Dire que l’attente fut interminable est juste un doux euphémisme, car huit années séparent «
The Hellenic Terror » de «
Arisen New Era ». Il faut dire que
Kronos n’a pas vraiment été épargné et que ce grand laps de temps est sûrement dû aux multiples changements de personnel qu’ont subi les Vosgiens avec le départ de Kristof, remplacé par Loïc « Trivette » Gillet aux vociférations et, au jeu des chaises musicales au poste de batteur (3 marteleurs de fûts en 7 ans), en soulignant qu’Anthony Reyboz, qui officiait sur le dernier méfait en date, ne fait déjà plus partie de la formation. Aussi, il est à noter que
Kronos a trouvé refuge chez Unique Leader, spécialiste en matière de death-metal brutal et que l’artwork, magnifique au demeurant, fait toujours référence à la mythologie grecque.
Sans même que les présentations d’usage ne soient faites, ni d’introduction de bienvenue, le déluge sonore débute avec «
Infernal Abyss Sovereignty » qui entraine d’entrée l’auditeur dans un tourbillon bouillonnant, duquel d’aucun ne pourra s’extraire. La marque de fabrique de
Kronos est immédiatement identifiable, mais la violence est élevée ici, à son paroxysme. Cela sera le maître mot de «
Arisen New Era » et, même si
Kronos n’a jamais fait dans la dentelle, cet opus est réellement un cran au-dessus de son prédécesseur en termes d’agressivité et de brutalité. Chaque composition est une mandale en pleine tête, reçue, il faut le dire, avec un plaisir non dissimulé par tous les deathters que nous sommes. Mettez-vous donc «
Zeus Dethroned », « Soul-Voracious Vultures », « Hellysium » ou «
Infernal Abyss Sovereignty » (pour ne citer que ceux-ci) dans vos cages à miel pour sentir vos bouchons exploser les uns après les autres.
«
Arisen New Era » impressionne également par la multitude de leads qui le jalonne. Ces solos, très bien sentis, qui émaillent cette galette, amènent un peu de lumière à cette masse sombre et compacte, tout comme les quelques passages mélodiques (toutes proportions gardées, on a quand même à faire à du brutal death-metal) qui font office de respiration salvatrice et évitent l’asphyxie, permettant à l’auditeur aguerri ou au néophyte de pouvoir survivre jusqu’au final de cet album («
Zeus Dethroned », « Brotherlords » ou « Klymenos Underwrath »). L’aspect technique est aussi bien plus mis en avant, avec une multiplicité et une complexité des structures, augmentées en comparaison à «
The Hellenic Terror », prouvant la maturité des musiciens et les progrès de ces derniers.
Afin d’annihiler toute forme de lassitude,
Kronos joue sur l’alternance rythmique, typique du style des Vosgiens, où accélérations furieuses succèdent à des gros breaks puissants (« Klymenos Underwrath » ou « Soul-Voracious Vultures »), le tout enrobé d’un riffing massif et efficace comme les quelques mid-tempos à la double qui ne sont pas piqués des vers.
Il est indéniable que «
Arisen New Era » fait preuve d’une qualité élevée mais, selon votre humble serviteur, trois compositions parviennent à s’extraire de la masse avec, en premier lieu, «
Zeus Dethroned », puis « Klymenos Underwrath », dont la grosse brutalité, le magnifique passage mélodique (surtout sur le break) et le couplet, sont propices au headbanging le plus furieux, mais surtout « Brotherlords » qui est LA pièce maîtresse de cet album. Ce morceau synthétise l’essence de
Kronos, alternant riffing surpuissant, mélodies, brutalité primaire, pour un impact frontal qui ne laissera aucun survivant.
Il est nécessaire de signaler que la production est l’œuvre des frères Potvin (
Lyzanxia, One Way Mirror) et n’a absolument rien à envier aux grosses écuries. Tous les instruments sont parfaitement audibles, ce qui, dans le style, n’est pas vraiment chose aisée, avec une mise en relief qui augmente la férocité de l’ensemble.
Kronos, ayant voulu frapper fort après un «
The Hellenic Terror » très réussi, le groupe a choisi de mettre l’accent sur la violence auditive, avec une prédominance de blast-beat, mettant en retrait, par rapport à son prédécesseur, les changements de rythmes, atténuant la variété de cet enregistrement, point fort de «
The Hellenic Terror ». Aussi, deux compositions s’avèrent moins inspirées que le reste de l’opus («
Rapture In
Rising » et «
Aeons Titan Crown »), se montrant assez convenues et donnant l’impression que
Kronos use d’une brutalité gratuite, blastant dans le vide sans jamais atteindre le but recherché. Pour finir, l’organe vocal de Triv, profond, féroce et hargneux, doté d’un bon débit et d’un placement exemplaire, se veut moins nuancé que celui de Kristof et lisse les morceaux de «
Arisen New Era ».
La multiplicité des écoutes sera nécessaire pour apprivoiser cette dernière offrande qui s’avère plus véloce et brutale que «
The Hellenic Terror » mais manquant de subtilités, dont la volonté du groupe est de tout écraser sur son passage. «
Arisen New Era » se veut plus mature, plus abouti et plus travaillé et l’interprétation maîtrisée ne présente aucune faille. Cependant, quelques morceaux et moments plus génériques viendront ternir l’enthousiasme de votre serviteur et fera même naître une certaine frustration au regard d’un «
The Hellenic Terror » plus varié, plus nuancé, donnant l’impression que
Kronos en a gardé sous la godasse pour mieux exploser à l’avenir. Espérons que nous n’aurons pas encore à attendre huit longues années...
Rentre il y a peu pour 2 euros....je suis epoustouflé par la qualité de cet album. Dommage qu ils aient splitté.
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