock, emmené par l’inénarrable
Doro Pesch. Le parallèle entre les deux chanteuses peut paraître facile : deux blondes volontaires qui ont de l'énergie à revendre et un charisme incroyable. La tessiture vocale de Noora est pourtant un poil plus étendue que celle de
Doro, partant sur des terrains un peu plus élevés. Mais cela n'enlève rien au talent de l'illustre teutonne. Le timbre de Noora se rapproche davantage de celui de Marta Gabriel, la chanteuse-guitariste du groupe polonais
Crystal Viper. Au tableau des registres hauts perchés, citons aussi Brittney Slayes ( Hayes de son premier nom ), la talentueuse voix de
Unleash The Archers.
Battle Beast, pour ce nouvel album, puise son inspiration ailleurs :
Pretty Maids peut-être, période de «
Red, Hot and Heavy » à « Jump the Gun ». Dès la première écoute, ce fut quasi une évidence.
Pas la même musique, mais le même rendu, si j'ose dire. Bon, j'admets que cette comparaison est osée mais je parle ici d'une première impression auditive. On y retrouve d'abord du riff lourd et rapide : un heavy metal carré, trempé dans l'acier forgé dans les années 80 avec une agressivité vocale évidente pouvant rappeler celle de Ronnie Atkins sur certains morceaux comme "
Bringer of Pain". Mais aussi et surtout des passages plus atmosphériques avec ces lignes de claviers aériens comme les danois suscités pouvaient en faire aussi. Nous sommes bien ici en présence d'un disque conçu pour être plus accessible, destiné à un public plus large, et avec un son actuel, une production claire où le travail de la chanteuse Noora Louhimo est mis en évidence. Il en résulte une impression de puissance maîtrisée teintée d'un intention bien plus consensuelle que sur les albums précédents. La diva nous subjugue toujours avec son timbre rauque, tour à tour agressif et mielleux, avec toujours cette aisance très professionnelle. Une voix fort différente de celle de Nitte Valo, la première chanteuse du groupe, dont le timbre rappelait furieusement celui de
Dirkschneider de Accept, l'une de leurs autres influences. Noora délivre un chant plus nuancé, dont l'étendue lyrique est d'autant plus flagrante sur des titres plus lourds. C'est moins le cas sur les pièces plus radio-formatées.
Ce nouvel album reste plus ou moins dans la continuité de
Unholy Savior, leur précédent effort, avec toutefois ce décalage de plus en plus évident vers le terrain "grand public". Le départ du compositeur-guitariste-producteur
Anton Kabanen n'y est certainement pas étranger. On retrouve bien sûr la hargne de la voix, les rythmes rapides des guitares ( "
Bringer of Pain", "
God of
War", "Rock
Trash"), mais aussi des passages plus radiophoniques mais non dénués d'intérêt musical ( "Dancing with the
Beast", "
Far from
Heaven"), des tubes bien entraînants ( "
King for a day";"Familiar
Hell" ), des classiques aux refrains entêtants ( "Straight to the
Heart", "We
Will Fight"). C'est extrêmement bien fait, un poil plus commercial qu'avant, mais jamais ennuyeux.
On pouvait juste reprocher à
Battle Beast un manque de prise de risque plus radical dans sa musique, cette prise de risque est maintenant évidente avec le surprenant "Dancing with the
Beast". Mais, personnellement, je préfère une continuité bien maîtrisée à des expérimentations douteuses, voire catastrophiques (bien qu'ici, rien ne soit catastrophique pour autant). La base des fans de B.B. approuvera ou pas selon ses affinités. Les titres bien lourds et « rentre dedans » sont dans la lignée de ce qu'on trouvait sur les albums précédents. Je ne suis pas trop désappointé à l'écoute des trucs plus mainstream que B.B. essaie de placer ça et là dans ce nouvel album pour lui donner une certaine variété et accessibilité. Tout ça reste très agréable à l'écoute quand même. A chacun de se faire sa propre opinion.
Ce
Bringer of Pain vient nous prouver que
Battle Beast maîtrise tous les styles et tempos, du hard rock au heavy speed en passant par la ballade et même le tube pour dancefloors, et a encore toutes les cartes en mains pour proposer un heavy metal, certes bien classique où les guitares heavy côtoient les claviers , une musique parfois très accessible mais rudement bien foutue, et toujours agréable à s'envoyer dans les oreilles pour se replonger encore dans cette ambiance parfois un peu radio-formatée mais ultra captivante qui caractérisait également certains titres de
Pretty Maids, par exemple (même si ces derniers ne jouent pas dans le même registre, ni la même époque).
Bringer of Pain plaira à tous ceux qui recherchent ces caractéristiques dans un bon album de heavy metal destiné à un large public.
@ Sonadenn : Le mot kitsch ne m'était pas venu à l'esprit mais tu as raison. Après, il est possible de faire du kitsch une arme redoutable,... Queen en est le meilleur exemple dans l'histoire du rock. On verra bien si Battle Beast va vers ça. A suivre.
Bref, même si ce "Bringer of pain" n'égale pas leur génial premier album, il est tout de même très réussi.
Le mélange des styles donne une certaine homogénéité à l'ensemble malgré les pistes plus commerciales. Cet album est vraiment très efficace et certains titres comme King For A Day, Lost In Wars, Bastard Son Of Odin ou The Eclipse sont juste excellents. L'édition limitée de l'album est d'ailleurs vivement conseillée avec les 3 pistes bonus qui offrent plus de puissance et de longueur a l'album plutôt court avec ses 39mn.
Les 2 premiers opus restent les meilleurs de la formation, mais celui-ci est somme toute vraiment bon.
Mention spéciale à Noora qui déchire tout simplement.
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