Liste des groupes Deathcore As They Burn A New Area for Our Plagues

Depuis leur formation en 2007, les jeunes Parisiens d’As They Burn ont fait leur bout de chemin très très (très) rapidement. Je ne sais absolument pas comment ils s’y prennent mais dès qu’il y a une grosse date sur Paris, elle est pour eux. Ils se sont donc immiscés en premières parties de Walls Of Jericho, Salt The Wound, The Arrs, Burning Skies, War From A Harlots Mouth ou encore Despised Icon. Rien que ça. Le public est jeune, le public aime le deathcore, le public aime quand c’est lourd à en faire vibrer le sol, il aime les beatdowns et les riffs saccadés. As They Burn vont donc les satisfaire avec bon nombre de dates et quelques titres sur leur page myspace.

Décidés à enregistrer leur premier EP, ils le sortent hélas avec pertes et fracas. Alors que le groupe s’est bien fait connaitre et qu’il prépare son premier album, l’EP annoncé est sans cesse retardé (plus d’un an). Les fans s’impatientent de plus belle, rien ne vient, les dates sont éphémères. Était-ce un canular, une vantardise imaginaire ? Non, le CD sort bel et bien en octobre 2009 avec cinq titres et une intro. Enregistré, mixé et masterisé au Groovy Studio par Andrew Guillotin (The Bridal Procession, The Arrs, Onesta), le son est incroyablement précis, net, détaillant chaque instrument avec une minutie alarmante. Bref, le bon son est présent.

La pochette est sincèrement très belle, s’appuyant sur l’apocalypse photoshopée. La cover est à l’image de l’intro, plutôt glauque, mélange progressif de tintements sordides et de nappes mélodiques pour s’ouvrir en fond sur le début du titre suivant, "A New Area for Our Plagues".

Le titre éponyme annonce la couleur : ça sera du lourd. Par lourd, j’entends une atmosphère pesante et posée, faite d’une rythmique chargée et de riffs aigus similaires. Ajoutez-y quelques passages légèrement hardcore sur les bords et une ambiance constamment sordide et vous obtenez un morceau long mais sympathiquement bien structuré. Rien de surprenant derrière les tomes, le batteur se contentant de marteler simplement mais efficacement afin d’appuyer la rythmique. Ne vous attendez donc pas à des blast-beats fracassants ou de la double-pédale frénétique. Le son extrêmement professionnel ajoute un plus à la production, chaque instrument étant bien mis en avant, notamment la basse, primordiale dans ce type de riffs lourds à souhait. La voix est quant à elle principalement grave, écorchée, granuleuse, teintée de quelques screams medium et d’une ou deux phrases scandée en voix dite "normale". Pas de chant clair, pas de refrain mielleux ; vous voilà avertis.

Le morceau suivant accélère quelque peu le rythme. Un tintement de cloche et c’est reparti : riffs lents en demi-teinte, aux sonorités tantôt death metal tantôt hardcore rapides. "Believe in Disgust" est d’ailleurs sûrement le meilleur titre de l’EP, ne faiblissant jamais, apportant suffisamment d’éléments sonores agressifs pour rester bien éveillés. Entre la dissonance contrôlée, le semi-beatdown et le final mélodique, on en a pour notre argent : le headbang est donc de mise pour ce morceau. Et ça continue de plus belle avec "Words of Betrayers", qui poursuit sur la lancée mélo-glauque avec précision et engouement.

Arrivé au quatrième titre, on commence à ressentir hélas une petite lassitude face à la monotonie du style. Mais le plus surprenant, c’est cette cassure avec le style amorcé : l’accélération de tempo sur les deux derniers morceaux fait que l’on s’y perd un peu. Les deux derniers titres ressemblent donc à du bon vieux JFAC avec ses pig squeals incessants, ses moshparts fracassantes, ses riffs mélo-metalcore, ses mini-sweepings purement associés au deathcore, etc… On est donc en droit de penser que la fin du disque tient du premier son du groupe qui, contrairement au début, ne se contentait que de servir de la sauce deathcore à la mode mais de façon bigrement efficace.

Au final, As They Burn livrent un premier EP tout à fait convenable, au son et à l’artwork exemplaires, mais qui dévoile deux styles assez distincts : l’un étant du deathcore classique mais efficace, l’autre une approche plus personnelle et plus adulte, misant sur les ambiances et la lourdeur des riffs. Un premier EP inégal donc, auquel il manque un zest de puissance qui pourrait booster tout ça et rendre le tout nettement plus accrocheur. Le choix est entre leurs mains pour le prochain disque qui sera tout simplement leur premier album.