Oh putain, un nouvel album d’
On Thorns I Lay !
Voilà à peu près ce que je me suis dit lorsque j’ai appris la sortie d’
Aegean Sorrow, huitième album de la formation grecque, qui sévit tout de même depuis
1994 et dont j’avais complètement perdu la trace depuis leur
Egocentric de 2004.
Black Lotus ayant mis la clé sous la porte au milieu des années 2000, le groupe avait à peu près disparu de la circulation et était peu à peu tombé dans l’oubli, et j’avoue humblement que j’étais complètement passé à côté de leur discret retour discographique opéré en 2016 avec un
Eternal Silence qui, en la circonstance, portait plutôt bien son nom.
Ce n’est donc pas sans crainte ni appréhension que je redécouvre le combo d’Athènes et que j’insère
Aegean Sorrow dans mon lecteur, car en presque quinze ans, il peut s’en passer des choses, surtout sur le plan musical…
Une courte intro narrative et nous voilà directement happés par les guitares lourdes ainsi que le growl profond de Stefanos Kintzoglou. Le morceau éponyme évolue sur un mid tempo solide et bien rythmé plutôt conventionnel, avant de nous envoyer ces guitares chaudes au feeling grec si typique à 2,10 minutes. Puis on enchaîne sur un break mélancolique égrainé au clavier et une superbe reprise portée par une guitare pleine de sensibilité, pour un morceau finalement très bon, certes plutôt simple mais touchant.
C’est un fait, la musique des Grecs a pas mal évolué depuis les années 2000 : même si on reconnaît leur patte identifiable dans le riffing et l’utilisation du violon, on est désormais assez loin des expérimentations atmosphériques de
Crystal Tears ou du metal FM et popisant d’
Egocentric ;
Aegean Sorrow est un pur album de doom death comme il se pratiquait au début des années 90, puissant (le riff central d’Olethros Part I ), pesant et mélancolique (le riff traînant et délicieusement cafardeux de The Final Truth renforcé par ce chant clair désabusé et cette ligne de violon simple et belle), avec un son parfaitement adapté concocté par mister Dan
Swanö himself. Le chant clair est presque absent de ces neuf pistes, et le growl n’a jamais été aussi profond, ce qui nous renvoie à la belle époque de
Sounds of Beautiful Experience et d’
Orama, tant musicalement que vocalement.
Quoi qu’il en soit, le contraste entre le chant guttural et ces mélodies envoûtantes n’a jamais aussi bien fonctionné et d’une manière générale, la magie opère sur ces 47 minutes. Les mélodies de la six cordes sont vraiment saisissantes et confèrent à cet album une coloration particulière (le morceau éponyme, le très bon In
Emerald Eyes, Olethros Part II, largement instrumental). De même, on reconnaît dans ces interventions nostalgiques la personnalité unique du combo grec et un morceau comme
Erevos, avec ce riff reconnaissable entre mille ainsi que ce subtil entremêlement de claviers et de violon, est vraiment typique du son
On Thorns I Lay toutes époques confondues. D’ailleurs, on constate que la fin d’album est bien plus calme et feutrée, s’éloignant de la rythmique puissante et des gros accords des premiers titres, et s’achevant sur une outro au clavier de toute beauté. Ajoutez à cela quelques parties acoustiques intelligemment distillées (le break d’
Erevos, justement, tout en sensibilité, l’ouverture d’Olethros Part II, A
Sign of
Sadness) et vous obtenez un très bon album de doom death, équilibré, riche et varié. Les Athéniens parviennent à nous toucher en toute simplicité grâce à une sensibilité et un feeling mélodique intact au fort impact émotionnel, et ce sans jamais tomber dans le mièvre, ce qui est essentiel dans le style.
En bref, les Grecs signent un retour aussi inattendu que réussi, et, à l’instar de leurs confrères britanniques de
Paradise Lost, se repenchent avec succès sur leurs racines doom death après une longue période d’expérimentations plus ou moins fructueuses. Finalement, contrairement à ce que son patronyme un brin morbide et son long silence au milieu des années 2000 pouvait laisser à penser,
On Thorns I Lay ne repose pas encore dans un cercueil, et c’est tant mieux...
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