Ce texte ne pourra pas être objectif. En effet, cette cassette est la première démo que j’ai achetée dans les années 1990, jeune adolescent, à un âge où les émotions sont vives et auquel ce que la musique peut nous faire ressentir est décuplé ; et marquant. En outre, à part MY DYING BRIDE, j’étais novice en
Doom et je découvrais le «
Doom/Death atmosphérique » (appellation utilisée à ce moment pour décrire DESPOND) qui est un style qui me touche particulièrement.
Ce qui joue aussi, c’est qu’on peut comprendre les paroles (et pas que pour les passages en chants clairs), et lorsque l’on entend dès la première chanson (« Tears of a
Sad Spirit ») Richard Loudin grogner des joyeusetés comme « sadness in my eyes, I’m here left to die », « my heart bleeds, my soul is dying », ou encore « my soul is eternaly filled with sorrow, sourrounded by shadows in this place of despair… » et que ça continue ainsi pendant le reste de la demie heure d’écoute, à un moment où ta personnalité est encore en train de se former, il faut s’accrocher pour ne pas devenir dépressif !
Beaucoup d’ambiances (tristes, bien sûr, d’ailleurs to despond signifie se décourager) sur cette première production du groupe, renforcées par la forte présence de claviers (ça n’a pas trop mal vieilli ; ou alors c’est la nostalgie qui me rend subjectif), avec un côté atmosphérique parfois « stellaire ». C’est d’ailleurs un thème que l’on retrouve notamment dans le titre de l’intro (« A
Whisper from the Stars »), sur la pochette qui suggère l’élévation dans les cieux, avec le champ lexical utilisé, lié à l’« infini » ou bien à la « nuit sans fin » et bien sûr l’outro constituée de nappes de claviers uniquement. Cela devait préfigurer BLACK ORCHID, l’ancien projet solo de Richard, qualifié par ce dernier d’Ambiant « dans un contexte et un concept plutôt cosmique » (sorti également sur Haceldama Productions).
Le chant féminin utilisé avec très grande parcimonie, comme pour faire échos aux growls sur « Tears of a
Sad Spirit » est également à mentionner pour la contribution atmosphérique et planante. On a donc de l’aérien mais on est vite rattrapé par une extrême lourdeur et des tempos lents, ce que vous êtes probablement venus chercher si vous avez cliqué sur ce lien. Donc soyez rassuré, c’est bien du
Doom/Death (j’ai l’impression rétrospectivement requalifié de
Funeral Doom) à la TIAMAT époque «
Clouds » et pas de l’ambiant, à réserver à ceux qui aiment mélancolie et la désolation sur des plages de 8-9 minutes.
Avec une nouvelle écoute récente pour rédiger ce texte, je suis surpris de relever que la basse de Luisa était autant mise en avant, en particulier en ouverture de titres. Je n’ai jamais fait attention si c’était courant dans le
Doom/Death mais en tout cas, cela apporte tout son poids aux morceaux, par le ressenti « physique » que cela provoque.
Il y a évidemment un souffle qui accompagne le déroulement de la bande et c’est à remettre dans le contexte d’une autoproduction de l’époque. Donc pas de problème de mon côté pour ce qui est lié à l’enregistrement de cette cassette, et c’est toujours un réel plaisir de se la repasser, en alternance avec le live «
Beheaded and Sanctified » qui sortait l’année suivante.
Voilà, c’était le groupe coup de cœur à un moment de ma jeunesse. Dans le même registre musical et moins ancien, je comparerais à HIDDEN IN ETERNITY, un autre groupe français que j’ai découvert récemment sur scène, en ouverture d’EVOKEN et qui m’a beaucoup touché. Très triste.
Intéressant, merci pour cet article, je découvre le groupe à l'instant, sur suggestion de S.O.M. dans la newsletter de la rentrée, bien sûr d'abord attiré par la pochette (reproduction recadrée à droite et assombrie d'une peinture du célèbre peintre Romantique allemand Caspar-David Friedrich (1774-1840), peinture de 1810 nommée "Morgen im Riesengebirge", un peintre que j'ai étudié en Fac d'art il y a bien longtemps et que j'adore (...). Pour revenir à la musique, c'est intéressant toutes les influences croisées que l'on y trouve (dont bien sûr Paradise Lost, My Dying Bride pas sûr, mais de temps à autre même un peu de Theatre of Tragedy des débuts sans le chant de Liv...voire en plus sobre le sublime album de Tales of Dark "Fragile Monuments" qui contient le titre "Of Grandiose Fevers and Passion Arcane" que je te recommande). La basse est en effet très en avant, ça et les synthés rendent l'ensemble assez Gothique-Doom également, plus que Funeral Doom, mais on est pas loin ! Ah un groupe français qui ouvre pour Evoken (mon groupe favori de Funeral Doom Metal), ça mérite de jeter une oreiile (mince j'ai raté ça !). Bon, je ne veux pas être trop long ! PS; plus j'avance dans l'album ça se complique côté influences (j'ai même du mal à me les rappeler), et c'est très bien...je me demande ce qu'ils sont devenus...
Merci de ton commentaire détaillé. On aurait dû faire cette chronique à 2, ça aurait été plus complet :-) [en plus, le droit du travail étudié à la fac ne m'aide pas tellement pour commenter l'artwork des groupes dans mes chroniques :-l]
Merci de la reco de Theatre of Tragedy, il va falloir que j'écoute ça !
Pour Hidden In Eternity, le groupe qui a récemment ouvert pour Evoken (quel concert !), tu peux lire ma chronique de leur 2ème album sur le site : Hidden In Eternity À Tout Jamais (Album)- Spirit of Metal Webzine (fr) (spirit-of-metal.com) et tes commentaires sont à nouveau plus que les bienvenus :-)
Qu'est devenu Despond ? Après les démos, il y avait eu la compile (2000) et l'album (2003). C'était devenu un one-man band de Richard. Il y a une page Facebbok ((20+) Despond | Facebook) créée au mois de mai 2022 pour faire la promotion du pressage en CD de leurs 2 démos (c'était des cassettes à l'époques). Et il est indiqué que malheureusement, il n'est pas prévu de relancer le groupe.
Merci Jibe pour cette chronique!
On est là dans un style que je ne maîtrise pas du tout, je n'ai que très peu d'album du style. Tyranny, Evoken, Adversvm et je pense que c'est déjà tout.
Je suis en train d'écouter le cd sur youtube au moment où j'écris ces lignes et j'aime bcp.
Effectivement basse bien présente et assez sautillante par moments, claviers discrets... La tristesse est presque palpable mais malgré tout il y a comme une lueur d'espoir au loin, par moment. En tout cas c'est vraiment ... beau!
En vérité je vous le dis: il n'y a nul endroit où l'obscurité ne soit totale et toujours quelque part vous trouverez une fenêtre illuminée pour vous guider dans les dédales de votre âme.
Bravo pour la chro et si tu as des groupes du style à me conseiller je suis à l'écoute.
De rien ! Heureux de t'avoir fait découvrir, surtout si tu apprécies :-)
Oui, dans un genre proche (avec un côté atmo et/ou mélodique), je peux te conseiller les albums classiques suivants : "Clouds" et "Wildhoney" de Tiamat (+ "The Sleeping Beauty - live in Israel" qui est entre ces 2 albums), "Shades of God", "Icon" et "Draconian Times" de Paradise Lost, "Serenades" et "The Silent Enigma" d'Anathema, de "As the Flower Withers" à "Like Gods of The Sun" de My Dying Bride (mon chouchou étant "The Angel and the Dark River).
En plus Funeral Doom (moins de chances d'y trouver une lueur d'espoir), des groupes fondateurs comme Winter, Thergothon et Skepticism.
Bonne écoute !
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