Dans le monde magique, fantastique et merveilleux qu'est celui de la musique ( pfou, quelle superbe intro ! ), il y'a de ces disques qu'on pourrait qualifier " d'albums-températures ". Aaaaah, la B.O de Hot Spot ! Ouuuuh, " Blue Lines " de
Massive Attack ! Raaaah, l'album Mediterraneo de Don Carlos ou " Put Me in Your Mix " de Barry White ( oui, votre serviteur écoute de la soupe ! )… Autant d'albums langoureux, nonchalants et chaleureux, qu'on écoute un soir d'été, au bord d'une piscine, ou sur un balcon surplombant une grande ville allumée… Mais ce principe ne fonctionne pas seulement en sens unique. Si il existe bien des albums évoquant chaleur et volupté, d'autres, au contraire, véhiculent le grand frisson… Brrrr, l'éponyme de Portishead, brrrr, l'album " Kid A " de Radiohead, brrrr, l'album "
Faith " de The Cure… Des albums, aux atmosphères cliniques et glaciales, qui donnent assurément froid. Parmi eux, le vrai-faux premier album des
36 Crazyfists ( après
In the Skin, cas un peu à part dans la discographie du groupe ), plus proche du blizzard que du simple "froid" . Soit 4 gars découverts par
Skinlab, tout droit venus d'un coin paumé d'
Alaska, jouant un
Metal teinté d'Emo sec et tranchant… comme une tempête de neige, dans les contrées polaires, en plein mois de Décembre…
Vraiment étonnant ce "
Bitterness the Star " ! En plus de vous donner l'impression qu'il neige à gros flocons dans votre maison, il s'écoute d'une traite, et avec une facilité déconcertante, malgré la pesante atmosphère qui s'en dégage. Car l'ambiance de l'album n'est pas tendre, oh non ! Ca sent même la déprime et la dépression à plein nez, déprime et dépression dépeintes avec violence et amertume qui plus est… Et pourtant, ça se boit comme du petit lait ! L'homogénéité de l'album et le format, plutôt court, des chansons doivent certainement aider. La production aussi ( on chez Roadrunner quand même ! ). Mais c'est surtout le talent des musiciens, et la qualité du disque, qui y contribuent. Indubitablement.
Les titres qui composent l'album sont en majorité des morceaux violents. "Turn to
Ashes" et ses gros riffs sales et gras présagent une véritable tempête de neige ! Et on ne se trompera pas. Tout au long du disque, le blizzard se fera intense et violent. Quelques (fausses) accalmies lors des titres
Two Months From a Year et l'excellentissime
Slit Wirst Theory, ce sera pour repartir de plus belle ( comme le dit le proverbe, "le calme avant la tempête !" ). La tempête se déchaînera même par moments ( One
More Word ou "Bury me Where i
Fall", ou le frontman de
Skinlab viendra prêter main forte au micro ), et ne se calmera réellement qu'en toue fin de CD, avec un Left
Hand Charity, mais qui aura de grandes chances de vous laisser en hypothermie… Autrement dit, vous allez en avoir pou votre argent. C'est puissant, c'est accrocheur, c'est bourré de bonnes idées ( comme les intros de "Chalk While" et de "Dislocate" ou les arpèges de "
Two Months From a Year" ), c'est chargé d'émotions, c'est servi par des musiciens talentueux, c'est tout simplement super bien foutu. Sans oublier cette perle fabuleuse qu'est ce "
Slit Wirst Theory" ( bon sang, mais quelle claque monumentale, ce morceau !!! )… et sans oublier que, derrière le micro, il y'a Brock Lindow…
Ce type, c'est l'essence même du groupe, le genre de mec qui porte presque à lui tout seul un groupe entier. Le combo a beau avoir un batteur et un bassiste ( au jeu Kornien infrasonore ) nickels tout deux, assurant une rythmique carrée et béton, un guitariste inventif quand il s'agit de trouver LE riff brise-nuque… mais non, décidément non ! Aucun n'a la carrure du chanteur. Ce dernier a une voix reconnaissable entre milles, tremblante, chevrotante, volontairement mal assurée, comme celle d'un homme transi par le froid. Et lorsqu'il s'agit d'hurler ( car qu'est ce que serait un
Metal puissant sans quelques hurlements bien sentis ? ), le bonhomme beugle et s'égosille à pleins poumons, et de façon particulièrement jouissive ( "One
More Word" illustre d'ailleurs très bien cette particularité ) Une voix particulièrement originale et mélodieuse ( oui, je vous assure ! On peut chanter comme une chèvre, et avoir une belle voix ! ), forte et puissante quand il s'agit d'envoyer la sauce, et illustrant parfaitement la froide et tranchante musique du groupe.
"
Bitterness the Star" est indiscutablement un très bon album, peut-être le meilleur du groupe ( certains lui préféreront néanmoins "
A Snow Capped Romance" ), hélas passé inaperçu à l'époque, et que beaucoup de monde semble avoir oublié. Riche en émotions et en atmosphères, alternant avec subtilité passages (très) mélodiques et moments (très) bœufs, le groupe semble avoir trouvé avec cet album la recette idéale pour appâter l'auditeur et l'attraper dans ses filets. Les amateurs de
Metal mélodique apprécieront. Les amateurs de
Metal couillu aussi…
p.s: attention, je te dragues pas soyons d'accord ; )
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