A Gap Between Birth and Death

Liste des groupes Doom Gothique Mortalium A Gap Between Birth and Death
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15/20
Nom du groupe Mortalium
Nom de l'album A Gap Between Birth and Death
Type Album
Date de parution 03 Avril 2013
Style MusicalDoom Gothique
Membres possèdant cet album2

Tracklist

1. When I Decide to Die 06:30
2. Frozen Night 03:20
3. Perfect Shelter 05:30
4. Discrepancy 04:01
5. Funeral of All Hopes 05:49
6. Prophet 02:50
7. Unaccepted 04:38
8. Life Suddenly Ends 04:03
9. Lullaby 04:55
10. My Stillborn Child 05:02
Total playing time 46:38

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Mortalium


Chronique @ ericb4

01 Juillet 2016

Une première étincelle qui en laisse présager d'autres...

Revenu dans les rangs, après trois années d'un intense labeur en studio comme sur le scène locale, le quintet ukrainien originaire de Kharkov entend bien faire valoir ses gammes et ses arpèges plus que ne les avait insufflés leur premier et modeste effort « On the Broken Wings ». Toujours décidé à faire douter ses homologues, tels le quintet russe Aut Mori, voire l'expérimenté Amederia, le combo continue à évoluer dans un doom gothique évanescent, parfois tonique, voire heavy ou progressif, cette fois à l'instar d'un roboratif album full length, à nouveau produit et distribué par le label Siore Immelstorn Records. On y découvre 10 pistes inédites déroulées successivement sur un ruban auditif de trois quarts d'heure octroyées par les trois cofondateurs Maria Nosyk (chant, guitare), Yaroslav Badradinov (chant, claviers) et Sergey Yukhnov (basse) et leurs deux jeunes acolytes.

Un constat s'observe d'entrée de jeu eu égard à la logistique et à la production d'ensemble du méfait : la qualité de l'enregistrement, gommant quelques irrégularités perceptibles sur leur introductif EP ; un mixage plus affuté, autorisant un meilleur partage de l'espace sonore entre instrumentation et lignes de chant et des enchaînements inter pistes bien plus sereins. Une mise en valeur essentielle du skeud pour apprécier ce chapelet de plages, dès lors dépoussiérées de toute impureté, renvoyant à des compositions techniquement plus abouties, à l'ambiance profonde, épaissie de mystères, et mélodiquement mieux dessinées. On y décèle encore l'empreinte atmosphérique de Solisia et les phases de chant d'Unshine, tout en redécouvrant un groupe ayant pris soin de personnaliser son propos et d'affiner ses harmoniques. Le temps de la maturité aidant, on sent que le collectif a relevé d'un cran le niveau d'exigence relatif à ses travaux. A commencer par l'artwork de la jaquette, empreinte de tonalités sobres accentuées par une lumière blafarde, symbolisant le passage de la naissance à la mort, avec comme fil conducteur l'horloge de la vie, où chaque seconde s'égraine pour conduire inexorablement chaque être humaine vers sa funeste destinée.

Le groupe a opté pour une diversité des plans rythmiques pour assoir son propos, avec quelques belles réussites à la clé. Tout d'abord, les passages les plus agressifs n'ont pas manqué à l'appel. Ainsi, le féroce et entraînant « Frozen Night », dans le sillage atmosphérique de Solisia, assène ses riffs corrosifs et vitaminés adjoints à une section rythmique fulminante, incandescent parterre instrumental d'où s'extirpe une lead guitare rugissante. Dans cette mouvance, le schéma de la belle et la bête est respecté, la reptilienne créature n'étant jamais bien loin de sa douce, pour une brève ritournelle. De son côté, d'obédience heavy gothique, « Perfect Shelter » nous lance ses riffs meurtrissants sans concessions, ses blasts tonitruants, sur fond de double caisse sanguinolente et d'une basse vrombissante. Les arrangements investis, de par les sinuosités organiques qui en émanent, distillent une atmosphère lugubre de champ dévasté, témoignant d'une violente onde de choc. Cette fois, les lignes de chant semblent un peu noyées dans cette torpeur, la partie féminine s'avérant éminemment poussive, suivant de plus un tracé mélodique lunaire et répétitif. Sinon, d'inaltérables et ondulantes nappes synthétiques insérées dans une mordante trame rythmique nous conduisent dans les tréfonds de « Discrepancy », évanescente piste doom gothique à la rythmique pachydermique et aux riffs lipidiques et mitrailleurs. Non sans évoquer Unshine, la sirène déploie ses claires inflexions, offrant un supplément d'âme à un morceau au climat résolument visqueux, renforcé par les modularités du serpent organique.

Le combo a également veillé à ralentir la fréquence de ses frappes sans y perdre en densité rythmique. Ainsi, un riffing épais enserre une rythmique plombante quasi mortifère sur « When I Decide to Die », mid tempo obscur, tourmenté, parfois déroutant et techniquement complexe. Des growls caverneux émergent des entrailles de la Terre qui, peu à peu, se fendille et finit par céder sous les coups de serpe répétés de la vénéneuse créature, alternant avec le gracile filet oratoire de miss Maria. L'effet de contraste est sauvegardé bien qu'on aurait souhaité davantage de joutes vocales inscrites dans les portées de cette spectrale partition.

Par ailleurs, une touche progressive parsème la galette, et ce, de différentes manières. D'une part, l'abyssale entame nous mène droit au corps de l'énigmatique « Funeral of All Hopes », mid tempo plombant et progressif au tapping martelant et effilé, sous-tendu par des riffs écorchés vif. Les cris déchirants de la demoiselle, alternant avec moult impulsions dans les médiums, renseignent sur les diaboliques intentions du mécréant instant, engloutissant sans distinction toutes les âmes en son sein. Dans ce décor apocalyptique, l'embardée orchestrale de fin apporte une touche de flamboyance progressive, l'acte se refermant par quelques notes échappées d'un orgue martial. Fascinant et glacial à la fois, l'indifférence est loin d'être de mise sur ce titre. D'autre part, sur un tempo plus soft, la ballade progressive « Lullaby », dans le sillage d'Unshine, avec un zeste de Midnattsol, octroie de séduisants couplets sur fond de basse vrombissante et de riffs acides. Un violon virevoltant et larmoyant apporte une touche de romance à ce moment tamisé, infiltré avec grâce et prévenance par la princesse. Agréable pièce intimiste à défaut d'être imparable. On regrettera la répétibilité des séries d'accords en fin de parcours, bien que le dégradé de l'intensité sonore soit de nature à apaiser les tensions. Par ailleurs, l'offensif et progressif « Life Suddenly Ends » octroie un riffing en tirs en rafale sur fond de rythmique ample et martelante. D'ardents blasts abondent, alternant avec de mystérieux gimmicks à la lead guitare, l'ensemble instrumental nous époumonant littéralement en bout de course. Pour sa part, la ligne de chant nous donne cependant davantage l'impression d'une artificielle superposition à l'architecture du morceau qu'une naturelle incorporation dans la mouture de base.

Sinon, on découvre une autre facette de l'oeuvre de ce cortège, à savoir la touche folk. Aussi, le ronchonnant « Prophet », aux accents orientalisants, livre une rythmique massive étreinte de riffs dégoulinants et d'une régularité métronomique. Dans une ambiance roots, cette brève piste dominée par des growls d'une confondante ampleur, semblant venus du fond des âges, laisse déambuler des choeurs en voix claire, en contre-point. Quand authenticité rime avec harmonie des formes.

Enfin, la troupe a orienté certains passages vers une riche palette de contrastes. La bête sortie de sa tanière nous accueille sur « Unaccepted », intrigante pièce doom gothique basée sur d'intéressants effets de relief : La déesse par ses frêles trémolos vient se frotter aux coups de griffes de la ténébreuse créature, tout comme les délicats et libertaires arpèges d'un piano évoluant dans un champ rythmique aussi poignant qu'insécurisant. De soudaines accélérations de la fréquence de frappe du champ percussif interpellent, l'acte finissant crescendo.

Au final, on (re)découvre un groupe qui a pris soin de faire évoluer son message musical, témoignant d'une certaine aisance dans les schèmes rythmiques et atmosphériques dispensés. On décèle encore quelques carences en matière de finitions, certaines longueurs et répétitions ainsi que des lignes de chant parfois en retrait du champ acoustique. Mais le groupe a le mérité d'être resté fidèle à son style doom tout en l'ayant étoffé d'emprunts à des courants et des genres alternatifs. Dans l'ensemble, le méfait tient la route, si ce n'est le low tempo « My Stillborn Child » nous embourbant dans des marécages hostiles, à l'instar d'une atmosphère crépusculaire inondant la plage de bout en bout. Sinistre par son climat, terne par son cheminement mélodique, plat par ses lignes de chant, ce morceau constitue le bémol de cette offrande. Passée cette monocorde outro, l'amateur de doom gothique à chant mixte pourra se laisser tenter par une écoute ou deux, pour le plaisir de la découverte, voire plus si affinités. Pour les plus persévérants, ils y trouveront sans nul doute matière à les retenir. On attend dès lors confirmation de cette première étincelle par un second opus de longue durée.

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