Betsy

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14/20
Nom du groupe Betsy
Nom de l'album Betsy
Type Album
Date de parution 1988
Style MusicalHeavy Metal
Membres possèdant cet album18

Tracklist

1. You Want It You Got It
2. You'll Never Get Out (of This Love Alive)
3. Devil Made You Do It
4. Rock 'n' Roll Musician
5. Cold Shot to the Heart
6. Flesh and Blood
7. Turn You Inside Out
8. What Am I Gonna Do with You
9. Stand Up for Rock
10. Sunset Strut
11. Get Out

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Betsy


Chronique @ adrien86fr

31 Mars 2012

You’ll never get out of this love alive..

C’est une petite boutique comme il n’en existe plus beaucoup. Son enseigne est sans âge, défraichie ; mais qu’importe puisque que le racolage n’est pas le genre de la maison. Depuis le 17 décembre 1991, le maître des lieux Joël accueille et conseille chaleureusement une clientèle fidèle amatrice de rock et de metal, et de presque tous leurs dérivés respectifs dans le but ultime de faire partager sa passion et son amour inconditionnel pour le disque. Quelques nouveautés certes posées sur de frêles étagères de contreplaqué ou encore accrochées tant bien que mal à la punaise sur des murs enduits de plâtre ignifuge, mais surtout ces inestimables reliques chargées d’histoire qui ne peuvent que trouver un écho favorable dans l’âme des discophiles les plus maniaques de la région et même au-delà. Véritable encyclopédie musicale vivante et cinéphile avisé de surcroit, l’expertise de Joël s’avère être incomparable et rend on ne peut plus ridicule le niveau d’inculture des vendeurs pimbêches du supermarché Cultura d’à côté, lui qui vit naitre à la source les mythiques ADX et Clair Obscur ; entités de styles antagonistes certes mais synonymes encore aujourd’hui d’une fierté locale sans doute inégalée à jamais, n’en déplaise à ces fils de bourgeois incultes et arrogants tentant d’exorciser tant bien que mal leur niaise adolescence au sein de pseudo groupes véritablement excrémentiels. Des vinyles de glam hollywoodien aux EP de NSBM polonais en passant par de précieux bootlegs de Pantera et Guns N’ Roses, des CD de Johnny Cash, de La Souris Déglinguée ou encore d’Impaled Nazarene entre autres sans oublier non plus les démos des groupes locaux valables, les magazines, fanzines, posters, t-shirts et autres DVD classés X, de western spaghetti, de péplums ou encore d’horreur et de concerts bien sûr ; impossible de quitter l’échoppe mystique de l’irréductible Joël sans être tombé sous le charme particulier et unique d’un objet et avoir partagé une discussion d’ordre philosophique ou culturel avec le commerçant marginal, au sens noble du terme. Sans être tombé au cours d’une pérégrination ritualiste et nonchalante dans le petit magasin de Margny-lès-Compiègne (60) sous le charme particulier et unique d’un release Metal Blade Records de 1988 d’une certaine Betsy.

Fière détentrice du titre convoité de « First Lady of American Heavy Metal », Betsy Weiss voit le jour à Brigantine sous la grisaille du New Jersey avant de déménager à Los Angeles à l’âge de 10 ans en compagnie de sa mère Lois et de sa sœur Jane. Très vite passionnée de rock n’ roll et se déhanchant plus que de raison sur les rythmes endiablés des légendaires Alice Cooper, Cheap Trick, The Runaways et autres David Bowie notamment ; Betsy développe un intérêt particulier pour le chant qu’elle pratique avec assiduité au sein de la chorale de son lycée tout en rêvant d’intégrer un groupe en tant que frontwoman. Après quelques expériences sans lendemain, Betsy rejoint The Boxboys officiant dans un mélange de new wave et de rock avant de quitter le combo suite à une improbable orientation ska. Répondant à une annonce du périodique « Music Connection », Betsy Weiss devient en décembre 1980 la chanteuse du combo de heavy metal Bitch et prend alors le pseudonyme de Betsy Bitch. Groupe à l’image et aux gimmicks scéniques sadomasochistes s’il en est, Bitch s’attire les foudres du PMRC qui le fustige alors au cours de la fameuse chasse aux sorcières de 1985 pour le contenu sexuel explicite de son premier full length « Be My Slave » paru deux ans plus tôt. Jouissant dès lors d’une publicité gratuite inespérée, Bitch surfe sur la controverse et sort le culte « The Bitch is Back » en 1987 s’avérant être l’album du succès et de la reconnaissance. Encore et toujours formé de Betsy au chant, du guitariste David Carruth, du bassiste Ron Cordy et du batteur Robby Settles ; Bitch se rebaptise temporairement Betsy et sort en 1988 un troisième album éponyme sur le prolifique Metal Blade Records.

« Betsy » est le genre de disque que l’on achète les yeux fermés à la seule connaissance de son année de parution et du label sur lequel il fut édité. Également, l’artwork de sa cover ne peut que parachever le désir brûlant d’un auditeur charmé par la dégaine de la salope originaire du New Jersey prolétaire de placer cette galette sur l’une de ses dix étagères vouées à porter dignement son patrimoine le plus précieux, précisément entre l’excellent « Psycho Café » de Bang Tango et l’intemporel « The Bitch is Back ». Dès lors, l’opus concerné n’a plus qu’à distiller le fruit d’une démarche musicale originale et enthousiaste pour définitivement constituer un voyage chimérique de plus dans l’univers qui lui incombe. Direction la scène rock hardisante du Hollywood de la seconde moitié des années 80 pour cet album introduit par la poussive « You Want It, You Got It » ; titre de bonne volonté certes mais peinant à dévoiler au grand jour un quelconque caractère de pertinence et d’efficacité chez l’ex diva rock n’ roll sadomasochiste par excellence semblant s’être relativement calmée dans ses pratiques sexuelles depuis l’irrévérencieux et choquant « Be My Slave » de 1983. Doué d’une production signée le dénommé Chris Minto que l’on qualifiera de bien trop légère pour l’époque où notre seule et unique raison de vivre commence à abattre sans le savoir ses dernières cartes, le hard rock de « Betsy » s’avère être on ne peut plus ordinaire et banal à l’image de titres qui à défaut d’être réellement mauvais ne parviennent quasiment jamais à briller et à s’accorder les faveurs d’un auditeur qui avait été pourtant conquis par son agréable et fougueux prédécesseur ; brut et racé à souhait. « You’ll Never Get Out (of this Love Alive) », « Rock N’ Roll Musician », « What Am I Gonna Do with You » et autres « Sunset Strut » avec son rythme maladroitement déstructuré sont autant de morceaux linéaires et relativement dispensables auxquels manquent cruellement cette petite touche d’on ne sait quoi qui fait de certains hymnes du style que nous chérissons tant la véritable et inexplicable bande originale de nos vies pathétiques et monotones.

Assez peu convaincant dans son ensemble, globalement marqué par une perfectibilité criante, il convient néanmoins de ne pas occulter les rares phases d’obédience constructive ou un minimum originales jalonnant ci et là ce troisième full length enregistré aux Sound City Studios de la Cité des Anges. Ainsi, au court chapitre de la pseudo diversité musicale de la galette, relevons les singulières « Devil Made You Do It » et autres « Stand Up for Rock » voyant le gang de Betsy Bitch faire dans un apparenté speed metal ayant le mérite de faire son petit effet notamment grâce au riffing lourd et particulièrement percutant de David Carruth et à des refrains à l’énergie dégagée relativement communicative soulignant à juste titre le charisme et la fureur de frontwoman de la belle Betsy, enfin reconnaissable. Véritable perle de nacre ou au choix, inestimable diamant conchoïdal à l’éclat sibyllin de l’opus, louons comme il se doit les mérites de la sublime « Turn You Inside Out », complainte sombre et irrationnelle non moins dénuée d’une vigueur salvatrice au sein de laquelle la beauté et l’indéniable talent vocal propres aux incantations divines de Betsy Bitch prennent l’intégralité de leur signification et renvoient à leur chaumière ceux qui ont toujours considéré la salope du rock n’ roll comme une pâle copie de la mythique et irremplaçable Pat Benatar. Digne et honnête épilogue du disque, « Betsy » tire sa révérence avec la dispensable « Get Out » s’avérant malheureusement être quoi qu’on en dise marquée du syndrome fatidique et maudit de l’album : enthousiaste et bien intentionné peut-être mais bien trop peu original, efficace et inspiré pour prétendre flatter les tympans d’un auditeur qui ne pourra définitivement pas associer cette galette avec les moments forts de la cuvée hard rock/heavy metal de l’an 1988. Linéaire et empreint d’un manque flagrant d’efficience générale malgré quelques trop rares éclairs constructifs, « Betsy » conviendra sans doute uniquement aux fans invétérés et maladifs du label Metal Blade Records atteints de collectionnite aiguë et souhaitant acquérir tous les releases sans exception aucune du back catalogue de ce dernier.

Certains disques sont indescriptiblement empreints d’une saveur particulière suivant l’époque ou l’endroit où ils devinrent propriété d’un heureux acquéreur fanatique, quelle qu’en soit leur facture qualitative intrinsèque. Ainsi, chaque support ramené de la boutique « Editions Limitées » de Margny-lès-Compiègne (60) à l’instar de ce médiocre et finalement dispensable « Betsy » possède cette petite aura, cette indéniable valeur ajoutée synonyme de souvenirs immuables, de cristallisation intrinsèque de l’instant. Samedi 31 mars 2012 à 19h, ce lieu unique de culture et d’échange fermera définitivement ses portes après 20 ans de bons et loyaux services, sans avoir trouvé repreneur, pour cause de non rentabilité après quelques années d’une lutte acharnée pour assurer sa simple survie. Pour certainement laisser place à un kebab, une banque, une agence immobilière, un salon de coiffure, une boutique de vêtements pour prostituées ou une antenne locale du Parti Socialiste ou de l’UMP. Mort à l’infect monde moderne et à tous ses infâmes acteurs et collabos, de véritables bâtards sans âme et sans honneur. Modeste article sincèrement dédié à l’homme ; passionné et honnête, et au lieu ; immuable et mystique. Merci pour tout Joël ;-)

10 Commentaires

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largod - 01 Avril 2012: Une grosse bouffée de nostalgie pour une période où les disques avaient des pochettes visibles de loin qui nous donnaient un plaisir particulier à les prendre dans les mains. Contact et chaleur... Grosse chronique aussi, comme d'hab'. Be my slave n'était pas aussi choquant que cela si mes souvenirs sont bons, je dirais plutôt provocateur. Merci Adrien
Chab - 12 Avril 2012: Très bonne chronique comme toujours ! Un album moyen si j'en crois tes dires !

C'est triste pour ton disquaire... Je n'ai pas connu ce temps des disquaires (même si il en reste quelques uns sur Paris et que j'y suis déjà passé) mais ça devait être génial...

Un magnifique hommage en tout cas. Et je vais retenir cette expression pour la ressortir un jour : une boutique de vêtements pour prostituées. ça m'a bien fait rire ;)
adrien86fr - 12 Avril 2012: lol J'ai eu l'idée de cette expression après la lecture d'une interview d'un pamphlétaire traditionnaliste qui disait, grosso modo que la plus grande majorité des femmes étaient habillées aujourd'hui comme les prostituées des années 70. ça m'avait fait bien rire, constat exagéré, mais bien à propos quelques fois..
adrien86fr - 12 Avril 2012: lol J'ai eu l'idée de cette expression après la lecture d'une interview d'un pamphlétaire traditionnaliste qui disait, grosso modo que la plus grande majorité des femmes étaient habillées aujourd'hui comme les prostituées des années 70. ça m'avait fait bien rire, constat exagéré, mais bien à propos quelques fois..
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