Liste des groupes Folk Metal Eklyps An-Folki Gobeleijn

Quelque part au milieu des bruyères vivent les gobelins. Je sais que vous allez pouffer de rire et vous moquer à la lecture de cette phrase, considérant le chroniqueur au bord de l‘insanité, mais avec beaucoup d’imagination et un esprit volatil comme le mien, on parvient à les voir. Ces êtres sont peu attirants au premier abord. Les contacts avec ces ignobles créatures se révèlent le plus souvent infructueuses. Avec un peu de chance, ceux-ci finiront par vous tirer la langue ou vous montrer avec enchantement et insistance le majeur de leur main. Ne voyez pas là une impolitesse de leur part, il s’agit chez eux d’un signe d’honneur et de bienvenu. Les gobelins sont très farceurs, et après mille misères à votre personne, vous serez enfin admis à leur communauté et vous partagerez ensemble le ragondin bouilli (note: le bizutage est très souvent employé chez eux, d’ailleurs, révélation, les bizus sont en fait des gobelins. Si vous en croisez un quelque part, faites lui un doigt d’honneur pour le saluer. Il sera ravi et vous partagerez le ragondin bouilli avec sa communauté).
Une fois rassasié de chair de rongeurs, vous aurez ensuite droit à une bonne surprise. A la nuit tombée, sous la lumière d’un grand feu (qui a servi à bouillir les ragondins entiers), vous aurez droit à de la musique. Une musique qui vous fera tout oublier, rendant votre esprit encore plus volatil (comme s’il ne l’avait pas été déjà assez).

Une formation poitevine au nom révélateur d‘« Eklyps » semble avoir, elle aussi, connu les gobelins et goûté à leur merveilleuse spécialité culinaire, car ses membres sont parvenus à reproduire la musique de nos ravissantes créatures (la contrefaçon est un fléau), et de l‘éditer sur son premier rejeton, prénommé « An-Folki Gobeleijn ». Autre grande révélation, il y aura du folk et des gobelins. Voilà une promesse intéressante. A notre grande surprise, il s’agit en fait d’un folk rock-metal. En fait l’aspect metal n’est pas ici des plus prononcés. L’aspect folk, cependant, ne fait aucun doute dans notre esprit (pas volatil cette fois). Le violon et le chant féminin feulé et monocorde participent à étayer un tel constat.

« Eklyps » s’est imprégnée de l’ambiance celtique et nous la ressert en toute bienfaisance sur ce mini-cd sorti en 2008. Un voyage sur des paysages de bocage, qui démarre au galop sur « Birds of Prey ». Comme sur le mélodieux et très folk « Yet Again », la course endiablée de la guitare acoustique sera supplantée par le charme celte du violon, et un rythme électrique par la suite.
Dans le domaine de l’électrique, on a bien le survolté « The Goblin Did it! ». La batterie et les guitares y auront une place plus imposante en comparaison à toutes les autres pistes; jusqu’à endurcir véritablement le morceau (de manière relative quand même; la facette metal adoptée par le groupe n’est pas des plus prononcés). La voix de Charline s’endurcie également tout en parvenant à maintenir une prise de vitesse identique à celle prise par les instruments. On pourra ainsi relever que le ragondin bouilli est moins discutable pour sa valeur énergétique que pour son goût.

Ce même élan énergique se retrouve dans le début de « Blind-Fated Shame (Oops, the Goblin Did It Again!) », mais l’arrivée impromptue de Laurent au violon, ajoutée au chant cajolant de Charline, finiront par calmer et adoucir le jeu. Un peu trop tout de même. Le rendu deviendra plus ennuyeux, malheureusement. Tout finit par tourner sur place on dirait (la bouillie de ragondin est parfois difficile à digérer).
Des aigreurs (pas que d’estomac) qui se feront sentir sur les grincements de violon du titre « Community Program ». L’atmosphère y est lourde, le chant quasiment pris d’affolement jusqu’à l’arrivée du refrain. Un simple « hello » ou un « bonjour » peut vous redonner le sourire. En tout cas, quelques saluts gentiment prononcés auront pour effet de dissiper la grisaille du début de piste. Un titre digne d’intérêt, assez court cependant compte tenu de la composition.

Le morceau du chef sera incontestablement « Silent Words (to Hide the Tears) ». Pour l’occasion est introduit en ouverture un petit chœur féminin, gagné par une bourrasque de sons qui sera essentiellement dominée par les envolées du violon et le chant de Charline, dotée de sa plus belle voix. Un titre qui excelle du point de vue de sa structure, qui se laisse couler sans difficulté.

Les gobelins sont non seulement des êtres farceurs, aux talents culinaires plus que discutables. Ça n’en restent pas moins des musiciens hors pairs. C’est du moins ce que l’on peut apprendre d’eux à l’écoute des titres offerts par notre formation poitevine. Un spectacle aussi beau qu’une vraie éclipse que l’on voudrait voir durer encore de longues années. Je dis ça, mais ils ont une belle carrière devant eux. Il n’y a pas trop d’inquiétude à avoir en ce qui les concerne.
Tiens, à l’instant, j’aperçois un gobelin. Gna-gna-gna!

15/20