Porté par son introductif et seyant EP 3 titres, «
Awakening », le quartet francilien né en 2017 sur les cendres de Nepenthys, sous l'impulsion commune de la parolière, chanteuse et harpiste Laurène Telennaria et du compositeur, guitariste, claviériste et arrangeur Brice Druhet, avec les précieux apports du bassiste Julien Lancelot et du batteur Jean-Yves Châteaux (
Hatred Dusk (live), ex-
Dawn Blood, ex-Friend Of
Misery, ex-
Mortuary), revient prestement dans les rangs. Et ce, muni de son premier album full length dénommé «
A Way » ; galette de 8 pistes inédites égrainées sur un ruban auditif de 43 optimales minutes, qu'une année seule sépare de sa laconique aînée, et signée, cette fois, chez le puissant label français M & O Music. Il semble que nos valeureux gladiateurs soient dorénavant plus efficacement armés pour opposer une farouche résistance face à leurs concurrents, toujours plus nombreux à affluer dans cette foisonnante arène metal. Qu'à cela ne tienne...
Restés fidèles à leurs fondamentaux stylistiques, nos inspirés compères nous immergent à nouveau dans un univers metal mélodico-symphonique aux relents folk, heavy et power, évoquant tour à tour
Delain,
Nightwish,
Midnattsol,
Lyriel,
Lunatica,
Ancient Bards, Blackmore's
Night et
Coronatus, la touche personnelle en prime. Disséminant de grisantes lignes mélodiques assorties d'une technicité instrumentale faisant montre d'une confondante maîtrise, tout en nous plongeant au cœur d'authentiques sonorités, cette nouvelle offrande témoigne également d'une actualisation de leurs arpèges d'accords, non sans quelques prises de risques inscrites au cahier des charges. De plus, cet opus jouit, tout comme son devancier, d'une production d'ensemble de bonne facture, à commencer par une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut et un mixage parfaitement équilibré entre lignes de chant et instrumentation. Mais embarquons plutôt à bord du navire pour une traversée, espérons-le, riche en émotions...
Le plus clair de la traversée s'effectuera sur une mer houleuse, avec, pour effet, d'aspirer le tympan du chaland d'un claquement de doigts. Ainsi, passée la brève, cinématique et enchanteresse entame instrumentale «
A Way », les éléments ne sauraient tarder à se déchaîner. Ce qu'atteste son voisin de bobine, « A Brand New World », vibrant up tempo heavy symphonique à la confluence entre
Delain et
Lunatica. Sous couvert d'arrangements de bon aloi et doté d'un refrain catchy mis en exergue par les limpides inflexions de la sirène, ce chavirant effort ne se quittera qu'à regret. Dans cette énergie, on ne saurait davantage éluder le ''delainien'' «
Home » eu égard à son infiltrant cheminement d'harmoniques et à ses enchaînements intra piste des plus sécurisants. A mi-chemin entre
Nightwish,
Coronatus et
Ancient Bards, l'up tempo power symphonique gothique « The
Devil & the Impudent », quant à lui, essaime ses riffs acérés parallèlement à l'ensorcelant doigté de la harpiste et à de truculents gimmicks guitaristes. Et la sauce prend, là encore.
Dans une orientation plus volontiers folk, le propos ne s'avérera guère moins poignant, la troupe parvenant alors à nous rallier à sa cause, une fois encore. Ce qu'illustre « Annwvyn », rayonnant mid/up tempo folk symphonique aux riffs crochetés, où une envoûtante et libertaire cornemuse vient s'inviter à la danse. Au carrefour de
Coronatus et
Lyriel, glissant le long d'une radieuse rivière mélodique sur laquelle se greffent les cristallines volutes de la déesse, et disséminant ses variations rythmiques et atmosphériques à l'envi, ce jovial méfait joue dans la catégorie des hits en puissance aptes à faire plier l'échine à plus d'une âme rétive.
Comme son précédent opus nous y avait sensibilisés, c'est à l'aune de ses amples pièces en actes que la troupe serait au faîte de son art. Aussi, c'est d'un battement de cils que les sémillants arpèges inhérents aux quelque 8:35 minutes du mid tempo progressif « The Clansman » happeront le pavillon du chaland. Ainsi s'esquisse une somptueuse revisite de l'un des titres du onzième album studio, « Virtual XI », du groupe de heavy metal britannique Iron Maiden. Prenant ici une inattendue coloration symphonique folk tout en conservant l'énergie rythmique originelle, introduite par le son hypnotique d'une harpe enchantée, laissant également entrevoir les troublantes modulations de la princesse, et livrant un flamboyant solo de guitare à mi-parcours, cette reprise n'aura pas tari d'armes effilées pour asseoir sa défense. Et comment ne pas se sentir transporté par les délectables séries de notes inscrites dans l'adn de «
Blood Ties » ? Nous menant alors en terre de légende, cette fresque épique, un brin romanesque, que n'auraient reniée ni
Nightwish, ni
Leaves' Eyes, déploie fièrement ses 10:16 minutes d'un spectacle abondant en coups de théâtre et mis en habits de lumière par les poignantes envolées lyriques de la diva. Chapeau bas.
Si nos acolytes ne nous octroient pas l'once d'une ballade, ils nous réservent toutefois un espace instrumental des plus apaisants et non des moins magnétiques en fin de parcours. Ainsi, les 3 minutes du titre bonus, « The
Devil from a Brand New World », nous immergent dans un bain orchestral aux doux remous, sur fond d'ondulantes et soyeuses nappes synthétiques coalisées à de pénétrantes oscillations à la harpe. Ce faisant, l'a-rythmique et cinématique offrande se greffe sur un gracieux et troublant paysage de notes, propice au total enivrement de nos sens.
Pour son retour, le collectif francilien nous octroie un propos aussi troublant qu'enjoué, diversifié et équilibré quant aux exercices de style investis, témoignant parallèlement d'une ingénierie du son plutôt soignée et d'une plume au trait affiné. D'aucuns auraient cependant souhaité l'une ou l'autre ballade et/ou duo en voix claire et/ou de contraste pour se sustenter. De relatives carences toutefois compensées par la quasi absence de zones de remplissage ou de baisses de régime ; état de fait nous intimant de poursuivre la traversée jusqu'à son terme. Quelques prises de risques consenties, une digestion désormais effective de leurs sources d'influence, des sentes mélodiques un poil plus efficaces, sans omettre l'heureuse fusion de styles, viennent compléter le tableau. C'est dire qu'à l'aune de cette œuvre palpitante, d'une confondante délicatesse et à l'heureux dénouement, nos quatre mousquetaires disposeraient-là d'un arsenal esthétique et technique suffisant pour se hisser parmi les valeurs montantes de ce registre metal. Wait and see...
Note : 15,5/20
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