Il n’y a qu’à lire ma chronique de
Ma-Ion pour se rendre compte d’à quel point le dernier album d’
Acherontas m’a déçu, avec ces titres s’étirant inutilement en longueur et ces intermèdes ambiant interminables. C’est donc avec une certaine appréhension que j’ai commencé l’écoute de ce sixième full length, dont le sous-titre, Formulas of
Reptilian Unification II, laissait présager qu’il s’agissait de la suite logique de l’album précédent.
Heureusement, avec ce
Amarta les Grecs remontent largement la pente : finies les errances hiératiques de
Ma-Ion,
Acherontas V. Priest se concentre désormais sur un black plus direct, intense et dévastateur que jamais (Schism of World avec son blast apocalyptique), prenant le contre-pied de ce qu’il avait proposé en 2015. Comme on s’en doute néanmoins lorsque l’on connaît la philosophie du groupe, conceptuellement, la horde grecque n’a absolument pas changé son fusil d’épaule, poussant toujours plus loin l’exploration d’un black orthodoxe à la forte essence religieuse, et s’éloignant toujours un peu plus de son style d’antan pour embraser un metal réellement noir, ésotérique et votif à la flamme spirituelle palpable. C’est donc sans surprise qu’
Acherontas se rapproche encore un peu plus de ses compagnons de label de
Devathorn ou de la dernière mouture de
Behexen.
Ces 47 minutes de rituel présentent toutes les facettes d’un black orthodoxe occulte et moderne: des guitares bourdonnantes rehaussées de notes aussi belles qu’angoissantes et du blast hypnotique de Schism of World à l’arpège malsain noyé dans le mur brumeux et lointain des guitares d’un Sopdet Denudata au mid tempo litanique,
Acherontas montre qu’il maîtrise parfaitement son sujet. Les huit morceaux qui composent cette galette sont bien équilibrés, changeant les tempi, les ambiances au sein des titres et toujours portés par les éructations caverneuses et proprement effrayantes du prêtre maudit : la voix d’
Acherontas V. priest est un râle rauque et désincarné qui ne semble déjà plus de ce monde, et se mue parfois en un chant vide et désespéré ou en incantations psalmodiées aux intonations sacrées.
Traversé d’accélérations rythmiques imparables toujours rehaussées par ces petites notes de guitares à la beauté pernicieuse (Schism Of Worlds, l’exceptionnelle deuxième partie de Sopdet Denudata, avec ce riff envoûtant, Rosa
Andromeda), offrant également des moments plus lents et rampants emprunts d’une certaine sérénité (le long Savikalpa
Samadhi qui s’achève sur ces notes célestes et ces chœurs féminins, le titre éponyme qui clôt l’album, plus introspectif et méditatif, s’ouvrant et s’achevant sur des arpèges acoustiques qui nous bercent tranquillement), Amarata est une incantation à la sincérité palpable toujours tiraillée entre l’obscurité et la lumière. Si le groupe a beaucoup perdu en personnalité depuis ses débuts, on reconnaît encore sa patte via ces trémolos de guitare mélodiques qui viennent trouer l’épaisseur opaque des guitares et les lourdes volutes d’encens et éclairer un peu ces ténèbres (Yesod Inversum, les mélodies ensorcelantes de Sopdet Denudata).
En conclusion,
Amarta est un très bon album de black metal orthodoxe, bien travaillé, parfaitement exécuté et possédant quelques moments forts, mais le tout manque encore d’originalité. On pourra également reprocher un ensemble trop homogène duquel il est difficile d’extraire un titre plus qu’un autre, avec des structures et des effets qui tendent à se répéter, notamment ces passages plus lents au chant scandé et ritualiste un peu lassant sur la durée. Ceci dit,
Acherontas a largement remonté la pente depuis l’effort précédent, et renoue ici avec une inspiration vraiment palpable sur de nombreux passages.
Acherontas l’a compris, c’est en s’enfonçant toujours plus loin dans les profondeurs que l’on finit par s’élever, espérons donc que le prochain album continue de marquer l’ascension du combo grec…
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