Décidément, les polonais ne sont pas avares du tout en matière de death black. On connait déjà
Behemoth,
Hate,
Crionics, ou encore
Atrophia Red Sun, mais certaines formations restent dans l’ombre des plus grands, du moins des plus connus, comme
Thy Disease, ou en l’occurrence,
Naumachia.
Formé en 1999,
Naumachia officie lui aussi dans un death black efficace, puissant et sombre, flirtant grandement avec l’indus. De ce fait on retrouve aussi chez cette formation polonaise des ambiances décadentes, futuristes et apocalyptiques assez marquées, bien maîtrisées, et, il faut le dire, plus omniprésentes. On peut donc dire que
Naumachia se situe entre
Crionics et
Thy Disease.
Car si on retrouve la brutalité et la technicité des riffs de l’un, on côtoie aussi la mélodie et les claviers entêtants de l’autre. Ce «
Black Sun Rising » détient lui aussi un concept assez pessimiste, mettant en relief les conséquences plus ou moins néfastes de l’apparition d’une éclipse, dans un futur plus ou moins proche…ce soleil noir levant ne serait autre que le commencement d’une nouvelle ère, d’une époque encore plus cataclysmique…et les paroles ne sont que les pensées d’un homme ne pouvant plus vivre parmi les humains de cette période funeste…
Ainsi, malgré les apparences, cet album de
Naumachia, du moins quelques morceaux en particulier, pourraient faire partie du petit monde du cyber metal pour plusieurs raisons. D’une part, le concept futuriste et même science fiction, l’humain utilisant des moyens plus ou moins nouveaux pour réchapper à cette ère morbide et destructrice. D’autre part, la musique est terriblement empreinte d’éléments industriels, électroniques même, et de samples, mettant en relief quelques bruits de machines (« Egomaniac Frenzy »). Les parties black ici présentes permettent de soutenir ces éléments indus et de renforcer ces atmosphères sombres avec délicatesse et maîtrise (« Abreaction »). Quant aux parties death, ce sont les plus agressives et les plus techniques.
Le fait est que
Naumachia joue véritablement dans la cours des grands. Très professionnaliste et innovateur, s’influençant toutefois de ses frères polonais («
Inward Spiral » étant du
Thy Disease tout craché), le groupe n’hésite pas à prendre des risques et à frôler l’expérimental. De ce fait, il ne sera pas étonnant de retrouver un morceau instrumental comme «
Mortification Study », extrêmement bien maîtrisé de bout en bout. Car ici, les claviers (mélangeant indus et même sympho en fond), les chœurs étranges et les percussions sont de la partie, proposant des mélodies enivrantes bien que mystérieuses et sombres, soutenus par quelques notes à la guitare accompagnant le jeu principal de claviers déroutants et un rythme mécanique. Une voix apparaît de temps en temps, décharnée et synthétique. Ce titre permet réellement à l’auditeur de rentrer dans le vif du sujet et de rendre compte de l’aspect cybernétique de la musique. Par ailleurs, « Iconography of
Pain » est un bon exemple en ce qui concerne l’aspect expérimental, les claviers partant dans tous les sens, et les guitares usant de dissonances sur certains passages. Une bonne prise de risque en somme.
Ceci dit, les compos, en général, sont assez brutales et il s’avère que le côté mélodique des compos revient aux claviers qui créent vraiment tout : fond d’ambiance et lignes envoûtantes. Mais les riffings sont très bons et pourraient faire penser à ceux de
Vader par moment, ainsi que la voix, un growl bien grave, maîtrisé, doté d’un tranchant et d’un sens du rythme imparable. De ce fait, « Sedated Daimona », entre autre, est un véritable condensé de tous les éléments sus cités.
Mais hormis cette violence qu’on ne peut que remarquer, il serait dommage de ne pas évoquer les passages plus posés et atmosphériques, rappelant dans quel domaine nous nous situons. La fin de « Sedated Daimona », par exemple, ou le début de « Abreaction », planants à souhait, avec ces sons particulier et ce clavier de fond enivrant.
Il est toutefois dommage que ce «
Black Sun Rising » ne soit pas long…de plus, les claviers indus, bien que charismatiques et indispensables pour respecter le concept et le style, sont trop dominants et ont parfois tendance à happer les guitares et la voix dans un ensemble atomique de sonorités électroniques. Et finalement, bien que l’originalité soit là, elle est tout de même réduite et perd malheureusement de son intensité à cause des influences de
Naumachia. En tout cas, si vous aimez
Crionics,
Vader, ou encore
Thy Disease, cet album est fait pour vous et ne peut que vous inciter à pénétrer l’univers violent et sombre d’un groupe rempli d’un potentiel énorme…
Sinon l'indus, même s'il ne prime pas sur l'album, est tout de même omniprésent et peut dominer quelques titres (l'instru par exemple). Sans l'indus, ce "Black Sun Rising" serait totalement différent.
Un très bon boulot ma reine.
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