Nous ayant laissés sur le souvenir d'un second album en demi-teinte, dénommé «
Project: M.I.S.T. », allait-on alors devoir assister à un retrait définitif de la scène metal de la part du quartet italien ? Négatif ! Conscient des enjeux et des risques courus à nous laisser frustrés par cette fausse note, ce dernier mettra quelque trois années d'un travail minutieux en studio pour revenir dans les rangs. Et ce, à l'aune de trois singles («
Heart Begins to Break », « I³ » et «
The Flame inside »), réalisés peu avant et intégrés dans le set de compositions de son troisième et présent opus de longue durée, «
Architecture of an Ego », signé, tout comme son devancier, chez le puissant label italien Scarlet Records. Cela étant, les 10 pistes de ce nouvel élan permettront-elles alors au combo transalpin de dépasser les carences observées à la lumière du précédent méfait ? En quoi les 34 minutes de cette fraîche galette seraient-elles des armes suffisamment efficaces pour se relever de ce mauvais pas ? A l'aune de cet arrivage, le groupe serait-il dès lors à même de se jouer de la concurrence dont ce registre metal continue de faire l'objet ?
Dans ce dessein, l'auteur/compositeur, guitariste, claviériste, programmeur et fondateur du groupe, Gabriele Sapori, convoque à nouveau les talents d' Elisa Bonafè, frontwoman aux puissantes inflexions et au clair grain de voix, de Michele Cavalca, à la basse, et d' Andrea Gardani (ex-Artkillery), à la batterie. De cette étroite collaboration émane un propos rock'n'metal moderne et électro gothique, dans la lignée du précédent effort, dont les influences d'
Amaranthe,
Angelical Tears, Volturian,
The Birthday Massacre et de
Regardless Of Me ne sauraient à nouveau être éludées, soit à quelques encâblures des fondamentaux power symphonique du groupe bolognais. Avec la participation, pour l'occasion, d' Eleonora ''Steva'' Vaiana (
Deathless Legacy, guest chez
Trick Or Treat, SkeleToon, The
Providence) et de Greta Cangelosi (dite ''Grace
Darkling'') (Nocturna, ex-Angelize), en qualité de vocalistes sur l'une des plages.
Côte production, à l'instar de son aîné, ce troisième mouvement se voit également enregistré, mixé et mastérisé par Giuseppe ''Dualized'' Bassi (programmeur occasionnellement sollicité par
Fear Factory,
Grenouer,
Levania,
Noveria et
Empyrios, investi chez
Disease Illusion,
Afterlife Symphony, Karmian, entre autres, quant à la production d'ensemble de certains de leurs albums). Ce faisant, la galette bénéficie, à son tour, d'une belle profondeur de champ acoustique, de finitions passées au peigne fin et d'arrangements de bon aloi. Indices révélateurs d'une sérieuse envie d'en découdre de la part de la troupe italienne, nous intimant d'aller explorer plus en profondeur la cale du navire...
A l'image de son devancier, la plupart des passages les plus offensifs recèlent de grisantes séries de notes. Ainsi, à la brève et synthétique, et somme toute, dispensable entame instrumentale, «
Zero Dawn », succède le vitaminé et organique « The
Fall of
Human Race » ; un vibrant effort se calant sur une ligne mélodique, certes, convenue, mais des plus entraînantes, où se greffent les cristallines impulsions de la sirène. Infiltré, en prime, d'un fringant solo de guitare, le ''volturien'' manifeste ne serait pas dépourvu d'arguments pour nous rallier à sa cause. Dans cette dynamique, on pourra non moins retenir «
Heart Begins to Break », tubesque up tempo dans le sillage d'
Angelical Tears, aussi bien pour son énergie aisément communicative, sa basse vrombissante que pour son refrain catchy mis en exergue par les célestes volutes de la déesse. Difficile également d'ignorer l'enjoué single «
The Flame inside » qui, dans la veine coalisée de
The Birthday Massacre et de
Regardless Of Me, se plait à nous asséner ses virulents coups de boutoir tout en voguant sur d'ondulantes et captatrices nappes synthétiques et en s'articulant sur une sente mélodique apte à procurer quelques frissons.
Dans une même ligne rythmique, d'autres espaces d'expression, certes, moins immédiatement lisibles, mais non sans armes esthétiques et techniques, pourraient également nous aspirer dans la tourmente. Ce qu'atteste le trépidant et '''amaranthien'' up tempo « A New
Breed », qui nous retiendra tant pour son entêtant refrain que pour ses grisantes rampes synthétiques, même si l'on regrettera l'inutile longueur du break esquissé à mi-morceau.
Quand il ralentit un tantinet sa cadence, le combo dévoile, là encore, de sémillants arpèges d'accords, non sans nous retenir parfois un peu malgré nous. On s'orientera alors, en premier lieu, vers le truculent et ''amaranthien'' single « I³ » eu égard à une insoupçonnée et saisissante triangulation oratoire, les empreintes judicieusement coalisées d' Eleonora ''Steva'' Vaiana, de Greta Cangelosi et de la frontwoman générant une onde vibratoire difficile à esquiver. On n'éludera pas davantage l'organique mid/up tempo « The
Phantom Pain » au regard de l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'il nous propose de suivre et de son bref mais seyant solo de guitare.
Plus encore, « Letter to the Last of Us » se pose tel un rayonnant mid tempo fort de sa mélodicité toute de fines nuances cousue ; un magnétique hit en puissance, que n'aurait nullement renié ni
Angelical Tears ni
Nemesea. On pourra, enfin, sauvegarder le ''volturien'' mid tempo « Seas of
Grey », et ce, davantage pour son refrain immersif à souhait mis en habits de lumière par les angéliques patines de la belle que pour ses couplets, empreints, eux, d'une certaine fadeur mélodique.
En dépit de ses points de force, la rondelle n'ira pas sans concéder une petite baisse de régime. Et ce, à l'aune du frondeur « Into the Break of a Better Day » ; pourtant headbangant à souhait, cet up tempo dans la veine de
Regardless Of Me est néanmoins en proie à de tenaces linéarités mélodiques et à des séquences d'accords mal ajustées et des plus répétitives. On passera donc son chemin, cette fois-ci.
Evoluant désormais dans un metal moderne eux relents électro gothique, le quartet italien nous plonge dans une œuvre enjouée, solaire et résolument organique. Jouissant d'une ingénierie du son de bonne facture, de mélodies désormais plus travaillées en profondeur et d'une technicité instrumentale éprouvée, le rutilant méfait s'avère un poil plus invitant que son prédécesseur. On aurait toutefois espéré, ici également, des exercices de style plus variés qu'ils n'apparaissent et des lignes de claviers parfois moins absorbantes au profit de séquences de basse et de guitare plus affirmées. Néanmoins, à la lumière de ce message musical aussi efficace que fort en émotion, la troupe disposerait dès lors d'un sérieux arsenal pour imposer ses gammes et ses arpèges à un tympan déjà familiarisé avec les vibes de ses maîtres inspirateurs, et pas seulement. Aussi, après une longue traversée du désert, le phoenix renaît de ses cendres...
Note : 14,5/20
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