Anshur-Za

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16/20
Nom du groupe Thy Disease
Nom de l'album Anshur-Za
Type Album
Date de parution 30 Novembre 2009
Style MusicalCyber Metal
Membres possèdant cet album5

Tracklist

1. Blame 04:17
2. Code Red 02:59
3. Collateral Damage 02:57
4. Nightmare Scenario 04:14
5. Moral Supremacy 03:26
6. Fog of War 03:16
7. Freedom for Anshur-Za 04:04
8. General's Speech 02:55
9. Rotten Structure 04:33
10. Salah-Dhin 04:23
Bonustracks
11. Frozen (Madonna Cover) 04:34
12. Sinner in Me (Depeche Mode Cover) 03:52
Total playing time 45:36

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Thy Disease


Chronique @ Matai

16 Novembre 2010

Plus electro que death, Thy Disease s’éloigne de son passé semblant moins lui coller à la peau

Toujours dans un futur proche, la Terre dirigée par le Syndicat continue d’être ravagée par des guerres sans merci et une oppression sans équivoque. L’air est devenu toxique, des camps ont été créés pour héberger les quelques rebelles, manquant à plusieurs reprises d’évincer le Syndicat et cette ère malsaine. Séparés de la civilisation par des fils barbelé et contraints de porter des masques à gaz, ces hommes tentent tout de même envers et contre tout de retrouver leur liberté et la vie qu’ils avaient connu auparavant... un endroit semble toutefois être synonyme d’espoir et de salvation, un endroit bien spécial et étranger où se cacheraient des hommes libres... Anshur-Za...

Cinquième album et surtout deuxième partie du concept futuriste et pessimiste des cyber métalleux de Thy Disease, devenus après plus de dix ans d’expérience, une entité death indus à part entière. Après une évolution constante, dénotant non seulement une envie de changer et de prouver leur talent en matière de compositions, les polonais montrent une fois de plus que leur musique varie et s’ancre dans un style apparu peu à peu au fil des opus, un cyber metal froid et brutal. Mélange de death rentre dedans et d’indus/electro martial et omniprésent, des changements sont tout de même à dénoter puisque le black, qui était pourtant une des bases des compositions du groupe, a disparu au profit d’un ensemble peut-être moins sombre mais plus moderne et SF. Le logo n’est d’ailleurs plus typé death/black et s’avère être bien caractéristique d’un groupe d’indus. La pochette représente un homme avec un masque à gaz pris dans une explosion alors qu’il tente de fuir son camp de concentration. Rien de bien black donc et il est clair que Thy Disease tire définitivement un trait sur ce style, pour se consacrer davantage à une musique peut-être plus originale mais moins personnelle.

Outre ces quelques changements stylistiques et esthétiques, le combo teinte les douze chansons de ce « Anshur Za » de nouveaux éléments qu’il n’avait pas encore exploité depuis le début de sa carrière, notamment l’alternance des vocaux gutturaux/clairs dans certains mettant en avant les deux types de camps, comme dans « Code Red », « Fog of War » ou « Freedom for Anshur-Za ». Hormis l’apport d’émotion et d’une technique de chant imparable pour Psycho, qui maîtrise aussi bien son organe dans le chant death que dans le chant clair au phrasé impeccable, cette alternance propulse d’autant plus le groupe au même rang que des formations de Death Mélodique traditionnel ou d’Indus à la Sybreed ou Breach the Void...
Autre élément nouveau, l’apparition de sonorités orientales dans certains morceaux, mises en avant aussi bien par une sitar sur « Blame », que par des vocaux sur « Salah-Dhin » ou un solo de guitare sur « Freedom for Anshur-Za ». Ces sonorités symbolisent l’exotisme mais aussi l’étranger, et donc l’endroit salvateur nommé précédemment, Anshur-Za...

Toutefois, malgré les nouveautés, on ne change pas les ingrédients qui font la recette de leur succès. Thy Disease réutilise ici allégrement un large panel de mélodies et d’harmonies, peut-être trop abondant il faut l’avouer. Elles ne sont pas vectrices d’étouffement de l’agressivité, au contraire, elles permettent sans aucun doute d’aérer les compositions, regorgeant de riffs efficaces et puissants, et d’une batterie à la double pédale facile et martelante. « Rotten Structure » par exemple, est basé du début à la fin sur des saccades entêtantes et une batterie pour le moins technique, paradées par un chant death plus grave qu’à l’accoutumer et rocailleux. Le break atmosphérique et futuriste en milieu de titre fait office de pause après ce déferlement de brutalité et permet de rappeler à l’auditeur à quelle époque il se trouve.

Car les ambiances jouent de nouveau un rôle primordial et sont les principales fondatrices de la musique cyber. Ainsi même si quelques parties peuvent être assez mécaniques et déshumanisés comme sur « Nightmare Scenario » avec ces claviers bien étranges et ces voix décharnées à certains moments, l’ambiance principale est bien évidemment apocalyptique et résolument déconcertante. « Blame », morceau d’ouverture de l’album, est sans doute le plus représentatif. Son intro pourrait faire croire qu’il s’agit d’un titre instrumental tant il est ambiant : des percussions à la limite du robotique, un fond d’ambiance froid et pesant, et une mélodie au piano enivrante. Il est tout à fait possible de se croire à la place de l’homme sur la pochette, dans ce monde gris et nuageux où la liberté de penser et de se mouvoir n’existe pas... la suite du titre se veut soudainement plus agressif et assez similaire aux anciens albums de Thy Disease, c'est-à-dire un déferlement de riffs techniques et ravageurs soutenus par un growl maîtrisé et des claviers imposants.

Et c’est là que le bât blesse. On peut leur reprocher cela. La profusion de claviers. L’ancrage parfait dans la musique Indus. Le pas en avant. Et peut-être celui de trop. En effet, tous les morceaux regorgent de claviers et d’un enrobage électronique omniprésent. Alors que dans les précédents albums les claviers étaient utilisés à moyenne dose et servaient de parade au black pour créer des atmosphères bien particulières, sombres, froides et inquiétantes, sur « Anshur-Za » c’est la totale antithèse... on se retrouve avec beaucoup de sons et beaucoup d’accords, apportant ce côté atypique, certes, mais noyant quelque peu l’auditeur dans un dédale de sonorités toutes aussi variées et déroutantes les unes des autres. Cette suprématie du clavier et de l’électro (« General Speech » étant un bon exemple) peut finalement rappeler que Thy Disease se perd dans un chemin qu’il n’aurait pas dû emprunter. Certes ça apporte pas mal d’originalité aux compos et lui permet de se placer encore plus dans un style Cyber, mais l’abondance reste quasiment destructrice et Thy Disease s’éloigne de ce fait de son passé qui semble de moins en moins leur coller à la peau.
D’autant plus que l’album se termine avec deux reprises bonus bien indus et électronique de Depech Mode (le modèle ultime pour tout groupe d’indus) et de Madonna, « Frozen », déjà revisité par les polonais eux-mêmes sur leur album « Devilish Act of Creation ». Sauf qu’ici le rendu est irrémédiablement différent puisqu’il n’y a plus de black et que les claviers prennent le dessus, même si les riffs restent efficaces et bien puissants. Ces reprises restent tout de même dispensables et rappellent encore plus à l’auditeur que le Thy Disease du passé est résolument mort...

Le concept de l’album se clôt véritablement avec « Salah-Dhin » (les reprises ne comptent pas) et sa petite touche d’espoir. Ce nom bien mystérieux fait référence au héros kurde et musulman Saladin (d’où les ambiances orientales...) mais est surtout une sorte de ville phare d’Anshur-Za, abri des hommes libres et pensant par eux-mêmes...

Après cette fin, il est normal d’avoir un avis mitigé sur l’album surtout après avoir connu les anciens. Le virage entamé avec « Neurotic World of Guilt » et accentué par « Rat Age » vient de se stabiliser sur ce « Anshur Za » beaucoup plus électronique que ces grands frères. Ceux ne connaissant pas Thy Disease et débarquant avec l’écoute de cet opus y trouveront un groupe original de Cyber Metal, bien inspiré, détenant un concept intéressant et prenant. Les autres pourront rester sur leur faim à cause de ce manque d’agressivité palpable ou s’étonner du fait que le changement soit si brusque, basé sur une masse d’éléments électroniques. Pas une erreur de parcours pour autant, l’opus en question se laisse toutefois bien écouter et décèle d’excellents morceaux.

2 Commentaires

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BadaOfBodom - 18 Décembre 2010: Aucun commentaire pour cette excellente chronique ? On aura tout vu...

Bravo et merci pour cette chronique, chère Matai. J'ai la tête dans le gaz, et pourtant, j'ai lu tout ça sans me faire chier. Aucun passage tiré par les cheveux : tout est utile dans cet article. On a une bonne contextualisation, un maniement habile du concept, une idée précise de ce qui nous attend musicalement ; bref, on a une analyse détaillée et pertinente de l'oeuvre. C'est du propre.

(Par contre, "sitar", c'est masculin. Je le sais parce que je travaille actuellement sur la chronique de Grand Alchemist qui utilise justement cette sonorité. ;))
NagaShadow - 28 Juin 2011: Wouarf, très bonne chronique !

Aimant particulièrement l'alternance, voix guttural = > voix claire. Qui plus est accompagné de claviers "mélodicisant" (si,si ça existe ! ^^)les compos. Je pense que cet album est davantage pour moi que les précédents, peut être trop brutal pour mes petites oreilles.



Au risque de me répéter, ta chronique est vraiment bien, et se lit finalement vite (et bonne) ! Chapeau.
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