Nous ayant laissés sur le souvenir enchanté de «
Rejected Gods », son premier album full length, le combo athénien, loin de chercher coûte que coûte à essaimer ses riffs, s'est plutôt laissé le temps nécessaire à la pleine maturité de ses gammes et de ses arpèges. Aussi, ne reviendra-t-il dans les rangs que deux ans plus tard, muni d'un second effort de même acabit répondant au nom de «
Arakhne », signé, tout comme son illustre devancier, chez le label belge FYB Records. Enregistrées, mixées et mastérisées de concert par Mark
Adrian, guitariste/batteur (Soulfree, ex-
Bob Katsionis...) et ingénieur/producteur grec (
Meden Agan,
Bare Infinity,
Nightfall...), déjà sollicité sur l'album précédent, et par George Emmanuel, pluri-instrumentiste (
Lucifer's Child, ex-
Chaostar) et ingénieur/producteur grec (
Rotting Christ,
Septicflesh,
Medieval Demon...), les 11 pistes de ce nouvel opus jouissent d'un enregistrement difficile à prendre en défaut et de finitions passées au crible. Indices révélateurs d'une sérieuse envie d'en découdre de la part de nos acolytes...
Dans ce dessein, se trouvent à nouveau réunis les talents de la mezzo-soprano Iliana Tsakiraki (ex-
Meden Agan), du bassiste Thanos, du guitariste Steelianos Amoiridis (ex-Keado Mores) et du batteur Philip
Stone (ex-
Meden Agan) ; Marianthe, quant à elle, s'est vue remplacée par Leonidas Diamantopoulos (Neperia), aux claviers. Resté fidèle à ses fondamentaux stylistiques, le groupe ainsi constitué continue d'officier dans un metal mélodico-symphonique opératique et progressif, dans la mouvance de
Nightwish,
Amberian Dawn,
Therion,
Meden Agan,
Xandria,
Tristania, et consorts. A l'instar du précédent effort, afin de renforcer la ''symphonicité'' du message musical délivré, quelques invités ont également pris part au voyage, dont : le puissant vocaliste Fabio Lione (
Angra, ex-
Rhapsody Of Fire, ex-
Vision Divine...), la soprano Chiara Malvestiti (
Crysalys, guest chez
Therion, Beto Vazquez
Infinity...) et l'expérimenté guitariste Jeff Waters (
Annihilator). Une belle brochette, s'il en est !
Il ne nous reste plus qu'à lever l'ancre du vaisseau amiral pour une traversée des plus sécurisées, parsemée, espérons-le, de quelques terres d'abondance...
A l'image de son devancier, c'est à l'aune de ses passages symphonico-progressifs que ce second effort marque ses premiers points, et non des moindres. Sa tracklist conservant une structure similaire à celle de son aîné, c'est à nouveau sur une brève et cinématique entame instrumentale, dénommée «
Martyr », que démarrent les hostilités, celle-ci précédant alors le polyrythmique et tubesque « Reflected » ; un vibrant méfait dans la lignée coalisée de
Therion et de
Rhapsody Of Fire, où s'unissent les saisissantes envolées lyriques de la sirène et les attaques dans les médiums de Fabio Lione. Dans cette énergie, on ne saurait davantage éluder les opératiques et ''therioniens'' mid/up tempi « Nouthetisis » et « The
Taste of Defeat » : l'un, magnifié par le flamboyant solo de guitare, signé Jeff Waters ; le second, instillé de délicats arpèges au piano et d'insoupçonnées montées en régime du corps orchestral. Mais ce serait l'imposant « Showdown » qui détiendrait la palme. Au fil de ses 6:23 minutes d'un spectacle aux multiples coups de théâtre, tout en nous imprégnant de son infiltrant cheminement d'harmoniques, cette ''nightwishienne'' fresque harmonise les magnétiques empreintes vocales d' Iliana et de Chiara Malvestiti. Mais là n'est pas l'ultime argument de nos acolytes pour tenter de nous rallier à leur cause...
Quand le rythme de ses frappes se fait un tantinet plus véloce, le collectif égéen trouvera non moins les clés pour nous assigner à résidence. Ce que prouvent, d'une part, le ''nightwishien'' up tempo « Weakness
Lies Within » comme « Afraid
No More », vivifiant méfait power symphonique aux ''therioniennes'' colorations, au regard de leurs refrains immersifs à souhait, mis en exergue par les célestes oscillations de la déesse, et de leurs poignants soli de guitare. Un headbang bien senti ne sera pas davantage esquivé sous l'impact des inaltérables assauts percussifs que nous impose « In Hiding », sanguine offrande aux riffs acérés dans la veine d'un
Amberian Dawn des premiers émois ; un propos symphonico-cinématique aux arrangements instrumentaux de bon aloi, agrémenté d'un fin legato à la lead guitare, et à nouveau mis en lumière par les troublantes patines de la diva. On pourra, enfin, retenir l'enjoué « A
Gift of
Curse » tant pour son enveloppante ligne mélodique que pour son énergie aisément communicative.
Si le message musical se fait parfois plus obscur, il n'en est pas moins incitatif à l'adhésion. Ce qu'atteste « Time
Immemorial », énigmatique up tempo symphonique aux effluves dark gothique, à mi-chemin entre
Tristania et
Meden Agan ; dans une atmosphère résolument gorgonesque, les grisantes modulations de la belle font écho aux growls caverneux d'une bête revêche. Et la sauce prend, in fine.
Quand la cadence se fait un poil plus mesurée, nos compères parviennent, là encore, à nous retenir, un peu malgré nous. Ce qu'illustre le ''xandrien'' mid tempo « I Spare You » eu égard à son seyant paysage de notes et à ses enchaînements intra piste des plus sécurisants. Complexe techniquement, ce solaire effort n'en révèle pas moins de sensibles gammes pianistiques alors venues nourrir un break opportun que relayera une grisante reprise sous couvert d'un éblouissant solo de guitare.
En définitive, carton plein, ou presque, pour la formation grecque à l'aune de ce palpitant et pénétrant opus. Diversifiant ses ambiances et ses phases rythmiques comme ses joutes oratoires, ce galvanisant propos se place en digne héritier de son aîné. S'il manque, cette fois, l'une ou l'autre ballade pour se sustenter, le combo a compensé cette relative carence à la fois par la qualité de sa production et par l'absence de bémols et/ou de frustrantes zones de remplissage susceptibles d'émailler la surface de la rondelle. Et même si les modèles identificatoires ne sauraient totalement être occultés, tant les qualités mélodiques et techniques que l'hypnotique filet de voix de la maîtresse de cérémonie permettront d'éviter l'écueil d'une désaffection prématurée des lieux. On comprend que le collectif égéen signe-là une œuvre d'envergure, apte à le propulser dès lors parmi les valeurs montantes de cet espace metal. Bref, une seconde ogive aux effets dévastateurs lancée par l'escadron hellénique...
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