Krieg est l’un des seuls groupes américains (avec
Judas Iscariot, dont il fut membre) à avoir représenté dignement la scène BM outre-Atlantique avec son black misanthrope qui n’a rien à envier à
Taake ou
Skitliv (entre autres) qui ont imposé ce style particulier à un black métal plus habitué au DSBM (
Hypothermia,
Trist,
Life Is Pain,
Thy Light), au NSBM (
Nokturnal Mortum,
Peste Noire, le Sombre Chemin,
Hate Forest) et au black satanique rétro (
1349,
Watain,
Gorgoroth).
Krieg a inspiré tellement de groupes de black indus et je pense, de suite, à
Ad Hominem. Après un «
The Black House » vraiment bon et marquant un tournant dans l’architecture de la musique (autrefois chaotique) d’
Imperial, vînt en 2006 «
Blue Miasma », son cinquième opus.
Une photo tristounette d’un paysage désincarné d’hiver orne la pochette du disque alors que derrière la jaquette, on voit Impérial s’enfiler au goulot la dernière rasade de son Johnny Walker
Red Label dit John le Rouge…à signaler le commentaire courtois du bonhomme aux auditeurs néophytes, traduit ça donne : « Si vous vous attendiez à quelque chose de précis de la part de
Krieg, j’espère que vous serez amèrement déçus »… »Merci pour eux, enfoiré ! » me suis-je exclamé en mon fort intérieur abandonnant cette bisbille qui n’aura jamais lieu et jamais lieu d’être. Tout de suite, la chronique.
On a le droit à une plongée dans la psyché torturée d’
Imperial, aussi sardonique, narcissique et froid soit-il. L’atmosphère s’annonce lourde dès le titre instrumental d’ouverture où les riffs saturés sont l’arrière-cour du st de batterie efficace de Winterheart. De suite, avec « Who Shall Stand Against Me ? », on a le privilège d’écouter du BM traditionnel rappelant celui de Scandinavie et d’Allemagne. Les vocaux sont incisifs et tranchants comme des lames de couteaux brulantes vous défigurant avec violence et précision. On sent une symbiose certaine entre
Werewolf,
Imperial et M.M.K. Mes félicitations pour ce court mais joli instant de black percutant ! « Under An Uncaring
Moon », marque par son ambiance pesante et mystique penchant vers « A
Blaze In
The Northern Sky » (à la différence près qu’ici, ce n’est pas enregistré en low-fi). Un rythme lent et hypnotique, un chant mordant et la basse de S.M
Daemon comme soutient logistique aux guitares froides et inhumaines du duo
Imperial/Malefitor. Impériales, d’ailleurs, ces deux lignes couplées pour un rendu sonore plaisant à souhait. La composition, monolithique, n’est pas pour autant monotone, et ce, grâce à la belle performance du leader de
Krieg mais aussi grâce à ces riffs glacials de guitares nous emmenant sur les chemins de la misanthropie.
Azentrius participe aux vocaux du très scandinave « An Empty Room, a
Forgotten Funeral » dans lequel vagues électriques, bruissements de percussions et batterie légère donne le ton à
Imperial et son chant aigre. Le climat est serein (loin d’un
Hate Forest) et propre à la reflexion sur soi-même.
Tambours martyrisés, complaintes suraïgues et guitares brutales enclanche le tonitruant « Hallucinations In Deep
Corruption »…cette fois-ci, c’est le bassiste M.M.K qui assiste le patron pour les vocaux et c’est bien foutu ! A contre-sens de la compo black industrielle, puis complices du changement de rythme marqué par un relâchement des tambours et de nouveau à contre-courant de la rafale corsée des grattes de la doublette Malefitor/
Imperial, tout n’est que modification de tempo et l’on perçoit en tendant l’oreille la timide ligne de basse s’invitant. Et c’est sur une furieuse saccade sonore que clôt ce morceau de black métal implacable.
Krieg a mis de l’ordre dans sa musique même si celle-ci demeure offensive et vindicative comme dans « …
And Now
The End ». le tête-à-tête entre guitares et batterie se révèle foudroyante, les chants du fondateur de
Krieg suivent le tempo à la perfection et impriment de l’indiscipline au solo en zigzag de Malefitor. Un morceau bien burné mais (trop ?) bref.
« The
Master’s
Voice » est une drôle de surprise. La voix d’une jeune femme agrèmente la composition très evil du titre…elle raconte ci et ça, semble s’adresser à
Imperial à moins que ce soit à l’auditeur ? L’attraction majeure du morceau réside dans cet étrange aparté, sorte de parenthèse toquée, presque surréaliste !
Werewolf crie aux côtés du chef de la formation américaine dans ce furibond « Lingering Doubt » rempli d’animosité, de brutalité et d’un peu de ténèbres…le duo vocal marche à merveille et se donne magnifiquement la réplique dans un climat inhospitalier d’un black métal frisant le black doom brutal du collectif
Den Saakaldte avec cette subite décélération, de suite dynamitée par un torrent rageur de chants criards et de grattes en saturation complète ! Une des chansons majeures de cet opus en plus d’être ma favorite. Grandiose !
«
Blue Miasma » est le reflet du psychisme maltraité d’
Imperial. Glacé, agressif et misanthrope, cet album confirme le tournant pris dans «
The Black House ». Moins décousu que les deux premiers albums de
Krieg, cette cinquième galette restera l’une des meilleures du groupe car plus accessible (ce qui est un terme difficile à coller à la formation américaine) que «
Rise of the Imperial Hordes » ou «
Sono Lo Scherno ». Si vous aimez le raw-black métal, jettez vous dessus, vous ne serez pas déçu !
Métalleux pour la vie/Beumeux jusqu’à la mort
Bj
J'aime bien "The black house" aussi. la reprise de Velvet Underground est surprenante mais asez bien. Il a porté ses couilles Imperial.
Je te le conseille celui-là, il est bien.
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