Depuis la sortie, en 2018, d'un galvanisant « A Fény Nyomában », son 3ème album full length, les événements se sont succédé à la vitesse grand V pour le combo hongrois. S'ensuivra une kyrielle de concerts en 2018 et 2019, pour l'heure, exclusivement dispensés sur la scène metal locale. Et ce, parallèlement à la réalisation du single « Jégvilág » (« Flower of
Frost** » dans sa version anglaise), titre inséré dans son quatrième et présent opus de longue durée intitulé «
A New Dawn Awaits » ; une galette généreuse de ses 63 minutes signée, tout comme ses aînées, chez le puissant label hongrois Nail Records. Un an à peine séparant ce méfait de son prédécesseur, nous octroyant dès lors un set de 14 chansons, dont certains titres emblématiques de son vaste répertoire, adaptés pour l'occasion dans la langue de Shakespeare (versions d'origine précisées entre parenthèses), rendant ainsi son message musical accessible au plus grand nombre, on comprend que le groupe, créé voilà déjà huit ans par le compositeur et claviériste
Attila Ádám, souhaite désormais porter l'estocade...
Dans ce dessein, le quintet du précédent effort (Ivett Dudás, en qualité de frontwoman ;
Attila Ádám, aux claviers ; Tamás Ribarics, à la guitare ;
Attila Németh, à la basse ; Róbert Pálosi, à la batterie) se voit renforcé par l'arrivée de l'expérimenté guitariste Krisztián
Varga (
Ann My Guard, Tribute To Remain, ex-
Niburta, ex-
Salvus) dans ses rangs. De cette fraîche collaboration émane une œuvre rock'n'metal mélodico-ymphonique gothique aux relents power, dans la lignée atmosphérique de « A Fény Nyomában », continuant de marcher sur les pas de
Delain,
Xandria,
Diabulus In Musica,
Sirenia et
Ancient Bards, la touche personnelle en prime. Enregistré et mixé par
Attila Ádám, avec le concours du vocaliste/programmeur Péter Schrott (Continoom, ex-
Tuzmadar) pour les lignes de chant, et mastérisé par le guitariste/claviériste et vocaliste allemand
Sebastian Levermann (
Orden Ogan), connu pour avoir oeuvré pour
Magica,
Mob Rules,
Rhapsody Of Fire, entre autres, ce quatrième effort jouit d'une ingénierie du son rutilante, autorisant l'écoute d'un seul tenant de l'opulente et luxuriante livraison. Mais montons plutôt à bord du vaisseau amiral...
Comme il nous y avait déjà sensibilisés, le collectif hongrois n'aura de cesse de sculpter au scalpel ces arpèges d'accords qui longtemps continueront de galoper dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le pavillon, à commencer par ses passages les plus éruptifs. Ainsi, c'est d'un battement de cils que le refrain catchy de l'impulsif et ''delainien'' «
Torn Apart » (« Törd Szét ») essaimera ses effets. Mis en exergue par les troublantes inflexions de la sirène, ici apparentées à celles de
Charlotte Wessels (
Delain), ce mid/up tempo power symphonique aux riffs épais que vient compléter un fringant solo de guitare joue dans la catégorie des hits en puissance. Dans cette mouvance, on retiendra également « Shelterless Soul », dévorante et radieuse ogive à mi-chemin entre
Ancient Bards et
Sirenia. Conjuguant habilement un parterre power symphonique et une touche folk, le fringant manifeste revêt, par ailleurs, une magnétique couverture oratoire.
Sur un même modus operandi, moins directement orientées vers les charts, d'autres pistes n'en trouveront pas moins un débouché favorable auprès de l'aficionado du genre. Ce qu'atteste, d'une part, «
Dreaming Again » (« Álmodd Ujra »), frondeur méfait à la confluence de
Delain et
Ancient Bards. S'écoulant le long d'une souriante rivière mélodique, recelant de délicats arpèges au piano et enjolivée par les suaves patines de la belle, la tonique offrande se plaît à multiplier les montées en puissance de son dispositif instrumental et ses changements de tonalité. Et la sauce prend, une fois de plus. D'autre part, au carrefour de
Diabulus In Musica et
Ancient Bards, au regard de leur riffing crocheté doublé d'un léger mais inaltérable tapping, le vitaminé « Rebellious Soul » tout comme l'échevelant « Wasted » (« Elveszett Magam ») et l'élégant « Eye of the
Storm » (« Lélekvihar ») ne lâcheront pas leur proie d'un iota.
Dans une orientation rock'n'metal symphonique classique, le message musical délivré n'y perdra ni en intensité ni en impact émotionnel, loin s'en faut. Ce qu'illustre « Miracle of Mine », ''xandrien'', pulsionnel, un brin orientalisant up tempo aux ondulants gimmicks guitaristiques et réservant de saisissantes accélérations du dispositif orchestral. Mise en habits de lumière par les limpides volutes de la déesse, cette tubesque offrande jouit également d'arrangements d'excellente facture et d'enchaînements couplets/refrains des plus sécurisés. Dans cette énergie, tant l'infiltrant cheminement d'harmoniques que l'ensorcelant filet mélodique exhalant des entrailles des enjoués et ''siréniens'' «
Winds Will Rise » (« A Szél Feltámad » et « The
Life I Had » (« Emlékezz az Eletre ») auront raison des résistances les plus tenaces. Et comment passer sous silence « Delusion » (« Káprázat »), hypnotique effort pop metal symphonique aux enchaînements et aux montées en régime d'une redoutable efficacité, emmené par une frontwoman faisant danser ses notes à l'envi ?
Quand le convoi instrumental ralentit un tantinet sa course, nos acolytes révèlent d'aussi séduisants atours, à commencer par leurs radieuses séries d'accords, susceptibles de nous assigner à résidence. Aussi, eu égard à son refrain immersif à souhait mis à l'honneur par le gracile filet de voix de la princesse et sous couvert de fines nuances mélodiques, le ''delainien'' mid tempo « Halls of Peace » aura peu de chances de rater sa cible.
Lorsqu'il nous immerge au cœur d'intimistes espaces, le combo est-européen n'aura pas davantage tari d'inspiration, nous adressant par là même ses mots bleus les plus sensibles. Ainsi, on ne mettra qu'une poignée de secondes pour se voir gagné par l'émotion sous le joug des accords ouatés émanant de «
Out of Reach » (« Az Elérhetetlen »), ballade romantique jusqu'au bout des ongles. Sous-tendu par un aérien slide à la guitare acoustique, offrant d'inattendues variations rythmiques et atmosphériques, et mis en habit de soie par les fluides et félines modulations de la maîtresse de cérémonie, l'instant privilégié ne se quittera qu'avec l'indicible espoir d'y revenir sitôt l'ultime mesure envolée, histoire de goûter à nouveau à cet enchanteur paysage de notes. Quant à l'atmosphérique et ''nightwishienne'' ballade « Flower of
Frost*** » (« Jégvilág »), à la lueur de son fin picking corroborant les angéliques oscillations d'une interprète que l'on croirait volontiers touchée par la grâce, elle fera frissonner plus d'un cœur en bataille.
A l'issue de notre parcours, un doux sentiment de plénitude nous gagne, le fringant, pléthorique et propret effort nous poussant dès lors à une remise en selle sitôt les dernières mesures envolées. Bien plus qu'une simple compilation, cette quatrième offrande harmonise quelques titres phares du répertoire du groupe, cette fois dispensés en anglais, et d'inédites et seyantes compositions. Varié sur les plans atmosphérique et rythmique, il serait toutefois souhaitable que le combo insère l'une ou l'autre joute oratoire, fresque et/ou instrumental, dans son projet ; des armes supplémentaires, souvent requises par le chaland, susceptibles de jeter un pavé dans la mare. A la tête d'un arsenal technique et esthétique digne des cadors du genre, développant un propos désormais plus personnel, il semble que l'heure soit venue pour le sextet hongrois d'essaimer ses gammes bien au-delà des confins de sa terre natale. Bref, un heureux trait d'union entre les notes d'hier et les mots d'aujourd'hui, comme pour mieux préparer l'avenir...
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