Liste des groupes Metal Mélodique Lost Effect Abyss

Il n'aura fallu que quelques mois d'attente pour voir le combo britannique, originaire de York, remettre le couvert. Suite à « Memoirs of a Stollen Souls », laconique et verte démo, la jeune bande réitère avec une seconde, plus freluquette encore, dénommée « Abyss ». Cette fois, ce ne sont plus 4 mais 2 titres simplement qui nous accueillent sur les neuf minutes de la menue rondelle. Sera-ce bien suffisant pour que Beth Parkinson et ses acolytes puissent mettre à distance une concurrence galopante dans le registre metal qui les a vus naître ? A la croisée des chemins entre un metal atmosphérique gothique et dark gothique, ce groupe au line up inchangé s'est nourri de sources d'influence telles que Draconian, Tristania, The Gathering, Epica et Lacuna Coil. Peut-il envisager, dès lors, de marcher sans encombres sur les traces de ces cadors dont la réputation n'est plus à faire ? Cette laconique production s'appréhende en deux temps, chaque pièce recelant une assise rythmique différenciée.

Dans un premier élan, le tonnerre gronde, les éclairs lézardent le ciel de leurs luminescentes zébrures, avant que de diluviennes pluies ne viennent inonder nos tympans alanguis sur « Abyss », frénétique piste dark gothique inspirée par Draconian. Des riffs corrosifs épousent une rythmique plombante au fil d'un fleuve instrumental en colère, précédant une inquiétante bête growleuse sortant de l'ombre, à la recherche de sa fragile moitié. La belle, dotée de fines patines haut perchées, vient à sa rencontre pour quelques échanges forts en contrastes oratoires, le long d'un cheminement mélodique incertain mais nuancé et pas foncièrement inconvenant. Un break opportun s'infiltre permettant à la douce de le relayer en finesse. Toutefois, l'émotion a du mal à nous gagner tant l'atmosphère s'embrume au fur et à mesure que l'on pénètre dans l'antre de la bête. Aussi, quelques regrets pointent déjà le bout de leur nez.

C'est dans un paysage de notes alternatif que nous embarque le second acte. Des riffs qui détruisent tout sur leur passage, à la distorsion maximisée, étreignent une section rythmique fouettante sur « Darkening My Eyes ». Titre polyrythmique aux nuances atmosphériques avérées, cet instant n'en demeure pas moins furibond et vénéneux de par les arrangements octroyés et l'empreinte d'une caverneuse présence, prête à ne pas lâcher sa comparse d'un pouce. Mordant par ses gimmicks à la lead guitare et ses frappes sèches et régulières, et parsemé de gammes effilées au piano, ce morceau ne révèle ses subtilités qu'au bout de plusieurs passages. Par moments, on tendrait à se perdre au beau milieu d'une débauche de variations et de plans technicistes au détriment d'un tracé mélodique qui, ce faisant, s'émousse. La clôture apparaît aussi trop prestement amenée, ne permettant pas à la piste de s'achever dans les meilleures conditions.

Au bout des neuf minutes d'écoute de cette seconde livraison, on comprend que le groupe a cherché à affiner le trait, mais qu'il n'y est que malaisément parvenu. L'évolution tant espérée ne s'est pas opérée en profondeur, mais par touches successives, ne permettant pas au combo, pour le moment, de faire valoir ses prérogatives auprès d'un public qu'il appelle pourtant de ses vœux depuis plus d'un an déjà. Moins d'approximations dans les joutes oratoires, plus de soin dans la production dans son ensemble, certes, mais toujours pas de séries de notes et/ou d'accords éprouvés qui recueilleraient une franche adhésion. Au regard de ce message musical, ayant offert quelques rares moments grisants, sur le premier titre, notamment, c'est dire que ce ne sera pas encore cette fois que la troupe nous ralliera à sa cause. Il n'y a pas encore péril en la demeure, mais une réaction s'impose pour que l'on soit plus infiltré, voire happé par leur future proposition...