Cela fait longtemps maintenant que le metal côtoie les musiques traditionnelles et ethniques de l'Orient ou du Maghreb et cette tendance semble s'accroître depuis quelques années, depuis que les pionniers d'
Orphaned Land l'ont attisée. Des formations en particulier auront fait parler d'elles,
Myrath ou
Arkan pour ne citer qu'elles, donnant naissance à un véritable trio de tête et à une envie, pour les autres, de proposer leur mélange et de montrer leurs origines ethniques à travers la musique metal.
D'origine algérienne,
Acyl existe tel que nous le connaissons depuis l'emménagement des membres en France, en 2003. Il s'agit du prolongement de quelques projets antérieurs du groupe dans son pays d'origine, et le tout devient réalité depuis quelques années maintenant et surtout depuis l'implication de Reda dans le groupe
Arkan et la sortie du premier EP d'
Acyl, « The
Angel's
Sin », en 2010.
Deux ans plus tard, le combo signe chez M&O Music afin de sortir son premier album, sobrement appelé «
Algebra ». Ce dernier se présente comme un livre ancien où se côtoient des contes antiques et des fresques historiques, revendiquant de manière très forte les origines berbéro-arabo-musulmanes du groupe. Dans une veine orientale très prononcée, il se veut aussi chaleureux qu'authentique, à l'image du nom du groupe, signifiant tout simplement « le vrai, l'authentique » en arabe. C'est aussi une belle passerelle entre modernité et tradition, son metal étant ancré dans un style moderne et groovy avec de nombreux éléments arabisants et ethniques.
En réalité, depuis le début,
Acyl s'évertue à nous concocter, comme ils aiment à le dire, de la « musique algérienne métalisée ». Comprenez par là que le groupe mélange l'agressivité et la hargne du metal aux musiques algériennes traditionnelles telles que le gnaoui, le alaoui ou le tendi, tout comme
Myrath, pour les natifs, mélange metal et musique chaâbi. Cet exemple peut vous donner une idée de la chose, bien qu'
Acyl ne se situe pas dans la même veine. En effet, cette formation atypique joue encore plus sur l'aspect ethnique et oriental et c'est un véritable voyage en Algérie et dans les sables du
Sahara que nous faisons avec cet album.
Tout d'abord,
Acyl a plus d'une corde à son arc dans la mesure où chacun des membres peut jouer plusieurs instruments, que ce soit de la guitare ou des percussions traditionnelles. Les choeurs et chants sont à l'honneur et ce, grâce aux nombreux guests qui apportent leur voix et leur savoir faire à la musique du combo. Ajoutez à cela la variété des instruments (karkabou, oud, derbouka ou autres gumbri) et c'est le dépaysement complet. Alors amateurs d'ambiances chaleureuses, de chants traditionnels et d'exotisme, cet opus est vraiment fait pour vous.
On se met directement dans le bain avec « Ungratefulness » et ses percussions. Sa ligne de basse introductrice apporte une bonne dose de groove ainsi que l'alternance chant clair et chant guttural, jusqu'à l'explosion des riffs et une fin résolument orientale. Sur «
Head on
Crash », on durcit le ton avec des guitares hargneuses et souvent saccadées avant de se laisser bercer par une partie purement instrumentale et ethnique avec cette mandoline et sa mélodie arabisante.
On ne sort jamais de l'univers qu'essaie de retranscrire
Acyl, l'auditeur est toujours entraîné dans cet ensemble ethnique et expérimental grâce à beaucoup d'éléments traditionnels, de choeurs, de percussions, de mandolines, de oud et j'en passe. Souvent ambient, on a souvent l'impression de se passer un CD de musique du monde, jusqu'à ce que les guitares lancent des offensives tout en apportant des relents death metal, relents confirmés avec la présence du growl (« Al Kiama Chapter 1 : Caldeira » ou «
Barzakh » par exemple). « Back to Death », quant à lui, reste un bon exemple de musique traditionnelle, tout comme «
Creation Chapter 2 : The Hold ».
En dépit de ces bonnes choses, il faut savoir que l'expérimentation joue un rôle considérable dans les compositions de
Acyl, utilisant d'autres influences (jazz par exemple). Le passage des parties saccadées aux parties purement orientales à celles bien agressives peut parfois être déstabilisant. Mais ce qui reste plus gênant, ce sont les enchaînements, parfois maladroits. De plus, le chant d'Amine (dans les parties growls) manquent encore de modulation. Au final, on a du mal à démarquer un morceau plus qu'un autre et on ressent une certaine linéarité. Ce qui est dommage, tant l'audace et l'originalité sont au rendez vous. Il semblerait donc que l'oriental, à trop forte dose, tue la magie instaurée dans cet ensemble ethnique au possible. Toutefois, cela n'empêche pas à
Acyl de fournir un «
Algebra » intéressant, dans l'air du temps, chaleureux et convivial.
Malheureusement il y a une certaine linéarité et un manque cruel de moments forts qui ont du mal à faire décoller l'ensemble. Les influences orientales sont bien utilisées, mais parfois un peu ... trop, c'est dommage, et je pense que le groupe gagnerait à trouver un meilleur équilibre.
En espérant que le suivant soit meilleur.
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