Orange Goblin est un groupe en vogue depuis quelques temps, et c'est même quelque chose d'assez récent, nonobstant la kyrielle d'années écoulées depuis la création du groupe (bientôt vingt ans), ce qui peut quand même les placer si ce n'est parmi les papys, tout du moins parmi les grands oncles du stoner sauce doom. Mais il faut le dire, après une tripotée d'albums tout à fait honorables et assez traditionnels, c'est en prenant à plein pot l'autoroute du heavy sur leur dernier opus «
A Eulogy for the Damned » que le groupe a décuplé son aura, notamment chez un certain nombre d'adeptes qui n'ont pas forcément d'appétence marquée pour le stoner doom à la
Electric Wizard, et du coup ils ont surpassé nombre de groupes qui étaient plus connus quelques années auparavant. Il faut bien dire aussi que le style pratiqué est nettement plus easy-listening que
Sleep,
Acid King,
Bongzilla ou Church of
Misery, pour ne citer qu'eux.
Fort de ce succès, c'est avec des acquis renforcés que les anglais révèlent deux ans plus tard, toujours chez Candlelight, leur nouveau venu «
Back from the Abyss ». Première constatation, la pochette à mi-chemin entre « The
Final Frontier » d'Iron Maiden version low-cost et les artworks cultes mais mal branlés des premiers
Megadeth, est gerbante...En même temps, s'il y a bien un point douteux chez
Orange Goblin, c'est bien leur goût en terme de design des artworks, «
The Big Black » ayant peut-être été le climax de leur géniale créativité en la matière. Mais ce qui nous intéresse au premier chef reste la musique, mettons donc en marche cette galette aux fines effluves de goudron frais et de whisky frelaté...
Parce que oui, à 15 000 lieux de la thématique astrale de la pochette,
Orange Goblin joue toujours du stoner metal à gros son bien terre à terre, qui sent certes un peu moins sous les bras que d'autres groupes plus confidentiels, mais demeure loin d'être du heavy pour fillettes, à part peut-être pour celles du style de Mary Bell (quart d'heure misogynie terminé).
En fait, les références (au delà du stoner un peu plus moderne) sont bien les groupes cultes des années 60-70,
Black Sabbath en tête de liste. Le premier morceau « Sabbath
Hex » est même un hommage à peine dissimulé, alors qu'un titre comme « The
Devil's
Whip » est tellement Motorhead-like qu'on voit mal à quoi d'autre il pourrait être comparé (quoique Bömbers peut-être...). On a donc là d'excellents titres, qui ne nous étonnent pas réellement. D'un autre coté, pour un groupe aussi ancien avec un line-up presque inchangé depuis 1995, si on excepte le départ de Pat'O Malley en 2004 qui a laissé Joe Hoare (le cousin d'Edouard Baer) seul responsable des guitares, on ne peut pas forcément attendre de révolution. Mais le groupe a le bon goût de proposer des compositions qui sauront contenter nos oreilles, sans baisser de niveau avec une science du riff sans cesse renouvelée (« Mythical Knifes » par exemple et ses paroles qui auraientt pu être écrits par
Running Wild). La voix de Ben Ward est pleine de bagou et la rythmique tient la route comme un char d'assaut.
Le titre à retenir de l'album, car le plus complet, est le planant « Heavy
Lies the
Crown » aux refrains alertes, tandis que, plus étonnant, le groupe flirte brillamment avec le punk sur « Bloodzilla ».
On notera peut-être une petite baisse de régime avec les deux instrumentaux placés à la fin de l'album, permettant certes de mettre en exergue un «
Blood of
Them » avec un refrain entêtant et sympathique, mais il n’empêche...
Ce «
Back from the Abyss » est donc un album qui saura trouver son public chez les amateurs de gros riffs et de vocaux éraillés, venus du fin fond du bayou (ou ici d'une cave londonienne). C'est le nouvel album d'
Orange Goblin, quoi !
Guère de surprises à se mettre sous la dent, pas certain qu'il fera autant de bruit que son prédécesseur, mais on reste sur un album de stoner efficace comme on n'en fait pas tant que ça, et c'est quand même globalement tout ce qu'on leur demande.
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