Il y a encore quelques semaines, personne n'aurait pu soupçonner l'arrivée d'un nouvel album d'
Acyl. La bande a longtemps caché son secret jusqu'à l'annonce inattendue de "
Aftermath" distribué par Season Of
Mist. Pour ceux qui ont raté un épisode,
Acyl est un groupe d'oriental metal composé d'Algériens s'étant exilés à
Paris. Ils ont déjà un EP et un album à leur actif, le fameux "
Algebra" sorti chez M-O Music. Ils avaient attiré l'attention des médias en mélangeant modernité et tradition, à savoir modern metal et musique traditionnelle du Maghreb.
Cette année, le groupe s'entoure de musiciens de talent. On retrouve pas moins de douze guests accompagnés de leur instruments de prédilection, ainsi qu'un nouveau guitariste, Adber'Rahman, qui n'est autre que l'ancien guitariste d'
Arkan, un soutien qui se ressent dans les plans metal, plus lourds, mais aussi dans les plans acoustiques, plus chaleureux. "Numidia" démarre fortement les hostilités avec des percussions et des choeurs arabes, avant une déflagration de riffs très modernes, saturés et saccadés. Les passages alambiqués, quasi expérimentaux, rappellent cette mouvance influencée par
Meshuggah, mais
Acyl a sa propre patte grâce à son côté oriental omniprésent et son alternance growls / chant clair ethnique.
L'arrivée de "Mercurial" tranche littéralement avec ce qu'on a pu entendre précédemment. C'est plus calme, avec ses flutes traditionnelles et son ambiance dépaysante qui nous transporte directement en Afrique du Nord. Le chant est plus maîtrisé et plus juste, plus modulé aussi, plus aguicheur lorsqu'il part dans les tons clairs, plus agressif lorsqu'il fait dans le growl. La rythmique s'insert parfaitement au sein de ce medley, entre plans folkloriques et plans plus féroces. Le mélange est groovy et osé, et l'harmonie se créé très facilement.
Chaque instrument a son importance, chacun s'unit à son voisin avec délicatesse. Le contraste entre tradition et modernité, brutalité et mélodie, s'intègre très bien à l'ensemble, en témoignent le très bon "Gibraltar" à l'équilibre parfait, ou "Son of Muhieddine" qui nous fait autant planer qu'headbanger. On est ni trop dans le metal, ni trop dans la musique ethnique, la fusion est une vraie réussite.
Avec cet album,
Acyl nuance davantage son propos et évite les linéarités qui faisaient partie des faiblesses d'"
Algebra". La musique du monde a une place très importante mais ne prend jamais la place du metal, qui sait se faire agressif et incisif lorsqu'il le faut, à la manière de "The Battle of
Constantine" où l'alternance musique ethnique / modern metal agit comme un duel. En plus de ça, la bande a apporté beaucoup de soin à ses mélodies, ce qui fait qu'on ne se retrouve pas avec des plans orientaux clichés. Le travail est là, comme le montre le très planant "Tin Hinan" et ses violons envoûtants, ou encore les très ethniques "Equanimity" et "Pride" qui terminent l'opus avec beaucoup de classe et de douceur.
Acyl montre un éclectisme à toute épreuve avec ce "
Aftermath" qui saura certainement se faire une place dans le paysage metal actuel. On est loin des copies parfaites des groupes phares du moment, loin des redondances du modern, loin des expérimentations hasardeuses ; cette bande là fait dans l'authentique avec une production aux petits oignons faisant la part belle aux instruments traditionnels et à la puissance des guitares. Les termes "oriental" et "metal" ont rarement été aussi bien associé.
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