Chroniquer un album de
Converge n’est pas une mince affaire. Fleuron de la scène punk/hardcore, c’est le genre de groupe qu’il est toujours bon de citer lors d’une conversation même si l’on ne comprend rien à leur musique, surtout depuis qu’ils ont sortis un album comme
Jane Doe en 2002…Album dont il faut prendre le temps d’écouter à maintes reprises pour l’apprécier à sa juste valeur. Que cela prenne quelques écoutes, semaines, mois, années (voir une vie), cet album et très difficile à appréhender. Concentré de violence, d’émotion et de guitares acérées au possible cet album a marqué la musique extrême au fer rouge. C’est certain.
Depuis, sont sortis You Frail Me et No Héroes qui ont confirmé le quartet comme un des sommets du genre. Il est donc d’autant plus difficile d’envisager ce
Axe to Fall. Peut-être que
Converge aurait gagné à s’appeler The
Converge Project le temps d’un album. Avec une telle réunion d’invités tout aussi prestigieux les uns que les autres, ça en devient réellement impressionnant.
Une chanson comme « Wretched World » (qui peut être considérée comme une sorte de continuité à « In her
Shadow ») regroupant un peu
Genghis Tron (groupe mélangeant électro et grind) au complet doit être injouable sur scène même si sur album elle est vraiment sensationnelle. Après il y a toujours « la magie » des samples. Mais ça laisse moins de place à la spontanéité, et l’ensemble en devient trop calculé.
Lorsque le titre « Cruel Bloom » arrive c’est comme si l’on se prenait un mur dans la tronche tant la composition rompt avec le reste de l’album. On ferme les yeux, et on s’imagine Clint Eastwood jasant avec Tom Wait devant un show de Nick Cave le tout mise en scène dans un décors post-apocalyptique par
Jim Jarmush…avant que les guitares ne reprennent leurs droits. Steve
Von Till de
Neurosis si montre parfaitement intégré. « Effigy » aussi brève soit-elle, est marquée par la présence de trois membres de
Cave In, et se montre comme l’une des chansons les plus chaotiques de l’album. Aussi la basse de Ulf Cederlund sur «
Wishing Well » apporte un tel groove que l’on se croirait coincé quelque par sur
Live The Storm de
Disfear. Pour les autres collaborations qui sont plus anecdotiques on repassera. Reste à savoir qu’il s’agit de membres de
Hatebreed,
Himsa et
108.
Alors à quoi peut servir tant d’invités? Autant le dire de suite,
Axe to Fall n’est pas leur meilleur album. On pourrait même penser que le groupe se cherche ou est à la recherche d’une cohérence musicale.
Converge se montre sous un jours nouveau, et se veut alors plus abordable. Il faut admettre qu’au premier contact, leur musique pouvait sembler bordélique.
L’album se retrouve aéré et varié. Le groupe a mis les bouchées doubles concernant la production toujours réalisé par
Kurt Ballou, accessoirement guitariste et deuxième chanteur du groupe. Cette réalisation se veut plus massive, écrasante et permet alors à tous les instruments de se faire entendre. Ils ont accouché de mélodies enlevées, associées à des parties techniques comme sur «
Dark Horse » qui ouvrent l’album tout en furie et puissance. Divin! Donc tout cela mis ensemble nous donne un ensemble homogène ce qui est une première pour
Converge.
Mais, car à toutes bonnes choses il y a un mais, à force d’usurper le talent d’autres groupes, on se croirait sur l’album des autres comme sur ceux de Cave in (première période),
Genghis Tron,
Disfear (ou
Entombed pour la présence du monsieur et le groove sidérant qui rappelle de death’n roll des suédois) et
Neurosis.
Donc, la musique de
Converge se veut plus abordable, mouvante peut-on dire sans trop se compromettre. Les mélodies sont agréables et peuvent ainsi permettre aux réfractaires, et aux néophytes d’entrer dans le petit monde torturé d’un grand groupe au talent immense. Reste que tout cela a un prix, ou plutôt un risque dans ce cas de figure : perdre de son « aura ». Si cela n’est pour le moment pas grave, il se peut que cela devienne préjudiciable pour l’avenir. Reste qu’ils peuvent en sortir grandit et nous proposer un diamant brute comme
Jane Doe. Pour le moment nous avons quand même à faire à un des albums de l’année.
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