On saisit volontiers les rares occasions qui nous sont données de pouvoir présenter un girl groupe, encore plus si celui-là est constitué de membres aussi plaisantes au regard qu’à l’écoute. «
Indica » est un groupe à la périphérie du metal, qui provient encore une fois de Finlande, un pays en train de révolutionner la musique. Ces filles ont déjà 5 albums à leur actif depuis leur formation en 2001, mais sont restées étonnamment méconnues du grand public.
Avec « A Way Away », la chose sera rapidement réparée. Pour leur premier album en anglais, rien n’a été fait à moitié: La production de l’album est signée
Tuomas Holopainen, plus connu en tant que claviériste de «
Nightwish ». Une connaissance d’«
Indica » d’ailleurs, car le groupe avait déjà été invité à faire les premières de «
Nightwish » en 2007 et en 2009. Autre élément à ajouter, et non des moindres, elles ont depuis signé chez
Nuclear Blast, pour assurer au groupe trop longtemps cloisonné dans le pays des lacs gelés, de s’extérioriser et d’attirer par leur charme des voyageurs en provenant du monde entier. À vous de franchir le cap, si quelque chose de plus suave vous tente. Il faudra amadouer 5 gardiennes, 5 porteuses de clef, pour qu’elles vous ouvrent leur jardin des délices, à moins que vous ne vouliez éterniser la conversation avec elles.
Le portique d’entrée n’est que luxuriance et volupté. « Islands of Light » nous offre tout son intensité enchanteresse, grâce à des mélodies symphoniques, puissantes et envoûtantes, au violon et au piano. Le chant d’oiseau de paradis de Jonsu parachève ce rendez-vous avec la beauté. Une voix remplie de malice, ravissante, presque chuchotée dans les couplets. Le refrain offre une ouverture permettant à l’oiseau de s’envoler dans un moment fort, où la tension augmente et devient ascensionnelle. L’aventure se poursuit sur des titres au son plus satiné, plus enveloppé comme «
Precious Dark », une chanson au piano, qui se laisse doucement effeuiller. Ou bien encore « Lilja’s
Lament » qui aurait pu devenir le morceau d’un grand film romantique. Jonsu adopte le chant des sirènes: sensuel et accueillant, nous incitant à nous désarmer de toutes nos contrariétés.
Un son plus moderne, tout aussi relaxant, et dans la meilleure fibre de la pop sur « In Passing ». Le chant est plus impétueux, épris de liberté et de joie de vivre. Ce qui va en contradiction avec «
Children of
Frost** », intrigant à plus d’un titre. Le chant est ici sournois. On sent presque une certaine cruauté infantile. Le refrain est tel un ilot fleuri au milieu de la brume. Un titre piège qui offre des sensations déboussolantes. Quelque chose de suffisamment élaboré et de séduisant pour être à la hauteur d’une grande formation.
«
Indica » offrira quelque chose de bien plus remontant dans une seconde partie. Et ça décoiffe sur les titres « Scissor Paper Rock » et « Straight and
Arrow » avec l'ajout d'un peu du tonnerre de la guitare électrique. Le chant accéléré reste excellent. Des passages exquis avec de bons petits riffs. Même si les chœurs et les refrains font rose bonbon, tout cela passe comme une souris dans une souricière. Une véritable petite perle qui se laisse facilement écouter.
La sensualité du début se prolongera avec « A Way Away » où Jonsu fera au milieu d’un halo de lumière, une démonstration vocale éblouissante, un grand moment de l’album. Cette voix sera prise de tristesse sur l’immaculé « Eerie
Eden », au rythme lent et délicat. Tout change et donne un air de parfait inconnu avec le très emballant « As If ». Les pulsations s’accélèrent, et nous voilà rendus en pleine course poursuite au milieu d’un désert. Les sonorités montent en volume, et un chant plus furieux s’imprègne alors d’une atmosphère qui semble échapper à tout contrôle.
Un titre plus abrupt pour finir, mais tout aussi brillant en efficacité. « Outside in » utilise de petits riffs continus de guitare avec un vif soutien de batterie. Le chant n’est plus ici que par à-coups, coupant ses phrases pour mieux se préparer au refrain qui prendra les airs à l’arrivée du piano.
La version limitée de l’album est plus adaptée aux curieux et à ceux qui ne connaîtraient pas encore cette formation. Cette version comporte un DVD bonus avec les clips de l’album, des lives, des sessions photos. Un moment de vrai régal, qui invite à s’y passionner plus longuement.
«
Indica » a tout pour devenir une future grosse pointure, même si l’on a bien du mal à définir le style, oscillant entre la pop et le metal symphonique. Doté de tous ses plus beaux atouts, l’œuvre risque d’encourager les gars à s’intéresser plus souvent à ce que font les filles, et aux filles d’enfin montrer aux mecs de quoi elles sont capables lorsqu’elles ont une gratte ou un micro entre les mains. Un album à la croisée des chemins. Une clef ouvrant à «
Indica » un nouveau destin.
18/20
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